« Ta chambre… Tu répètes bêtement en essayant de bouger la tête pour reconnaître la pièce, mais les ombres te font peur. Vega, on peut allumer une bougie ? »

Tu n’as jamais eu peur du noir, jusqu’à aujourd’hui. Tu ne sais pas dire si c’est l’effet des médicaments ou de ton cauchemar, si c’est la douleur ou la perte de repère, mais quelque chose te terrifie dans cette chambre trop sombre. Tu as beau la tenir, la sentir contre toi, entendre son coeur et son souffle, ça ne suffit pas Nahel. Tu veux la voir. Tu veux qu’en plus de la sentir par tous tes autres sens, elle emplisse ta vue aussi.

« Je n’y ai pas pensé… C’était pas si grave, un mauvais coup. Tu lui expliques en secouant la tête pour refuser qu’elle s’en veuille. J’aurais dû y penser, j’étais juste… Tu soupires, pour la tenir un peu plus contre toi. Quand c’est toi, je n’ai pas de limites. »

Tu m’étonnes. À chaque fois que tu t’énerves avec Vega, ça finit toujours de manière spectaculaire. Tu as fait bien des conneries quand elle est dans l’histoire. Tu t’es déjà battu pour elle. Tu t’es déjà mis plus bas que terre parce que tu l’avais blessé. Tu t’es juste arrangé pour ne pas qu’elle te voie ou ne sache qu’elle était la cause de tout ça. Tu as trop honte d’être fou d’elle alors qu’elle t’avait rejeté. Et maintenant…

Tu entends ses réponses, mais surtout ça vient se mélanger avec ce qu’elle t’a dit, ce qu’elle t’a demandé. Je t’aime. Elle te l’a dit, tu le sais. Et tu te rends compte qu’à l’époque où tu voulais sortir avec elle, t’es pas certain que tu aurais pu le dire non plus. Tu n’aimes plus, Nahel. Ceux que tu aimes sont morts. Les filles ne sont qu’un passe-temps. Vega est différente, mais tu ne peux pas le lui dire maintenant.

« Je te le dirai… Je te le dirai quand je pourrai me tenir droit et te regarder dans les yeux sans honte. Tu tâtonnes jusqu’à trouver sa joue, et tu la caresses avec tendresse. Tu ne mérites pas qu’on te dise ces mots-là en étant un sale type comme moi. Un jour, Vega… je viendrai et je te le dirai. Je te le jure. Je savais que je finirais pas le faire, mais ce soir tu m’as dit… tu as… Tu n’arrives pas à le dire, ça te terrasse d’émotions. Je le ferai, avant qu’un autre ne le fasse. »

Et tu bouges un peu pour te caler contre elle, pour poser des lèvres maladroites contre sa peau et tu te tais. Ton souffle reste difficile et douloureux, mais tu es tellement fatigué et douloureux que tu ne sais pas quoi rajouter. Tu veux juste continuer à être contre elle, jusqu’au jour où tu pourras la regarder comme un homme. Tu ne la laisseras aux mains de personne d’autre. Parole de Murawski.