Ces derniers jours ont été plus que mouvementé. Tout préparer à temps pour le festival à demander beaucoup de travail. Et après avoir charger la carriole, il avait fallu faire le trajet jusqu'à Utopia. Le vieux cheval de mon mari n'avait pas trop aimer. Char d'assaut n'était plus au top de se forme. Après toutes ses années à l'extérieur, sa patte blessée ne lui permet pas de faire de trop longue route. Il a maintenant trois jours pour se reposer. Et puis j'ai décidé de vendre mes fleurs différemment cette année. J'ai certes quelques bouquets demandés par les amoureux, mais j'ai surtout des couronnes de fleurs. Elles collent si bien au festival et se vendent incroyablement bien. Quand je vais me coucher ce soir, je sens que je vais voir des couronnes tourner autour de ma tête. D'autant que je vais dormir au milieu d'elle avec ma fille. Une fois les tentures du stand abaissées, nous dormirons la, comme dans une tente. J'avais bien essayer de nous prendre une chambre, mais les prix avaient flambées. Les bénéfices du festival en aurait été fort diminuer… C'est aussi pour ça que ma fille était venue me donner un coup de main. J'aurais pu embaucher quelqu'un, mais elle s'était proposer. Nous avons besoin de mettre un maximum d'argent de côté pour voir venir l'hiver. Période de l'année où mes ventes peuvent énormément diminués… Sans le salaire de mon époux décédé, il nous fallait faire attention. Heureusement, cette matinée semble indiquer que l'argent allait rentrer dans les caisses. J'avais eu peur que les événements de Trost ne fasse baisser l'activité du solstice, mais il fallait croire qu'au contraire les gens avaient besoin de se changer les idées. Et derrière le mur Sina, ils reprenaient confiance.


J'étais en train de finir la confection d'une couronne avec des bégonias -à la demande de ma nièce- avant d’aller déjeuner quand je reconnus le soldat de l'exploration qui venait vers moi. Mon coeur eut un sursaut dans ma poitrine quand je croisais son regard. Bon sang Char ! Tu as quarante ans, arrêtes de te comporter comme une ado de 15 ans. Mais c’était plus fort que moi. Oui, je craquais sur Edge. Ce même soldat que mon mari nous avait ramener à la maison quand il avait intégré son escouade. Je me reprend tout de même, refusant de laisser paraître le trouble qu’il créait chez moi. Surtout devant ma fille. « Bonjour Edge ! Tu profites du festival ? »

T’avances tranquillement dans les rues, mains dans les poches, une sucette déjà collée entre tes dents. Un de ces jours Edge on finira par t'ôter toutes tes dents à force de bouffer du sucre tu verras. Ou pas. Tu préfères crever à l’extérieur plutôt que de ne plus pouvoir manger de douceurs sucrées. Ceci étant en attendant tu profites de cette belle journée pour te balader dans les rues de Sina, profitant de la fête du Solstice.

Pourtant t’es pas venu ici pour profiter des jeux non loin de là. Si tu regardes d’un oeil amusé des soldats se tirer dans les pattes lors de la course dans la boue, ou si t’es étonné de voir le Major lutter dans la berdouille… tu n’es absolument pas là pour participer à tout ça. Non. Toi t’es ici aujourd’hui… Même pas pour profiter des stands qui pourtant promettent monts et merveilles aux badauds qui s’en approchent. Non plus. T’es là parce qu’il y a deux jours t’es passé devant la boutique de Charleen… et que t’as trouvé portes closes. *Rendez-vous au festival !* Qu’il était écrit sur le panneau de bois. Ah. Aurais-tu tellement été débordé ces derniers temps que tu n’as pas fait attention à ça? T’as t’elle dit quelque chose à ce sujet que tu n’aurais pas retenu? Allons bon Edge franchement. Toi qui fait toujours si attention à elle, toi qui est si protecteur… Qui a besoin de souvent l’avoir dans ton champ de vision depuis que ton supérieur est décédé… C’est inadmissible. Alors t’avais vite fait demi tour et t’avais couru jusqu’au quartier général afin de seller Xanthos et de le lancer au galop jusque Sina.

Et maintenant… Maintenant t’es là et tu sais pas quoi faire. Tu la vois, là bas, en train de faire des couronnes de fleurs avec sa fille que tu as vu grandir au fil des ans. Qui est devenue si belle, presque aussi belle que sa mère mais… qui ne l’égalera sans doute jamais. Allons bon Edge… Tu pousses un lourd soupir et tritures ta sucette, faisant crisser tes dents dessus. Tu le sais hin, que t’as pas le droit de t’approcher d’elle. En fait t’aurais jamais dû t’en approcher de cette femme tu vois, mais lorsque Morgenstern t’avait accueilli dans son équipe… Tu sais pas ce qu’il lui était passé dans le crâne mais il t’avait invité chez lui et… et voilà. T’étais directement tombé sous le charme de cette dame, plus vieille que toi. Et mariée à ton supérieur. Et depuis des années t’as le coeur qui se serre lorsque tu la vois.

Tu vois. T’aurais pu essayer de l’approcher bien avant que son mari ne se fasse tuer. Parce que tu es un homme qui n’aime pas les limites. Tu les repousses, tu n’aimes pas qu’on te mette des barrières. Sans doute que si cette femme avait été celle d’un homme que tu ne connaissais guère, tu aurais essayé de l’approcher. Oui, même alors que t’es maladroit avec les femmes. Tu l’as déjà fait d’ailleurs. Mais… son mari était ton supérieur, et même si tu hais les limites Edge, tu es avant tout loyal. Et tu ne pouvais pas risquer de faire quoi que ce soit à Morgenstern. Alors t’as essayé de l’oublier. T’as connu quelques femmes mais… jamais tu n’as ressenti la même chose que pour Charleen. Et c’est étrange tu vois parce que… maintenant qu’elle est libre, maintenant que son mari a disparu, tu te contentes de faire ce que tu as toujours fait. C’est à dire veiller sur elle. Parce que oui, lorsque ton supérieur est mort brutalement, t’as décidé de prendre soin d’elle. T’as décidé de lui apporter ton aide parce que… Morgenstern avait toujours était là pour toi.

« Hey. » Tiens. Ton corps t’a guidé tout seul vers elle. T’étais caché derrière un stand à l’épier et à te demander quoi faire il y a pas deux minutes, et te voici devant elle sans avoir aucune idée du comment justifier ta présence. « Un peu oui. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut profiter du luxe de ces murs. » Et quel luxe. Des lanternes accrochées un peu partout, des tissus chatoyants, des stands parfaits… oui. Tout est propre et beau, ils n’ont pas lésiné sur les moyens. « Tu... » Tu te grattes la tête, gêné. « Tu as déjà déjeuné? Si tu as besoin de prendre une pause je peux t’emmener manger un morceau si… si tu veux. » Ouais hin. Parce que dans le fond t’es uniquement venu pour elle même si tu ne lui diras jamais le fond de ta pensée.