Elle rit… Habituellement tu es plutôt celui qui a du mal à accepter qu’on se moque de toi. Même quand tes collègues font une connerie (et bon on peut facilement dire que Zéphyr est celui qui en cumule le plus) tu ne traites jamais ça par l’humour. Tu grognes, tu louches sur eux. Alors la voir se mettre à rire aussi naturellement, ça te tire une expression un peu vexée sur les bords avant de céder, toi aussi, à l’amusement :

« Ça, ça moque toi tant qu’il est encore temps, ma petite plume ! »

Ouais, bon tu n’as pas trouvé meilleur surnom, pour l’instant. Tu la regardes un instant dans les yeux avant de la laisser le placer. Tu ne dis rien, même si dans le fond tu n’es pas le meilleur des perdants. Tu aurais presque envie de lui parler, de t’approcher pour la déconcentrer, mais tu te retiens et tu hoches la tête en voyant sa flèche ne toucher que le bord de la cible.

« C’est ça, tu es bien trop bonne pour moi, Alecto. Tu la taquines, tout à coup, tu n’as pas vraiment envie de perdre comme ça. J’espère que tu calculeras mieux, ensuite ! »

Tu la provoques, et Bon Dieu tu n’as pas souri si facilement depuis un moment. Finalement tu te dépêches d’aller reprendre un autre arc, à tester la corde pour ne pas qu’elle te claque entre les doigts encore une fois et tu reviennes. Tu prends une flèche, et cette fois-ci, tu tires moins fort sur la corde. Sûrement trop, parce que tu crains que ça ne casse hein. Et donc la flèche par, mais elle ne prend pas la courbe voulue et se sur le bord inférieur de la cible. Tu siffles entre tes dents, mécontent.

« Il faut vraiment qu’on entraîne nos soldats avec de meilleurs arcs que ceux-là… Mauvaise foi certaine, non ? Au moins j’ai touché… Tu te tournes vers elle, en boudant légèrement. Allez, met moi cette flèche au centre, pour rattraper le niveau, veux-tu ?! »

Parce que là, tu as subitement plus foi en elle qu’en toi.

C'est que ça ne commence pas fort, tout ça. Pourtant, tu étais prête à lui prouver que toi, au moins, tu pouvais la décocher ta flèche et, d'ailleurs, tu le fais. Par contre, le résultat est médiocre, ça touche, mais ça reste sur le bord et du coup, ça ne compte pas. Du coup, tu parades, évidemment, tu l'as fait exprès – vile menteuse – juste pour lui laisser sa chance, parce que, tu es bien trop bonne comme fille, hein Alecto. Ouais. C'est ça. Dans le fond, tu aurais préféré de loin l'impressionner et pouvoir carrément effectuer une petite danse de la victoire. Raté pour cette fois. Alors, c'est avec un œil clairement inquisiteur que tu l'observes pendant qu'il s'y remet avec un arc différent cette fois.

Et tu vois, la flèche part, c'est vrai, sauf que tu suis sa courbe lente et si elle touche effectivement la cible ce n'est guère plus brillant que ta précédente flèche à toi. Tu grimaces légèrement, parce que, pour le coup, il est un petit peu mal engagé ce concours improvisé. Bientôt, ça va se transformer au premier qui tire correctement et c'est presque frustrant. « Moi qui pensait que tu étais bon à ça … C'est pas toi qui parlait d'expérience, Nine ? » C'est ça continue de le provoquer. Et te voilà, à lui passer devant lentement pour retourner te mettre en place avec une deuxième flèche et cette fois, tu prends vraiment le temps pour y arriver. Tu es décidée à la toucher pour de vrai cette cible. Alors, tu recommences, même geste, et quelques secondes de plus avant de tirer. Et là, ça passe ! Elle n'est pas parfaitement au centre, c'est vrai, elle est pile entre le centre et le rebord mais ça te suffit, parce que tu viens de prendre l'avantage, maintenant. « Aah ! Et toc ! Est-ce que tu peux faire mieux que ça maintenant ? » Et tu sautilles et faisant quelques pas en arrière, le sourire aux lèvres tout en lui laissant la place et en le gratifiant même d'une petite révérence exagérée.

Elle est incroyable. Vraiment, Nine, plus tu la fréquentes, plus elle te bluffe à chaque fois. Parce qu’elle a un culot monstre, et qu’elle ment aussi bien qu’une vipère. Elle sait parfaitement te mener par le bout du nez. Et ça, ça devrait peut-être te faire un peu peur, mais au fond de toi, tu te rends compte que tu aimes. Ça te plait qu’elle ait les armes pour te faire tourner en bourrique.

« C’était pour faire comme toi, que crois-tu. Je préfère tirer juste sans casser la corde, tu vois ! Mais vas-y régale-moi ! »

Elle te provoque, tu en fais autant. Et quand elle se replace lentement, mon vieux, tu as ce léger sourire sur les lèvres. Ce n’est plus de la moquerie ou de l’amusement. Oh non, c’est un sourire appréciateur. Tu découvres une nouvelle facette d’Alecto et on peut dire que celle-ci te plait tout particulièrement.

Tu ne la déconcentres pas, mais cette fois-ci tu ignores complètement la flèche pour simplement la regarder… ou plutôt la dévorer des yeux. Ce n’est qu’en voyant son grand air réjoui que tu tournes les yeux d’elle pour découvrir qu’elle a mis son premier point. Tu hoches la tête, appréciateur.

« Ah, je savais que tu pouvais le faire ! Tu es content pour elle, et le Nine mauvais perdant est un peu étouffé. Je sais que je peux faire mieux, mais vais-je le faire, ça… »

Ça dépend de ton arc, voilà ce que tu te dis. Et la vérité c’est que tu commences à t’irriter parce que tu ne te sens pas à l’aise avec l’arme. Tu t’es fait mal au doigt en cassant la corde (et puis tu n’as pas tout loisir d’en casser d’autres), alors tu n’oses pas y aller aussi franchement que d’habitude. Et tu sais quoi mon vieux ? Tu as à peine relâché la flèche que tu te détournes en grognant. Pas besoin de voir pour savoir que c’est loupé. Tu n’as pas mieux dosé la puissance que la fois d’avant.

« Fais chier ! »

Ça y est, tu commences à t’énerver. Un coup d’oeil t’apprend qu’elle est allée se planter à deux pas de ta deuxième flèche et tu lèves les yeux au ciel en te tournant vers elle, l’air un peu renfrogné.

« Tu as le droit de te moquer ! Tu as une drôle de tête, entre amusement et mécontentement. Allez, gagne ce duel ! »

C'est que tu n'es clairement pas peu fière de l'avoir mise, celle-là. Une, Alecto, au moins une bon sang. Parce qu'on ne va pas se mentir, tu craignais presque d'arriver à la numéro cinq sans même avoir mis un seul petit point et ça, ça aurait été frustrant pour toi. Alors oui, tu ne manques pas d'exprimer ta joie, tu as de l'avance, du moins pour le moment et mine de rien, ça te motive à tout faire pour la garder maintenant. Pourtant, tu vois, lorsque tu le vois qui tire à nouveau, et qui rate encore une fois, tu grimaces légèrement. C'est peut-être que ça te paraît un peu trop facile, tu n'en sais rien, mais au lieu d'aller prendre immédiatement ta place face à la cible, tu t'approches de Nine. Lentement, tu viens prendre l'arc qui se trouve entre ses mains, et tu le remplaces parce celui avec lequel tu tires depuis tout à l'heure. Peut-être que c'est vraiment une question d'arme au final … si tu te rate, tu as une excuse toute prête, en tout cas. « Faudrait que tu te motives à en mettre au moins une avant la fin ... » Et te voilà, à lui sourire avec cette moue taquine, amusée aussi. « T'auras le droit à un petit quelque chose si tu en mets une dans la cible. » Pas au centre, parce que clairement là, ça te parais vraiment mal engagé, mais … oui, au moins en pleine cible, ça te paraît jouable.

Après quelques secondes, tu reviens te mettre en place. Une flèche. Tu tends la corde. Et effectivement, Alecto, tu as tout le loisir de te rendre compte de la différence flagrante entre les deux arcs. L'autre était plus résistant, tu l'as trouvé plus simple à doser. Avec celui-là, il te faut une bonne minute entière pour apprécier à quel point tu dois étirer la corde avant de tirer. Néanmoins, c'est encore une réussite, elle est un peu plus éloignée du centre que la précédente, mais elle est dans la cible et ça, ça ramène ton score à deux. « Je vois pas de quoi tu parles, il est très bien cet arc ! A toi maintenant. Et cette fois plus d'excuse, tu as le tien. »

T’es dans la merde. C’est exactement ce qu’il te passe par la tête quand Alecto décide de te redonner ton arc. Déjà parce que ça veut dire qu’elle te pense en difficulté et bon, tu n’as pas un égo de coq, mais tu restes un homme, un Caporal de surcroît. Te dire qu’elle te croit dans le mal, c’est vraiment dérangeant, irritant et beaucoup trop adorable. Un drôle de mix, donc. Mais en plus, si tu te loupes encore une fois avec la bonne arme, tu vas perdre ton sang froid. Et ça, ce serait dommage pour un match amical.

Sauf qu’en plus de te dire, elle, rajoute cette toute petite phrase. Toute minuscule. Tout bête. Et mon pauvre Nine, on peut dire que tu es bien atteint parce que ça te donne un coup de fouet du feu de dieu. Tu ne sais pas ce qu’elle te met comme carotte sous le nez, mais clairement, tu as envie de réussir au moins une flèche pour avoir droit à ta récompense. Tu ne t’étais jamais cru aussi facile à mener par le bout du nez…

Elle tire, elle réussit encore à toucher la cible. Et toi, tu pinces les lèvres, tu plisses les yeux et tu finis par grommeler un truc incompréhensible. Ça te frustre, mon grand, alors qu’aux entrainements tu as l’un de meilleur ratio de cible touché de la Garnison tout entier…

« Mouais. Je vais finir par croire que c’est toi qui es magique, ou que tu m’as jeté un mauvais sort… »

C’est ça, remet la faute sur elle, en bougonnant, mauvais diable. Tu finis par prendre l’arc, et tu encoches la flèche. Et tu sais quoi, Nine ? Tu sens le léger tremblement dans tes doigts. Celui que tu avais à tes débuts, celui qui devrait te dire : stop, arrête-toi, respire et recommence. Mais c’est trop tard. Tu décoches la flèche et tu tournes le dos à la cible. C’est fini, tu es mort de honte. En une flèche tu ne vas jamais prouver quoi que ce soit.

« Je t’assure que je sais normalement tirer avec un arc. Je ne… Allez, va, à ton tour princesse. »

T’as même pas réfléchit, tu ne veux juste plus la regarder dans les yeux et en finir le plus vite possible. Quelle torture bon sang.

Toi, tu es … électrique. Surexcitée. Tu t'amuses, évidemment, tu gagnes, alors tu peux bien être de bonne humeur. Visiblement, ce genre de petit jeu, de défi, c'est clairement ta tasse de thé. Et puis, tu profites de la présence de Nine, quand bien même ce dernier semble en avoir un peu marre des flèches manquées. Et tu peux le comprendre. A sa place, tu serais frustrée, toi aussi. Alors, tu essaies de le motiver, tu essaies de lui donner un coup de fouet, tu lui rends même son arc à lui pour lui donner toutes ses chances. Malheureusement … ça ne suffit pas. Il tire. Il rate. Et même toi, tu soupires cette fois, parce que c'était quand même la quatrième pour lui, et qu'il ne lui en reste plus qu'une pour se rattraper, au moins un peu.

En passant pour tirer ta propre flèche, tu prends le temps de venir frotter son bras tout doucement. Un geste doux, rassurant, accompagné d'un sourire doux, sans doute pour lui faire comprendre que ce n'est pas si grave. Il n'y a que toi, de toute façon, ici, et il a beau rater sa cible, c'est pas important à tes yeux. Ça ne change pas l'image que tu as de Nine. Tu l'admires toujours autant. Et de toute façon, lorsque tu viens tirer ta numéro quatre, à toi, tu te rates aussi. Comme quoi, ce n'est probablement pas un bon jour puisque, même si tu as réussi à en mettre deux, tes tirs n'en demeurent pas moins brillants à toi non plus. C'est bête, parce que tu sais, quelque part, au fond de toi, que tu es capable de faire bien mieux, et de toucher le plein centre.

Tu finis par hausser les épaules, simplement. C'est plus facile pour toi, tu as déjà gagné la partie de toute façon. « Aller Nine ! La dernière. Tu peux le faire. » Et tu continues à essayer de le motiver, de l'encourager. Il va bien au moins réussir à en mettre une, une toute petite, même si ce n'est pas un centre. Juste une. Et puis au pire … ce ne sera pas si grave. Si ?

Elle vient frotter sa main et tu la remercies mentalement de ne rien dire. Tu es déjà bien assez déçu de toi-même, tuu n’arriverais pas à accepter qu’elle soit encore là à te rassurer. Tu n’es plus un enfant, mais force est de constater que tu réagis clairement comme un môme devant l'échec. Tu regardes du coin de l’oeil son tir, tu lui adresses même une petite moue désolée, mais tu es beaucoup trop concentré sur ta dernière flèche pour lui dire quoi que ce soit.

Te voilà donc à prendre une flèche et à te mettre en position. Là encore tu tires la corde, tu vises et le même tremblement revient joué dans tes doigts. Ça t’angoisse et prie que cela, ça te ramène à tes débuts, quand tu as quitté la maison familial et que tu portais encore bien des choses sur tes épaules. Sauf que cette fois-ci, tu arrêtes avant de tirer, tu relâches l’arc et tes yeux la cherchent.

C’est en elle que tu viens chercher ton calme intérieur. Tu restes là, presque une minute, à la regarder sans ne rien dire ni ne rien exprimer. Et quand tu relâches ton souffle longuement, tout doucement, tu reprends ta position, tu vises et cette fois-ci, il n’y a plus de tremblement. Quand tu décoches la flèche, elle siffle et elle vient se planter dans le deuxième cercle concentrique. Pas en plein milieu, mais pas si loin. Et toi, laisse ta tête retomber sur ta poitrine, soulager. Profondément et intégralement soulagé.

« Ça ne devait être qu’un petit jeu au départ… Tu marmonnes pour toi-même, pas très fier de ta réaction. Quand tu reposes l’arc avec les flèches, tu reviens vers elle avec un doux sourire. Tu sais quoi, Alecto ? Tu es celle qui peut mettre cette flèche au centre. J’ai toute confiance en toi. »

Et ta voix est bien plus douce, bien plus maîtrisée. Tu es sincère, tu sais qu’elle en est capable, mais tu ne veux pas lui mettre la pression. Tu as juste envie de lui redonner un peu du courage que tu as puisé dans ses yeux. C’est pour ça que tu ne viens pas vers elle, que tu la laisses faire son dernier tir avec respect et silence. Et sincèrement, tu pries même un dieu inconnu de lui offrir la victoire de toucher le rond rouge du milieu !

C'est qu'il ne faudrait pas non plus que ça devienne trop frustrant, et tu le sais. Toi, tu t'en fiches, tu as déjà ta petite réussite, et même si tu savais peut-être faire mieux que ça avant que tu n'oublies tout, tu te dis juste que c'est plutôt pas mal deux sur cinq pour une pseudo débutante avec un arc. C'est pour ça qu'au final, tu es bien plus concentrée sur le tir de sa flèche à lui, que sur la tienne à venir. Et tu le laisses faire, sans un mot. Tu ne provoques pas, mais tu n'encourages pas non plus plus que de raison. Tu te dis juste qu'il a probablement besoin de calme, et tu te postes à bonne distance pour le laisser gérer ce tout dernier tir. Et il s'y reprends à deux fois pour le faire, il vise, puis descend l'arc pour t'observer un moment avant de s'y remettre et c'est fois, c'est bon. Tu vois la flèche partir bien droite, et aller se planter non loin du centre. Alors, tu souris, quand il revient vers toi, tu en as mis deux, c'est vrai, mais celle-ci a le mérite d'être la mieux placée de toute. Et tu te fiches bien de la suivante, du coup … tu t'en fiches même complètement, au point de simplement hausser les épaules. Tu peux essayer. Mais tu n'es pas certaine de réussir à toucher le centre de cible aujourd'hui. C'est comme ça, tu ne le sens pas. Tu as sans doute besoin de t'entraîner à nouveau, tu ne sais même pas à quel point tu étais douée dans ton « ancienne vie » - appelons la comme ça.

Et c'est finalement sans grand espoir que tu viens te replacer. Trop rapidement sans doute, avec trop de précipitation aussi, comme si tu voulais en finir le plus rapidement possible, tu te remets en position de tir. Et chose prévisible : tu remets une flèche sur le tour de la cible. Cependant, vois-tu, lorsque tu te tournes à nouveau, tu n'es pas déçue, bien au contraire. Tu souris, toujours. Et tu vas reposer l'arc avant de te frotter légèrement les mains. « On va dire que ça fait une égalité. » Deux flèches médiocre pour toi, l'une qui n'était vraiment pas mal de son côté, pour toi, c'est totalement envisageable. Quoi qu'au final, Alecto, toi, tu t'en fiches royalement du score, et quand tu reviens auprès de Nine, c'est pour te planter devant lui, les mains dans les dos. « Moi je me suis bien amusée, on le refera, hein ? » En espérant en marquer un peu plus quand même, sans doute, mais tout de même. Même si la journée était mal engagée, tu avoues qu'elle a bien mieux tourner.

Et puis, finalement voilà que tu approches encore. Et tu sais quoi, Alecto, tu n'as pas oublié que tu lui as fait miroiter quelque chose tout à l'heure, s'il venait à mettre une flèche. Tu sais exactement ce que tu comptais donner, tout simplement parce que ça te donne aussi l'opportunité de prendre quelque chose. Du coup, tu reviens tout près, pratiquement tout contre lui, et comme tu l'as fait tout à l'heure, dans le parc, tu te hisses sur la pointe des pieds. Tu t'étais contenté de son menton, et tu reviens d'ailleurs y déposer un baiser rapide, cependant, tu ne peux pas t'empêcher d'aller un peu plus haut par la même occasion, et de déposer un baiser, tout aussi rapide sur ses lèvres. « Je t'avais dis que je te donnerais quelque chose si tu y arrivais. »

Tu sens rapidement, Nine, que la jeune femme n’est plus autant concentré. Ça ne t’irrite même pas, comme si tu acceptais son choix sans le juger. Elle n’est pas un de tes soldats, tu n’as rien à lui dire. Et si elle ne prête pas tant d’attention à son tir, toi, tu suis le trajet de la flèche pour la voir se planter pas si bien que ça. Ça fait donc 2 à 1. Ce n’est pas fameux pour vous, mais elle a bien plus d’excuses que toi, mon vieux.

« Tt-tt-tt ! Tu fais entendre à sa remarque. C’est une victoire pour toi. Tu en as mis deux, et moi une seule. Même si je râle devant mes échecs, je sais reconnaître un gagnant qu’en j’en vois hein. Tu lui souris, en coin, comme tu as appris à le faire pour elle. Félicitation princesse. »

Simplement, tout simplement oui. Tu lui offres tes félicitations et te remets en mouvement pour ranger ce que vous avez dérangé pour votre petit match amical. Tu es d’ailleurs en train de déposer l’arc cassé dans un coin, pour penser à le faire réparer, quand elle revient vers toi, se plante à quelques pas, avec cet air de petite mignonne qui te ferait lui dire oui à tout.

« Bien sûr. Je crois reprendre l’entraînement si je ne veux pas me laisser marcher dessus comme ça, si tu veux on pourrait venir s’entraîner ensemble une ou deux fois par semaine. »

Et cette idée te plait bien trop Nine, tu le sais. Pourtant, maintenant que les choses ont été mises à plat, tu n’as pas ce sursaut de peur que tu ne cessais de montrer pour elle ces derniers temps. Même en imaginant que certains de tes soldats ou des compagnons des autres escouades peuvent te voir avec elle, t’entraîner, peuvent se faire des idées, ça ne t’hérisse plus. Tu as peur, c’est certain, mais tu cesses de perdre pied, et ça, c’est franchement pas mal.

Sauf qu’avec tout ça, tu ne la vois pas venir vers toi. Tu ne réagis que lorsqu’elle t’effleure. Elle est si proche, que tu sens son parfum, et sa chaleur. Et ça te plait, Nine, tu en es certainement maintenant. Tu ne bouges pourtant pas quand elle se hisse et que ses lèvres touchent ton menton. Tu n’as même pas le temps de grogner qu’elle effleure tes lèvres. Et quand elle te rappelle que c’est là ta récompense, tu souris à travers un énième grondement.

« Viens-là. »

Ces deux mots, toujours eux. Ton bras se détend et vient s’enrouler autour de sa taille de guêpe. Tu la retiens tout contre toi, sans violence ni même sans la forcer. Tu la regardes et tes doigts libres viennent courir sur la peau de son visage alors que tu la dévores littéralement des yeux.

« Tu as gagné. Tu lui rappelles, tout à coup. Dis-moi ce que tu veux comme récompense. »

Et tu es sérieux. Tu as vraiment envie de marquer le coup, tu veux qu’elle prenne plaisir à se souvenir qu’elle sait faire quelque chose, et qu’elle le fait bien. Et si tu te penches vers elle, c’est pour la serrer contre toi, tout doucement, sans oser l’embrasser. Tu ne veux pas en prendre trop, trop vite, alors tu finis par la relâcher en attrapant simplement ses doigts des tiens.

« Et qu’as-tu envie de faire maintenant ? On te trouve une tenue plus jolie que ce que je t’ai ramené ? Tu as faim ? »

Tu oses. Tu veux oser. Tu voulais lui prendre ce baiser, juste un. Tu ne t’y es même pas attardée, et c’est d’ailleurs quelque chose que tu regrettes immédiatement. Tu aurais peut-être voulu prendre bien plus encore, un baiser, un vrai, comme celui qu’il t’avait offert dans cette forêt. Pas le premier, non. Le tout dernier. Celui qui était parvenu à réveiller les papillons dans ton ventre, celui qui t’avais donné un sacré coup de chaud. Celui qui t’avais donné envie de recommencer, qui t’avais convaincue de ne pas le laisser s’éloigner. Tu es peut-être trop gourmande, et ce n’est probablement pas convenable, mais, tu n’y peux rien. Tu ne peux pas empêcher ce genre de pensées de traverser ton esprit lorsque tu poses les yeux sur Nine. Encore pire lorsque tu te permets de t’approcher de lui de cette manière, ou lorsqu’il t’attire à lui comme il vient de le faire. Son bras autour de ta taille, toi, contre lui. Ses doigts sur ta peau. Comment est-il possible, Alecto, de désirer un homme à ce point ? C’est inédit, chez toi. Tu es persuadée de ça. Tu n’as probablement jamais voulu quelqu’un comme tu le veux lui.

Et c’est pour ça que, même si tu sembles réfléchir un instant après sa question, ta réponse est toute trouvée. Il n’y a qu’une récompense que tu désires, cependant, te voilà à te mordiller l’intérieur de la joue pendant un moment, jusqu’à qu’il se mette à te proposer tout un tas de choses et là … « Toi. » Ça sort presque automatiquement. Parce que c’est bien là tout ce que tu aimerais avoir, au final. Tu ne sais même pas ce que ce « toi » si soudain signifie, d’ailleurs, tu ne sais même pas ce que tu réclames précisément. Juste … lui. Et le fait de le dire si clairement, si brusquement te fais immédiatement monter le rouge aux joues, si bien que pour une fois, c’est toi qui baisses les yeux et qui détourne le regard. « Mais … je veux bien aller manger un petit quelque chose aussi si tu veux. » C’est ça, Alecto, essaie de te rattraper aux branches comme tu le peux, mais c’est trop tard, hein. Tu l’as dit, maintenant, et tu ne peux pas faire semblant, de même que tu ne peux pas revenir en arrière. Mais c’est de sa faute, aussi ! Oui. Tu vas recommencer à tout lui mettre sur le dos, au moins un petit peu, au moins, tu ne le fais que dans ta tête. Regarde comme il est avec toi. La manière dont il te sert dans ses bras, dont il se penche vers toi … Il vient à toi, et il te frustre de ne pas venir assez à ton goût, il reste là, et tu n’as qu’à lever un peu la tête pour fixer ton regard sur ses lèvres à nouveau. C’est presque une douce torture. Et heureusement qu’il finit par te relâcher à un moment, parce que ça te permet juste de souffler un peu, de prendre un tout petit de contenance et de te remettre à parler presque naturellement – non, tu n’as pas oublié quelle énormité tu as balancer mais tu as décidé de faire semblant que ce n’était si important, ou pas si grave -. « Tu veux manger quoi ? Tu veux manger à la maison ou ailleurs ? »