P’tain, Lenaël, t’aimes sacrément pas devoir retourner au QG maintenant, alors que vous en avez fini de cette stupide mission, que tes nerfs ont été mis à rude épreuve et que tu ne voudrais rien faire d’autres que boire. Avec Wynnie hein. Et pourtant, elle te rappelle la dure réalité, celle de votre condition. Tu es dans la merde parce qu’ils te tiennent, ils menacent ta famille et ils s’arrangent pour que tu leur doives toujours quelque chose. Et elle, c’est encore pire. Alors tu te proposes pour y aller seul, mais comme toujours, Wyn refuse de t’abandonner et si tu osais le dire, tu lui avouerais que ça te rassure.

« OK on fait ça. De toute façon t’es toujours d’accord avec elle, ce n’est pas dur. Tu récupères un sac en toile du tonneau et tu lui désignes le trou. On met tout dedans et je fous ça par dessus. Allez hop. »

Tu te dépêches de remplir vos trésors et quand tu finis par te remettre en route, c’est clairement tendu. T’es toujours tendu quand tu dois aller mettre les pieds dans ce traquenard, mais encore plus quand Wyn y va aussi. Dans le fond, tu as toujours craint qu’ils ne lui fassent du mal. Du mal physique. Devant toi. Ouais tu te montes la tête. Et tu te montes si bien la tête que tu remarques que vous êtes devant ce gros con qu’une fois dans la pièce. Il ricane, et tu serres les poings. Il prend même le temps de faire compter le montant, alors que tu bous. Et quand il vous fait signe de partir, toi, tu as ce mal de chien de bouger tellement tu ne rêves que d’une chose : te jeter sur lui.

C’est la main de Wynona qui te ramène à la réalité. Elle te fait mal la bougresse, mais tu ne dis rien. Tu lui emboîter le poids, tu encaisses sa tension et quand elle te murmure de sortir de là, c’est toi qui presse le pas. Tu l’emportes en subissant les ricanements des types qui sont là, qui vous charrie pour savoir si vous couchez ensemble ou ce genre de chose. Et quand tu arrives dehors, tu es livide.

« Putain d’enculés de chiens galeux, c’est petit enflures j’vais me les faire un jour… »

Ta grossièreté choque une vieille dans la rue qui plaque sa main sur sa bouche et qui te fait fuir encore plus vite. Tu cours presque jusqu’à la cachette, et ce n’est qu’à l’abri de la ruelle que tu viens envoyer ton poing dans le mur en grognant de rage, avant de te figer en soufflant longuement.

« T’aurais pas dû venir. J’suis con d’avoir dis oui… Tu t’en veux, comme toujours, mais tu ne t’apitoies pas. D’un mouvement rapide tu fais sauter le couverte, tu plonges la main et tu ressors une petite bourse de pièce. Ça suffira ça. Tu peux laisser le reste dedans si tu veux, personne n’a jamais trouvé ma planque depuis que je l’utilise… Et moi j’te volerai pas. En faite c’est même tout le contraire parce que tu viens attraper son visage d’une main sur sa joue et tu rajoutes, le plus sérieusement du monde. Tu peux taper dans ma part, j’vais juste prendre quelques piécettes pour faire un cadeau à mes soeurs... pis à ma maman. Mais le reste est à toi. »

Et tu sais, toi, qu’elle en a bien plus besoin que toi. Et si tu relâches aussi vite le contact avec elle c’est simplement pour te mettre en route, complètement inconsciente que tu lui proposes de s’enrichir sur ton dos. Ça te perdra peut-être, mais tu sais quoi ? Tu sais que Wyn le mérite alors bon.

« Viens on va dans un bouiboui pas loin. »