Elle te répond, Azur, et toi tu es le genre de type qui provoque en réponse à l’insolence. C’est comme ça, c’est dans ton sang. Il suffit de voir les vacheries que tu peux dire quand tu as bu ou que t’es de mauvais poil. C’est une partie de toi que les gens ne finissent pas accepter, ou il te détestent tout en entier.

« Franchement, vu tes péripéties du jour, je n’y mettrai pas mal main à couper. »

C’est peut-être un chouya piquant, mais le sourire qui vient naître sur ton visage prouve que c’est bien là pour la taquiner et avoir le dernier mot que pour lui faire gratuitement du mal. D’ailleurs, tu finis par lui faire signe de venir et d'éclabousser une fois, avant de l’attraper par le bras pour recommencer. Et tu vois, tu es en train de jouer, et ça, c’est clairement mauvais signe. Il ne faut pas que tu relâches ta vigilance avec cette fille, tu le sens.

Et… tiens, tu es en train de rire qu’elle vient te prendre par surprise. Tu la retiens, tu lui bloques toute retraite et t’es justement en train de beaucoup trop t’amuser à gagner à la déloyale qu’elle vient rétablir l’équilibre. En deux pas elle est sur toi, ses mains agrippées à ton haut et toi, tu as juste le temps de voir son sourire et ses yeux trop prêt de toi. Tu… Oui, disons-le, tu phases complètement. L’instant suivant, tu fais plouf.

Tu es en train de te débattre pour ne pas boire la tasse dans ton rire et tu te redresses. Elle est déjà là pour t’aider et toi tu acceptes sa petite main sans chercher à te venger… pas tout de suite en tout cas. Tu ressors la tête de l’eau, en repoussant tes cheveux en arrière alors qu’elle te provoque.

« Plutôt bonne, tu avais raison ! Et tu souris à sa remarque suivante. Et bien oui, mais visiblement il va falloir que je revoie le comportement d'effronté de cette jeune fille ! »

Tu es déjà en train de revenir vers le bord du ruisseau. Tu retires tout l’équipement 3DM pour ne pas l'abîmer, et tu fais voler au passage ta veste et ton débardeur (qu’on se demande pas pourquoi tu traînes à moitié à poil en permanence chez toi, t’aimes être libre de tes mouvements) avant de revenir dans l’eau.

« Maintenant que je n’ai plus rien de valeur, je vais me faire un plaisir de te remettre à ta place. Viens-là, toi ! »

Et tu tends les mains vers elle pour l’attraper, mais tu te doutes bien qu’elle ne va pas se laisser faire trop facilement. Alors tout à coup tu changes de stratégie et tu viens pousser un maximum d’éclats d’eau sur elle pour, de un, la tremper, de deux l’aveugler, de trois avec un peu de chance, la faire tomber dans le ruisseau.

« Je devrais tester ça sur mes soldats désobéissants. Un passage dans le ruisseau froid ! Je leur dirai que c'est ton idée, au passage. Tu la taquines avec un grand sourire. »

On ne va pas se le cacher, tu n’es pas peu fière d’être parvenue à le tirer dans l’eau. Tu ris. Tu provoques, aussi. Mais tu ne manques pas à certains de tes devoirs en venant tout de même lui tendre une main secourable pour l’aider à se redresser dans l’eau. Tu te rends compte que tu as sans doute de la chance, ton Lieutenant à l’air d’être un homme relativement sympathique, et pas trop strict, tu te dis que si ça avait été le cas, il t’aurait sans doute envoyé au repos selon l’avis du médecin et ne serait de ce ne fait même pas ici, avec toi. C’est rassurant, tu sais. Parce que, oui, tu es jeune, et oui, ton manque d’expérience nécessite aussi que tu conserves un guide pour avancer, néanmoins, tu ne te serais pas sentie trop à l’aise de travailler avec quelqu’un de trop rigide …

Et tu recules encore d’un pas, Jude, pour l’observer, de loin, tandis qu’il se débarrasse de son équipement, de sa veste, de son débardeur. Et il se peut que pour le coup, tes yeux se mettent à se balader un peu sur ce torse entièrement tatoué, sur ces abdominaux bien dessinés, et sur ces bras. Tu restes silencieuse, mais il y a tout de même un petit sourire appréciateur qui se dessine sur tes lèvres, parce que, tu as beau être jeune, tu es tout de même en âge d’apprécier le corps d’un homme. D’ailleurs, tu es tellement occupée à l’observer que tu ne remarques que trop tard à quel point il s’est approché de toi, il n’a qu’à tendre les bras pour t’attraper, et tu le vois faire, si bien que tu es déjà prête à réagir, à faire un bond en arrière … Sauf qu’il ne vient pas de front. A la place, il se remet à t’arroser, et les giclées d’eau t’empêches d’y voir quoi que ce soit tant tu es occupée à te débattre, et à te protéger des gouttes froides. Heureusement, tu vois, tu as de l’équilibre, et si tu penses plusieurs fois basculer dans l’eau, surprise par les galets sous tes pieds, tu tiens bon. Tu te mets même à l’arroser à ton tour, tu agites les pieds, tu lui envoies à ton tour de grandes giclées … Et c’est tandis que tu remarques qu’il essaie à son tour d’éviter l’eau que tu te lances.

Il lui a suffit de se tourner, rien qu’un petit peu pour que tu bouges. Tu ne réfléchis même pas lorsque tu t’amuses autant, en fait, tu as probablement déjà oublié qui tu avais en face de toi, si bien que tu lui fonces dessus à nouveau, et d’un bon, tu viens te hisser dans son dos. Tes bras autour de son cou, tes jambes enroulées autour de ses hanches, tu finis par glisser la tête par-dessus son épaule. « Pour l’instant, c’est toujours moi qui gagne Lieutenant ! »

Tu es beaucoup trop pris au jeu, Azur, tu n’arrives même pas à te rendre compte que ça va finir par mal tourner. Tu devrais le savoir, t’en rendre compte. C’est une des choses qui est potentielle, tu te connais et tu vois bien que la jeune femme en face n’a pas de limite. Mais tu t’amuses et ça fait si longtemps que tu n’as pas eu un moment aussi léger, sans arrière-pensée, sans souvenirs douloureux que tu te laisses entraîner par elle.

Et si tu éclabousses pour la faire tomber tu n’arrives pas à grand-chose. En faite, tu provoques surtout des réponses encore plus mouillées et instinctivement, comme si c’était une véritable attaque, tu te tournes un peu pour ne pas mettre tes yeux en danger et… elle en profite. Elle est vive et quand elle s’agrippe à toi, à ton dos tu es surpris, tu glisses un peu, mais tu ne tombes pas. Par contre quand elle vient passer sa tête par-dessus ton épaule et que tu ne peux la voir que d’un oeil, tu grognes :

« Mais ce n’est pas possible ça, tu es un véritable koala toi ! Laisse-moi donc t’attraper, je te promets que tu vas prendre un sacré bain. »

Et tu vois t’essaies de l’attraper, mais à chaque fois tes mains glissent sur elle sans réussir à attraper quelque chose sur lequel tu peux tirer sans risque. T’y arrives pas, elle est sacrément bien accrochée et tu souffles de plus en plus parce que si ça t’amuse, tu es en train de prendre un peu plus le jeu à coeur, alors tu t’acharnes, et tu ne te rends probablement pas compte que tes mains parfois viennent se poser là où ne faudrait pas.

« Tu es collante dis donc ! Tu grognes en t’attaquant à elle d’une autre manière. Mais tu dois avoir un point faible, comme tout le monde ! »

Et tu sais ce que tu fais ? Te voilà à agripper sa cheville d’une main et de l’autre tu viens la chatouiller avec toute la douceur que tu peux dans les doigts pour que ça marche. De toute façon, c’est soit ça, soit tu vas finir par te jeter dans le ruisseau, entièrement, pour la tremper en même temps que toi. Mais avant d’arriver à cette solution brutale, tu cherches quand même son point faible !

Tu t’accroches à lui, de toute tes petites forces, Jude. Et tu vois, tu es toujours largement assez aveuglée par l’amusement pour ne pas songer au fait que vous êtes tous les deux en petite tenue, et que t’es accrochée à son dos d’une manière … vachement familière, disons. Il essaie de t’attraper, de te faire descendre de là, tu sens ses mains, qui parfois effleurent tes cuisses, remontent relativement haut, mais tu ne réagis pas. Tu ris. Tu t’accroches. Tu fais en sorte de tenir bon, pour au moins remporter cette victoire. Cela dit, à un moment, il se met à te chatouiller ça, tu vois, c’est probablement l’une de tes plus grosses faiblesses. Il y a des points sur ton corps qu’il te suffit d’effleurer pour que tu partes au quart de tour, et heureusement pour toi, il ne les connait pas. Il te faut de gros efforts pour rester fixée à son dos, mais tu y parviens, et quand tu te sens faiblir un peu, te voilà à faire peser tout ton poids vers l’arrière, tu tires sur ses épaules, en te penchant dans le vide, sans peur, pour tenter de le faire chuter, en vain. Ça ne marche pas. Ton Lieutenant est solide, et finalement … ça te plait.

Du coup, tu cesses subitement de bouger, de t’agiter et de te débattre. A la place, tu te hisses un peu mieux sur son dos, et tu ressers tes jambes autour de lui pour t’installer plus confortablement encore. Enfin, tu viens poser ton menton contre son épaule, en souriant, et tu penches doucement la tête pour l’observer sous cet angle tout nouveau, et qui ne sera pas si souvent accessible, tu t’en doutes. « Visiblement, vous avez du mal à trouver mon point faible. » Que tu murmures tout doucement, non loin de son oreille. Tu es terrible jeune fille, parce que, tu sais pourtant, qu’on ne fait pas ce genre de chose avec son supérieur, d’ailleurs, s’il venait à te repousser, te rejeter, et même te faire la morale, tu sais que tu ne pourrais pas mal le prendre parce que tu dépasses largement les limites. Néanmoins, pour le moment, il semble te permettre de l’approcher plus près que jamais, et toi, tu restes là. Tu te reposes sur son dos, et tu prends même l’audace de tourner la tête, et d’accoler ta joue à sa peau, en soufflant légèrement contre son cou. « En attendant que vous trouviez une méthode plus efficace … je vais rester là. Je suis bien moi, ici. »

Franchement tu espérais bien réussir à la faire craquer par les chatouilles. Aux dernières nouvelles, tu étais plutôt conscient que la majorité des filles que tu as pu ne supportaient pas ça, surtout sous les pieds. Pourtant elle se débat, elle ne tombe pas et elle s’accroche même un peu mieux. Et toi, mon vieux, tu es en train de lutter avec une gamine de dix-huit ans qui, si elle n’est pas forte physiquement, et sacrément agile et te pose un gros souci dans le dos. Elle n’arrivera pas à te faire tomber, c’est une chose, mais plus tu la laisses s’accrocher, plus ton corps s’enflamme et dans un combat réel, plus tu te fatigues à essayer de l’avoir. Mine de rien, sa stratégie est bonne, elle pourra te battre quand tu seras à plat… sauf que vous ne combattez pas, vous jouez.

Et finalement elle se hisse un peu plus haut dans ton dos et quand tu sens son menton contre ton épaule, tu as une espèce de moment de… panique ? Enfin d’un truc qui te fige complètement dans la flotte. Elle parle dans ton oreille et ça déclenche des frissons absolument atroces le long de ton échine et de tes bras.

« Visiblement… Tu marmonnes, sans bouger alors qu’elle se bouge encore pour venir au plus prêt de ton visage. Ah ouais ? Alors ça te va que je te ramène dans cet état au QG ? Tu vas faire fureur ! »

Et si tu fais quelques pas pour sortir de la rivière, comme pour mettre à exécution ton plan en faite tu en profites surtout pour changer tout à coup de stratégie. Au dernier moment tu te penches, tes bras passent par-dessus ta tête et tu l’attrapes par son débardeur pour l’attirer par-dessus ton buste penché. Tu es vif, tes mains s’agrippent à ses flancs, et il te suffit de tirer un coup rapidement pour la faire basculer la première.

Et ça fait un gros plouf, mais tu vois, tu es beaucoup trop protecteur pour simplement la balancer à l’eau dans cette prise de catch. Alors tu accompagnes sa chute et tes mains se mélangent à l’eau et à elle pour la retenir dans son plongeon, en évitant surtout qu’elle vienne se cogner la tête dans les rochers au fond du ruisseau.

« Et voilà le travail mademoiselle ! »

Tu te sens étrangement bien, là, en fait, accrochée à son dos. Tu te rends à peine compte que le contact avec sa peau à … quelque chose d’apaisant. Tu restes juste agrippée à lui, tranquillement, tu ne bouges plus, tu as cessé de t’agiter, et tu te laisses porter sans pour autant oublier de le provoquer un peu, sinon, ce n’est pas drôle, tu vois. Et tu as ce petit sourire, lorsqu’il évoque l’idée de te ramener comme ça. « Moi ça me va, je me fiche des autres. » Tu ne t’en es jamais soucier, en réalité. Tu as toujours fonctionné comme ça, petite fille. Tu prends ce que tu veux, et tu fais ce que tu veux, toi. Tant pis si ça ne plait pas aux autres, tant pis si les gens portent un jugement sur toi. Tu te fiches bien de leur avis. Tu n’es pas ce genre de fille qui se laisse intimider. Tu es capable de tout. Et tant pis pour le reste. C’est ta façon de penser.

Tu le laisses bouger, avancer, pendant un instant, tu penses réellement qu’il va te ramener à la berge comme ça, mais c’est sans compter sur ce qui te sembles être l’esprit de compétition de ton lieutenant. Parce que, tu le sens bientôt agripper ton débardeur, pour te faire basculer en avant. Tu émets un cri, sous la surprise, tandis que tu as l’impression de faire un véritable vol plané, avant de retomber dans l’eau. Il ne te jette pas sans ménagement, non. Il te retient, il veille à ce que tu ne te fasses pas mal, mais … quand tu te redresses un peu, que tu ouvres les yeux, tu te rends surtout compte que ton débardeur est remonté, qu’en fait, à tirer dessus pour te faire basculer, il est presque parvenu à te le retirer, et que ta poitrine est à l’air libre. Tu t’en fiches. Soyons clairs. En fait, tu te redresses simplement pour te remettre sur tes jambes, et tu te contentes de le remettre en place, pour le confort, mais aussi parce que tu n’iras pas jusqu’à te balader sciemment seins nus devant ton supérieur, un peu de sérieux. Néanmoins, pas le moindre signe de gêne chez toi. Rien. Tu lui souris, même, comme si rien n’était arrivé, et puis, tu soupires, avant de sortir de l’eau pour essorer tes longs cheveux. « Dire qu’elle avait dit pas de baignade non plus … » Et ça te fais rire, hein, mais quand même. Tu passes une main dans ton dos pour t’assurer que le pansement est toujours bien en place, et heureusement, c’est le cas. « Tout va bien, Lieutenant ? »

Ahhh enfin tu arrives à t’en dépêtrer. Tu ne sais pas si tu la prends par surprise ou si simplement t’aurais dû y penser dès le début, mais te voilà à l’attraper et la faire glisser par dessus toi. À la force tes bras, donc t’y vas pas de main morte, et c’est dans un sursaut de prévenance tu la retiens quand même, mais pendant quelques instants, mon vieux tu ne vois plus rien n’a part de l’eau et le corps de la gamine qui fait un gros plouf.

Le truc qui bloque c’est juste après. Un instant après. Une seconde après. OH PUTAIN. Ton cerveau grille et toi, tu oublies genre que tu es dans l’eau, qu’elle aurait se blesser, que Wrench lui a dit de pas se mouiller, que t’y es allé un peu fort… même que tu as gagné. Parce qu’en vrai tu te rends compte que tu l’as déshabillé. Et genre… bien. Assez pour dévoiler sa poitrine. Et elle se relève, elle rabaisse calmement son débardeur, mais c’est trop tard. Tu as cette vision incrustée dans la tête. Elle est belle. Elle est… parfaite, jusqu’à ce détail-là.

« Ah. J’avoue. Tu réponds en repartant subitement vers la berge, alors que tu as littéralement le corps qui boue. Tu passes une main dans tes cheveux pour les essorer, tu te secoues pour faire tomber les gouttes d’eau en trop et t’entends sa question. Oui, oui, j’ai gagné finalement, je suis content. Et bizarrement froid, distant. Mais assez jouer, il va falloir que je rentre, j’ai encore pas mal de paperasse à faire. »

Fuis, c’est ça. Fuis aussi vite que tu le peux. Parce que tu viens de te rendre compte que tu n’as pas vu une femme nue (ou presque) devant toi depuis la mort de ta femme. En plein jour s’entend. T’en as vu d’autres, de nuit, dans ton lit, ou dans l’ombre de ta chambre volet fermé. Et là ce que tu as vu, ou plutôt la réaction de ton corps, c’est en train de foutre le merdier dans ta petite tête de stupide mâle.

Tu remontes sur la pierre chercher ta veste et tes clopes et comme un forcené tu viens allumer une cigarette au coin de tes lèvres pour te calmer. Tu finis par arriver devant elle, et si tu poses le regard sur elle, un instant, tu finis par le détourner et simplement reprendre, d’une voix rapide.

« T’as pas à t’en faire pour l’évaluation du jour, j’ai eu les réponses que je voulais. Tu mérites largement ta place dans l’équipe. Tu ne tiens pas en place, maintenant tu es en train de te battre pour remettre tes chaussettes sur pieds humides et tes chaussures. Comme tous ceux de l’équipe, tu n’es pas obligé de me vouvoyer. Je m’en fiche, à vrai dire, je n’aime pas le vouvoiement hiérarchique, mais tu fais comme tu es à l’aise. Et tu peux m’appeler Azur. Sauf dans les moments où y’a des supérieurs avec nous, tu t’en doutes. Et tu finis de mettre ta deuxième chaussure. Tu peux prendre le temps de te sécher ok ? Je rentre avec Silver, et j’appelle la dresseuse. Et si je vois Wrench, je lui dirai de vérifier ton pansement. »

Tu prends vraiment, totalement et absolument la fuite, c’est ça. Si tu enfiles ton débardeur, tu poses l’équipement 3DM et ta veste sur l’encolure du cheval. Tu pourrais partir comme ça, tellement tu es au fond, mon vieux, mais tu arrives à sauver la façade en revenant à elle. Ta main se pose sur son épaule, tu te penches un peu vers elle et tu accroches le meilleur sourire possible sur tes lèvres.

« Bienvenue dans l’équipe Jude. »

Puis tu l’abandonnes, avec la tête pleine d’un merdier que tu vas aller noyer dans le sommeil, en espérant que ça te passe.