Quand ça dérape, mon vieux, toi, tu as la vague impression d’être comme embourbé dans un vieux marécage tout poisseux et tout puant. C’est désagréable. Ton corps semble être incapable d’être aussi alerte qu’il ne peut l’être à l’accoutumé, si bien que tu restes honteuse perché sur Pop pendant que Kanaan se met à hurler, que Bailey en fait de même, que Laszlo s’y mets par la suite et qu’ils finissent par éliminer le titan qui vous foncez droit dessus. Tu te sens tout à coup complètement à côté de la plaque, si bien que tu te mets à grogner, et tu te renfrognes un peu plus sur la selle de ton cheval. Tu pourrais presque commencer à te coller des baffes, histoire de ressaisir un peu, mais tu doutes de l’utilité d’un tel acte alors que tu préfères juste … ne rien faire, écouter, et redoubler d’efforts pour avancer.

Toi qui es resté atrocement passif depuis le tout début, qui ne faisait figure que de suiveur, voilà que tu te mets comme un bon coup de pieds aux fesses. L’est. La route. Tu peux faire ça, Marshall. Du coup, te voilà à talonner un peu trop violemment Pop, il te fait comprendre le désagrément que tu lui causes, et au fond, tu te promets de te faire pardonner, pourtant, pour l’heure, tu le lances au galop, tout bêtement. Tu ne dis rien, tu ne te rabaisses certainement pas à souffler dans les bronches de tes camarades comme ils peuvent tous le faire entre eux. Ils veulent visiblement fonctionner au chacun pour soi et si c’est une chose dont tu n’as pas l’habitude, tu te rends compte que tu es tout de même bien capable de faire ça, toi aussi. Alors oui, tu distances tes collègues de fortunes, et tu ne ralentis plus. Peu importe qui t’appelles, ou ce qui se dit derrière toi, tu fonces, droit devant, en gardant au maximum les yeux grands ouverts, et tu longes la ligne d’arbre à toute vitesse avant de finalement tirer sur les rênes de ton cheval pour t’engager, de façon plus prudente maintenant, sur la fameuse route dégagée qui traverse la forêt.

C’est plus sûr par ici. C’est une évidence. Il y a là la largeur des chariots, autant dire qu’à cheval, c’est largement assez clairsemer pour qu’on y voit quelque chose. Tu prends sur toi de ralentir, tu attends qu’éventuellement, les autres te rejoignent et puis, tu adoptes à nouveau un pas plus lent en ouvrant l’œil. A première vu … c’est plutôt calme. « On est tranquilles, visiblement, pour l’instant … pressez vous un peu. »

En fait, il s'en branle, c'est ça. Que ce soit cette forêt, la suivante ou celle dans dix bornes, Micah s'en contre fiche, si sa soeur a pris refuge dans une forêt, il gueulera devant chacune qu'il croisera. Et si ça doit faire rager les hommes qui l'accompagne... et bah tiens, tant mieux ! Comme ça, il fera d'une pierre deux coups. Et là, même quand il revient vers le groupe en entendant Aiji gueuler, puis Laszlo s'y mettre, Micah grogne encore plus fort. Il s'en fiche du titan, au moins il sait que Karhlya n'est pas dans cette forêt.

Par contre les deux gueulards (ils peuvent parler ceux-là, tiens !) partent dans les airs et lui il lève les yeux au ciel comme si c'était le pire choix qu'ils avaient fait... pour le protéger (mais ça ne compte pas, tu m'étonnes). Micah ne se détourne pas, ne ralentit pas. Il laisse les idiots se débarasser du monstre et quand Laszlo retombe à côté de lui, pour lui passer un savon sur sa mère, puis que l'autre enfoiré de Kelsier qui vient ouvre sa trop grand bouche. Et s'il n'a pas le temps de pouvoir manoeuvrer dans les airs pour leur foncer dessus, leur retourner un bon pied-bouche, il vient quand même enfoncer sa main dans sa sacoche et il attrape deux patates (ouais, lui aussi il ne sait pas ce que ça fout là, ok?!) et il les balance. Pas gentiment, il ne sait pas faire. Il les balance comme il balancerait un caillou sur la tête d'un rouge-gorge qui perturberait le sommeil de sa femme. Avec la même précision et la même force. En pleine tronche de son beau frère et un des gradés. Genial.

« Fermez-là, maintenant. »

Qu'il claque, avec sa sale manie d'être juste un gros con, et il talone Courage pour aller se place à côté du seul jeunôt qui ne fait pas chier à raler contre tout et tout le monde (et surtout contre lui). Ses yeux sont fixés droits dedans et le trentenaire se calle sur son attitude, avec en plus une main sur une des épées de son équipement, prêt à dégainer si quelqu'un vient l'attaquer par derrière. Parce qu'il provoque ouais, mais si on l'attaque, il cognera, il blessera. Lui, il s'en cogne comme dans l'an mille.

« Ca va pas durer. Qu'il grogne en entendant les premiers mots d'Yvarah depuis un long moment.Ceci dit, les chevaux vont pas pouvoir courir a ce rythme pendant mille ans. Putain, elles font chier elles aussi. Ah bah voilà que c'est la faute des femmes, maintenant. J'sais pas qui c'est la première qui s'est fait bouffer, mais j'vais lui passer l'envie d'donner un vieil exemple de merde aux autres andouilles. »

Il ne parle plus, en faite, il râle, il grogne, il pourrait crier et insulter s'il en avait envie aussi. Sauf qu'il commence déjà à en avoir marre parce que la sensation au fond de lui, ce truc comme si un double coeur battant derrière ses côtes, il ne la ressent plus. Et ça, ouais, ça le fout complètement en morceau, alors il finit par ouvrir le bec, inspirer et avant que quiconque ne se jette sur lui, il revient foutre ses mains en porte-voix.

« KARHLYA RAMENE TON CUL ICI OU JE TE BUTE MOI-MÊME ! Il fait faire un écart à son cheval en voyant Laszlo tenter de le rattraper. KARHLYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! »

Dé de maîtrise : 7

Et bah dis donc, c’est bien laborieux tout ça, hein. Tout ça, pour juste prendre une direction, tout en restant discret pour éviter de se faire bouffer. Ouais parce que, on est bien d’accord, Kelsier, qu’il ne serait pas bien constructif de se faire dévorer en venant potentiellement récupérer des femmes qui sont censées avoir été mangées de leur côté. Non, vraiment, ça ne fait pas sens. Alors oui, tu râles, tu restes relativement calme, mais tu râles parce que tu aimerais bien que ça avance, que ces idiots cessent de n’en faire qu’à leur tête.

Et tu vois, le seul qui t’écoutes, visiblement, et qui en plus ne fait pas de remous depuis le début de votre mission illégale, c’est Yvarah. Il s’éloigne, certes, il accélère, vous distance un peu, mais au moins, il se tait, et ça, ça te fait du bien aux oreilles, alors, tu fais mine d’en faire de même, et tu fais accélérer ton cheval tandis que les autres se remettent tranquillement de leur combat pour prendre la bonne direction. Le truc, Kelsier, c’est que t’as probablement oublié avec qui tu te trouvais, et tu ne vois même pas Frei fouiner dans sa sacoche, par contre, la pomme de terre qui subitement, vient te frapper plein de fouet, au niveau de la pommette droite, tu la sens passer, mon gars. Et tu sursautes, sur ton cheval, t’es tellement surpris que tu lâches tout, et que tu bascules, presque mollement sur le côté pour juste … tomber au sol, sur les fesses, alors que Stitch s’arrête. Ouais. Même le cheval te lance un drôle de regard alors que tu vois Koenig subir à peu près le même traitement, et que tu comprends. « FREI ! » Et voilà, monsieur je demande le silence, maintenant, tu hurles aussi, sous le coup de la rage. Bien la première fois que tu te casses la gueule de ton canasson de façon aussi ridicule en public, tiens. « NON MAIS VOUS AVEZ PERDU LA TÊTE OU QUOI ? » Mais il s’en fou, lui, il a déjà rejoint Marshall, et toi, toi, tu viens juste récupérer les rênes de ton cheval, tu marches sur la pomme de terre, abandonnée au sol, et … tu te mets à rageusement la piétiner. « J’en ai marre de ce type. J’en ai marre des patates. J’en ai marre de ces foutus nanas. J’en ai marre des titans, marre des chevaux, marre de la nuit. Foutue bonne femme. J’EN. AI. MARRE. » Et tu te remets en selle, tout en continuant de grogner, de marmonner, de rager, de pester, tu accélères pour t’engager sur la fameuse route, enfin. « Pis d’abord, on peut savoir ce que vous foutez avec des putains de patates dans vos sacoches ? »

Tu viens finalement frotter ta pommette, quelques instants, tu forces le long de la ligne d’arbre et puis … finalement, voilà que tu captes un mouvement, droit devant. Et au départ, tu crois à un gros tronc étalé au beau milieu de la route, tu es déjà prêt à protester, en te disant qu’il va falloir faire demi-tour sauf que … ton tronc se redresse, il bouge. « Et bah voilà ce qui arrive quand on hurle ! » Que tu siffles, à l’intention de Frei, de tout le monde, en fait. « Je vais attirer son attention. Démerdez-vous pour l’abattre en vitesse ! » Que tu finis par lancer, tout en quitter ton cheval pour t’élancer sur ta cible.

Dé : Un titan, 7-10 mètres.

Tu vois, lorsque tu sens le titan s’affaisser au sol, tu files aussi sec vers ton cheval. Sans un mouvement de tête. Un regard. Même pas un hochement pour approuver son mouvement. Tu vois. S’il y avait pas eu tout ça, toutes ces choses entre tes soldats… sans aucun doute que t’aurais félicité Koenig. Mais ce temps là est révolu. La première chose qui te passe en tête, c’est que tu te dis qu’il a l’air de se réveiller. ENFIN. Enfin il abat un foutu monstre. Enfin il semble se reprendre en main. Sauf que tu vois, t’aurais préféré qu’il se bouge le cul avant. T’aurais préféré qu’il montre de quel bois il se chauffe avant. Tu vois. Pour sauver Ainsley par exemple. C’est con que ce bougre se réveille après sa mort. Et tu finis par talonner ton cheval afin qu’il revienne au niveau des autres. Et si t’entends, et tu vois tout ce qu’il se passe ensuite… tu deviens encore plus sombre qu'auparavant.

Et il te faut pas grand chose Aiji. Tu le sens là, que tu vas finir par péter une durite. Ton self contrôle est en train de se faire la malle à vitesse grand V. Tu le savais hin, que t’aurais pas dû venir. Non mais vraiment. T’arrêtes pas de te le dire et redire. Et pourtant tu continues de chevaucher. Pourtant t’essayes de rester concentré sur ton objectif. Mais il faut dire qu’à part le jeune homme dont tu ne connais pas le nom, et Hodgen - quand il y met du sien - les deux derniers ne t’aident absolument pas à garder ton calme. « Ça suffit ! » Que tu viens siffler, menaçant lorsque Frei revient rageusement et qu’il se permet même de balancer tu ne sais quoi à la tête des deux autres. Et là t’as ce geste sur tes rênes. T’as jamais été aussi près de sortir les poings pour les abattre sur quelqu’un Bailey. Et si t’es toujours pas descendu de ton canasson pour mettre à terre Frei, lui coller une beigne et le remettre inconscient sur son maudit cheval… c’est parce que tu tiens à ta vie et qu’une bagarre serait la dernière chose à faire hors de ces murs. « Foutre dieu vous savez pas la boucler et avancer dans le calme ! »

Et là tu te dis que Frei a bien de la chance de ne pas être là en tant que soldat, parce que sinon tu le ferais virer aussitôt que tu serais rentré. Son comportement et ses paroles sont intolérables et t’as décidément bien honte de l’avoir sous tes ordres. Si jusqu’il y a peu, il faisait un travail exemplaire, depuis quelque temps il part en vrille. Ouais. Comme toute ton équipe d’ailleurs. Et tu vois. C’est à ce moment précis qu’une idée traverse ton esprit colérique. Une seule idée, mais pleine de bon sens. Et tu vois. Tu sais exactement ce qu’il te restera à faire une fois que tu seras rentré. Enfin… si tu rentres. Parce qu’avec ces énergumènes c’est vraiment pas gagné. Et tu inspires à nouveau mais genre… une profonde inspiration parce que là, t’as juste envie de décrocher la tête de Frei. C’est là, encore une fois que tu comprends que t’es tombé bien trop bas. Et que ça en devient dangereux. « Vous allez cesser de vous comporter comme une bande de gosses oui ! Et vous Frei cessez d’emmerder tout le monde vous allez nous coller des titans au cul ! » Bah tiens quand on parle du loup...

T’es glacial Aiji quand tu parles, y’a jamais eu autant d’orage dans tes yeux. Y’a jamais eu autant de colère et de vide dans ton coeur. Si il n’y avait pas un but au bout du chemin… franchement tu sais pas ce que tu ferais, mais vaut mieux pas le savoir. Y’a une part d’ombre en toi que tu découvres aujourd’hui, et si tu pensais déjà l’avoir découverte lors de la mort d’Erina… force est de constater qu’il y a pire encore. Pourtant lorsque tu sens Hodgen s’agiter, lorsque tu vois la masse qu’il désigne et devant laquelle il s’amuse à attirer l’attention… Tu opines et réponds calmement. « Je vous suis. » Tu le laisses jouer l'appât, tu tires tes grappins sur sa cible qui s’avance doucement vers le second Caporal, et tu cours le long de sa colonne vertébrale afin de lui trancher la nuque proprement. Puis tu retournes vers ton cheval d’un bond. « Arrêtez de gueuler maintenant ! Sinon on va être morts avant de les avoir retrouver putain ! » Que tu dis à Frei rageusement avant de sortir la torche de ton sac et de la tendre vers Hodgen pour lui demander de l’allumer. « Si les filles sont toujours en vie, elles chercheront à atteindre un lieu où on vient souvent. Cette route est notre meilleur espoir. Et si elles n’ont pas de chevaux, elles remarqueront sans doute la lumière en étant postées en hauteur. »

HRP: Attaque du titan.
Dé: 5-2 : 3