Bon bah voilà, Marshall. Tu t’es encore lancé dans un truc qui, probablement, te dépasses complètement. Et tu ne sais pas, toi, ce que ces types ont dans le crâne en ce moment même, mais toi, en tout cas, tu vois assez loin pour te dire que vous êtes tous, même les deux gradés que tu viens de voir dans le lot, en train de vous attirer des ennuis. De gros ennuis. Si vous vous faites prendre … vous allez devoir passer une putain de sale quart d’heure avec le Major, c’est une évidence, et autant dire que pour un acte aussi grave, et surement tout aussi stupide, il ne risque pas d’y aller de main morte. Le pire, c’est qu’Hodgen, alors que vous posez tous le pied de l’autre côté du mur, après être descendu du monte-charge, vient carrément vous rappeler, le plus durement du monde, qu’à l’arrivée, vous ne pourriez rien trouver. Trouver des cadavres. Pire. Des bouts de cadavres. Encore bien pire : juste de ce truc affreusement dégelasses que régurgitent les titans …

Maintenant que t’es là, cependant, tu refuses catégoriquement de faire demi-tour, de toute façon, c’est trop tard, tu ne peux plus. Autant continuer. Tu te poses mille questions, en tout cas. Tu as effectivement l’espoir de … la retrouver ? Après tout, tu n’as pas vu ce titan l’avaler, toi, tu te dis que c’est possible. N’empêche que, tu ne sais pas d’où leur vient cette idée, exactement, c’est … profondément stupide, quand on y pense, c’est un fait.

Tu te mets un peu à l’écart. Le truc, c’est que personne ne parait disposé à … faire office d’escouade organisée. Toi-même, tu ne te sens pas d’obéir à qui que ce soit, tu ne te sens pas en mission, tu ne te sens un devoir qu’envers Sage. C’est une croisade. C’est tout. Il est fort probable que tu n’en fasses qu’à ta tête, parce que, tu n’as aucun contrôle sur toi-même, ou presque, dans ton état actuel.

Tu tends néanmoins l’oreille pour écouter Bailey. Heureusement, tu y vois à peu près clair, heureusement aussi, il fait nuit, si titans il y a, ils ne seront pas nombreux, et c’est pour ça que tu te dis que si vraiment, vous devez trouver qui que ce soit, il faut le faire cette nuit, avant que le soleil ne revienne, ne rende les choses bien plus problématiques. « La forêt des arbres géants ? » Tu t’étais dis que tu n’interviendrais pas, pourtant, cette simple affirmation t’interpelles. « On sera quasiment à l’aveugle au milieu des arbres … » C’est la luminosité n’est pas bien puissante, même à découvert, au beau milieu des arbres géants, vous serez à l’aveugle, et ça risque de devenir problématique. « L’un de vous à prévu de quoi éclairer ? » Des torches, un truc. Parce que toi, Marshall, t’es … quasiment en touriste à part l’équipement que t’as « emprunté » au QG, et ton cheval.

Ça le saoule… Putain ce que ça le gave. Parce qu’ils complètent comme des chiens de faïence qui se regardent du coin de l’oeil. Tous hein. Enfin, peut-être moins certains, mais ça revient au même pour Micah. Lui qui frappe quand y’a un souci, histoire de ne plus avoir de problème ensuite, il se retrouve avec ces types pire que des donzelles sur le dos. Autant dire qu’il ne va pas tarder à faire cavalier seul, s’il le faut.

Sauf que voilà, ils finissent par retomber de l’autre côté du mur et si Koenig fait les premiers pas, il y a ce sale type de Hodgen (pourquoi y’a fallu qu’il vienne celui-là hein ?!) qui rajoute son grain de sel et ça lui fout déjà la moutarde au nez. Alors avant que le caporal ne s’éloigne, Micah claque, d’une voix rageuse :

« Il s’appelle Laszlo, et on a pas besoin d’tes remarques ! Si tu crois qu’elles sont mortes, alors rentrer gentiment chez toi faire le coq ! Ses yeux brillent d’une lueur mauvaise, parce qu’il n’a pas encore avalé le coup de la dernière fois. Karhlya est vivante, j’le sais, c’est tout ce qui compte ! »

Et puis voilà, ils partent tous au galop, et Micah lui, il fait la même, mais il a quand même le culot de se décrocher un peu de groupes pour ne pas avoir envie de se jeter sur l’homme qui le met autant dans le mal. C’est vraiment que Karhlya compte fort pour qu’il accepte de mettre sa vengeance de côté le temps de la retrouver hein. Encore plus de chevaucher avec cette belle brochette d’inconscients.

Micah arrive même à rester silencieux pendant le début de la course et quand il entend le rapport de son supérieur, il lui coule un drôle de regard à base de “pourquoi c’est le gradé qui fait le sale boulot d’abord ?” puis s'ensuit une discussion sur par où passer et il comprend qu’il va vraiment en avoir marre, et vite.

« Vous faites comme vous voulez… Qu’il grince, en ramenant Courage vers le groupe. Moi je vais au plus vite, et les arbres, ça va me freiner. J’compte pas faire du saute-titan sur le chemin, j’tuerai rien, j’vais juste foncer pour la trouver ! »

Quel sale con quand il s’y met tiens. Laszlo relève même sa tête vers lui, et un éclat y brille un instant. Puis plus rien et Micah vient pousser la jument plus fort sur le chemin encore, complètement incapable de gérer son impatience.

T’essayes. Vraiment. T’essayes de mettre tout ton ressenti de côté Bailey. Parce que même si t’es là par… pure idée de vengeance. Même si t’es là tout simplement parce que t’as sans doute besoin de te défouler sur quelques monstres - à moins que ça ne soit par pure envie suicidaire - tu sais que filer hors des murs juste guidé par tes émotions… ça va pas le faire. T’es pas Caporal à ce moment là non. T’es sans doute un mélange entre l’humain et le soldat, mais si tout le monde à l’air d’avoir décidé que c’était chacun pour sa pomme, toi t’es bien décidé à tous les faire rentrer vivant. Ouais. Même Koenig.

C’est pour ça que tu prends la peine de filer sur les maisons pour les couvrir. C’est pour ça qu’au lieu de filer dans ton coin, tu leur exposes ta vision. « Oui. Mais si il y a une chance infime qu’elles soient en vie... » Tu bloques ta respiration. T’y crois pas en vrai. Mais ça n’empêche que tu ne veux pas donner de faux espoirs, toi ton espoir, tu l’as enfermé au fond de ton coeur. Tu l’as tué dans l’oeuf. « Elles se réfugieront en hauteur. Et cette forêt se voit de très loin. » C’est là où il y aurait le plus de chance de les trouver hin, c’est ça que tu te dis. Et même si cette forêt est dangereuse, même si cette forêt est immense, il faudra bien passer par là. Même si le titan était apparu dans les plaines derrière cette forêt, la contourner prendrait beaucoup trop longtemps. Heureusement qu'avec les dernières expéditions vous aviez terminé par tracer une route à l'intérieur.

Mais tu vois, t’es clairement pas au mieux de ta forme Bailey depuis quelque temps. Encore plus ces derniers jours, et l’attitude de Frei, c’est ce qui finit par terminer de te mettre en boule. Certes vous n’êtes pas ici sous les ordres militaires mais… « On va faire un truc. » Que tu grognes sans jeter le moindre regard aux hommes qui t’entourent. « La fierté n’a pas sa place en ce moment donc chacun va la ranger au placard. » Ouais. Vaut mieux parce que tu vas finir par éclater un pif ou deux tu le sens. Et si t’as déjà crié, personne, mais personne ne t’a jamais vu sortir hors de tes gongs. Tu l’as toujours dit, la violence pour toi, c’est la force des faibles, c’est bien l’une des raisons qui fait que tu n’en as jamais usé, mais ici tu as tellement les nerfs à vif que tu serais sans doute incapable de te tenir à un moment donné. « On est ici dans un but commun. Tuer ce monstre et voir si ces femmes sont vivantes. On est pas ici pour se chamailler. » Les abords de la forêt approchent et tu fais virer ton cheval pour la contourner. « Rester ensemble va nous permettre d’avancer plus vite et plus sereinement. Donc va falloir faire avec tous vos compagnons d’infortune que vous le vouliez ou non si vous voulez rester vivants. » Et tu dis bien compagnons. Pas gradés. Pas soldats même si tu essayes d’agir en tant que tel. Avancer au nez et aux émotions ne donnera rien t’en es bien conscient, même si la rage, l’espoir et la détresse peuvent servir lors d’un combat, il n’empêche qu’à cet instant toute l’animosité présente dans l’air ne fait que vous monter les uns contre les autres. Décidément pas une bonne chose lorsqu’on est en territoire titan. Tu finis par fouiller dans la sacoche de ton cheval. « J’ai… Deux torches. » T’en attrapes une pour la filer au seul homme dont tu ne connais pas le nom avant de te détourner à nouveau pour te concentrer sur la route.

C’est vraiment qu’une équipe de merde, hein. Vraiment. C’est la pire escouade de l’histoire des escouades. Frei ne te supporte pas, tu n’y peux rien, il a décidé ça tout seul depuis le jour où il s’est mis en tête que t’avais des vues sur Wynisen. Du coup, tu es loin de le porter dans ton cœur de ton côté aussi. Tu as toujours trouvé que Bailey était un sombre crétin. Quant à Yvarah et Koenig, tu les connais sans les connaître, mais franchement, vu l’attitude de l’ensemble de ce groupe, tu es en train de te dire que vous n’irez probablement pas bien loin.

« J’m’en fou. » Que tu marmonnes dans tes moustaches, quand Frei se croit obligé de venir jouer au protecteur de la veuve et de l’orphelin. Sérieux. En plus, tu ne fais qu’émettre une possibilité. Une grosse possibilité. Tu ne comprendras jamais cet homme, hein. Il a l’air persuadé que sa sœur est vivante, et toi, Hodgen, tu te dis juste qu’il y a de grandes chances qu’il se casse la gueule en beauté quand vous allez la retrouver en pièces détachées. Il emportera Koenig avec, en plus, c’est une évidence. Mais tu ne dis rien de plus, toi. Tu essaies de ne pas sombrer dans le même espoir que ces idiots, si ça tourne mal, ça ne changera pas grand-chose pour toi, ça t’évitera de couler encore plus profond sans possibilité de t’en sortir d’une façon ou d’une autre.

« J’en ai deux aussi. » Tu finis par grogner. Ouais, t’as eu le temps de prendre quelques trucs, quand ils ont tous détalé pour faire tu ne sais pas trop quoi. T’as chargé tes sacoches de bidules, tu ne sais même pas si tu en auras réellement l’utilité mais … c’est là. « J’ai un briquet, aussi. » Tu te crois obligé d’ajouter, en sortant le petit objet pour en faire jaillir une petite flamme que tu étouffes aussitôt. Cela dit, mon vieux, t’es un peu mitigé sur la marche à suivre, avouons-le. La forêt, c’est bien en journée, c’est parfait quand on a de la lumière … c’est pratique pour manœuvrer, c’est ce que le Bataillon cherche en priorité, en mission, cela dit, c’est différent, de nuit. Si les titans ne sont pas légion à cette heure, tu te dis que, quand même, ça va être compliqué d’anticiper, même avec quelques torches. « Je suis d’avis de longer la ligne d’arbre pour l’instant. » Ça t’arrache la gueule, d’être plutôt de l’avis de Frei, hein. Mais t’es pas non plus venu ici pour crever. « Il serait étonnant qu’Ainsley, à condition qu'elle en vie, se soit enfoncée dans les arbres sans luminosité suffisante pour se défendre, vous la connaissez mieux que moi, elle n’a quand même pas été gradée pour rien, cette nana, j’sais pas moi. » Ouais, qu’ils fassent un effort, là, parce que toi, tu commences déjà à en avoir ras la casquette.

Tu n’es vraiment pas toi-même, Laszlo. Ça se voit, ça se sent, mais surtout, quand tu parles, on entend combien tu es en train de virer du mauvais côté. Tu serais un enfant qu’on dirait que tu te perds sur le mauvais chemin, mais la vérité c’est que t’es un trentenaire qui a toujours été respectable, qui a consacré 15 ans de sa vie pour l’armée. Tu sais c’est quoi le pire, Laszlo ? C’est que Hodgen ne se souvient pas de ton nom alors que toi, mon grand, tu l’as vu rejoindre les rangs du Bataillon.

« Mêles toi de tes affaires, Kanaan. Tu marmonnes, quand ton futur beau-frère trouve un prétexte pour aller chercher des puces à Hodgen. Y’a visiblement une grosse blague dans c’corps d’armée où on est censé s’entraider, mais qu’on n’est pas capable de reconnaître les visages de ceux avec qui on se bat. »

Et bon sang, Laszlo, tu es amer, tu es même méchant, parce que t’as mal et que ça te rend malade. Tu pourrais probablement provoquer un nouveau combat, pour te décharger de tout ce qui vomit en toi, mais à la place tu talonnes Nacht pour qu’elle se mette au même rythme que les autres. Et tu vois, tu entends bien Aiji partir, revenir, donner des informations, mais tu restes muet, les sourcils froncés sur une expression qui ne te ressemble pas. Par contre, quand ça commence à parler de mettre sa fierté de côté, quand t’as la même envie soudaine de lui demander qui il vient chercher, lui, tu te rembrunis, tu t’écrases sur ta selle et tu tournes la tête vers les torches.

« J’en prends pas une. Avec la lumière, vous allez faire des cibles vivantes, j'préfère encore avancer sans voir un titan sur mon chemin que lui crier qu’il va faire jour et qu’il peut me bouffer. Et bon sang, ce ton, cette voix, cette rage, ça ne te ressemble pas, mais ça laisse voir l’océan de souffrance en toi. J’en ai déjà accepté assez, il ne faut pas m’en demander plus. Que tu marmonnes sombrement, peut-être pas assez fort pour que ça porte aux oreilles de quelqu’un, même si Kanaan te coule un regard surpris avant de sourire, comme un carnassier. »

Et pendant quelques instants, t’as l’espoir de pouvoir continuer à faire cavaler ta monture en silence, en les ignorant, en ne pensant qu’à ta femme, quand Hodgen revient faire entendre sa voix, et tu coules un regard vers lui, digne d’un… ours qui va attaquer, visiblement.

« Nan, t’as raison Kelsier. Et t’appuies bien son prénom, parce que toi, tu sais qui il est. Elle sait ce qu’elle fait. Si tes filles ont bien une chance de survivre, c’est parce que Karhlya va réfléchir avant d’agir. Tes yeux balaient l’horizon et tu pointes un dôme sombre au loin. Titan probable. Et sans attendre un ordre ou ouvrir encore la bouche, tu dévies de la trajectoire pour ne pas aller t’y frotter et le réveiller. »

Toi, c’est à se demander ce que tu fou là. Non parce que, franchement, mon pote, vive l’ambiance, hein. Ouais, vraiment, même à un enterrement, ce ne serait pas aussi … glauque. Dérangeant. Le pire, c’est que, tu as beau être bien déterminé à aller jusqu’au bout de ta petite croisade à la con, les autres, là, ils commencent sérieusement à te courir sur le haricot. Et tu le conçois, que tout le monde est très probablement bloqué dans sa douleur, en train de couler, de se noyer, tu vis la même chose, n’empêche que toi, Marshall, pour l’instant, t’as au moins la délicatesse de fermer ta grande gueule et de rester concentré sur votre mission suicide.

Pour l’instant.

Parce que mine de rien, on a quand même son petit caractère hein. Tu n’es probablement pas le plus virulent du lot, il n’empêche que tu n’es pas non plus le plus calme des types au monde, ça, c’est une évidence. Il te faut de gros, mais alors, de très efforts pour ne pas prendre sur toi de tous leur rabattre le caquet. Non mais franchement, on n’a pas idée de se chamailler comme des gonzesses, comme ça. Et vas y que ça se tire dans les pattes, que ça se renvoie la balle, que ça balance des piques, t’as l’impression d’être devant un ping-pong géant, sacrément musclé.

Pourtant tu vois, tout ce que tu fais, mon vieux, c’est un soupire. Un lourd, et long soupire. Le genre qu’on entends bien, histoire de faire comprendre que c’est bon là, t’en as marre, et que t’arrives à saturation de leurs conneries. « Bon ça va là … elles sont toutes soldats, en théorie, ce n’est pas non plus des pimbêches en détresse. » Ah bah tiens, Marshall, m’est avis que Sage apprécierait d’entendre ça, étant donné que tu passes ta vie à la couver comme si c’était le cas en général … Et puis tu tires sur les rênes de Pop pour le faire se déporter, tu ne donnes pas ton avis, tu dévies juste pour éviter le « titan probable » de Laszlo et puis, tu suis. Longer la ligne d’arbres, c’est un début, et puis ensuite, ne vous restera plus qu’à aviser. « Y’a une route un peu plus dégagée à deux kilomètres à l’est, elle coupe à travers, et la visibilité est bonne. » Que tu te permets de glisser, juste au cas où ça intéresse quelqu’un.

Ah bah ça, le trentenaire ne l’avait pas vu venir. Voilà que Laszlo et plus d’Hodgen l’envoient chier, avant que le second emmerdeur ne se rallie à son avis. Et si la situation était moins grave, moins chiante aussi, certainement, il fanfaronnerait un peu, mais là, il ne fait que jeter un drôle de regard à Koenig, avant de comprendre que c’est chacun pour sa peau. Et ça, c’est la meilleure nouvelle du jour. Se démerder seul, il l’a fait depuis l’enfance de Kanaan, il aura toujours un coup d’avance sur eux parce que lui il ne craint pas pour sa vie.

Pourtant, il capte quand même ce crêpage de chignon à propos des donzelles, de leur capacité, de Karhlya et des autres, et il claque sa langue contre son palais. Ils sont cons ou quoi ? Nan, mais parce que Micah, il y a un truc de taille que personne ne prend jamais en compte. S'il était moins con, il se rendrait probablement compte que c’est lui qui a un souci à ce niveau, mais rapidement, il fait entendre sa voix.

« On s’en branle de qui s’en sort et qui ne saura pas faire. C’est des nénettes, déjà si l’armée était moins stupide, elle n’enverrait pas des femmes dehors. Elles ont déjà leurs peines à supporter, y’a aucune raison de les envoyer en chair à canon dehors ! »

Ahhh… Si Saskya et Karhlya entendaient ça, il se prendrait un double coup de boule, mais on ne changera jamais son avis sur la chose. Micah est misogyne parce qu’il n’y a jamais eu de femmes pour le sauver. Enfin… C’est compliqué, mais la logique est simple. Homme = danger. Femme = à protéger. Enfant = innocent. Ça devrait être partout pareil, ça lui simplifierait bien des choses.

Et au même moment voilà que Laszlo croit voir un titan est Micah, lui, il ne dévie pas. En faite, il repense à ce truc, de son caporal, de dire que les femmes se sont probablement réfugiées en hauteur. Ça lui semble pas si con, vu comme ça, alors plutôt que de suivre le cortège, il fonce vers la forêt, se met debout en selle en ralentissant Courage, main en porte-voix, poitrine soulevée par une prise de souffle conséquente puis :

« KARHLYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! »

Son hurlement se répercute dans la plaine silencieuse, contre les arbres, dans tous les sens. Il tend l’oreille, persuadé que son idiote de soeur penserait à hurler en réponse puis quand il se tourne vers le groupe pour les rejoindre, il découvre que la petite colline silencieuse que Laszlo avait pointée du doigt se met brusquement à trembler. Et il a juste le temps de faire faire un bond à sa monture pour éviter sa main.

« PUTAIN DE MERDE ! Qu’il gueule encore une fois et, comme le sale con qu’il est, le voilà qui repart à pleine balle vers le groupe de cornichons en attirant la sale bestiole avec lui. Seul oui, mais avec un titan, il partage le con. »

Pourquoi t’es là hin. Franchement Bailey. Pourquoi tu les as pas tout simplement abandonné en haut du mur après les avoir fait redescendre à l’aide de Raven, sur le monte charge. Ça aurait été tellement plus simple. Tu ne serais pas en train de te coltiner une escouade totalement… désunie. Ouais. C’est le mot. Si désunie, si concentrée sur leur propre but, focalisée sur une personne et sur leur douleur… Que ça en est dangereux. C’est à croire que t’aimes te faire du mal hin. Alors. Pourquoi hin? Une envie de veiller sur le cul de Frei. C’est ce dont tu cherches désespérément à te convaincre. Il est toujours ton soldat pour le moment, t’as pas envie d’en chercher un nouveau. Ouais… Cherche toi des excuses autant que tu veux Bailey hin. Mais t’es là, t’es venu ici à la recherche d’une femme pour qui tu n’es… rien. Si pardon. Pour qui tu es simplement *l’homme qui la toujours ramenée en vie* Ouais. On sent que la pilule est toujours pas passée hin. T’es là pour une femme qui n’est même plus sous tes ordres, au contraire de Hodgen qui est à la recherche de ses trois filles.

« Sauf si elles ont réussi à atteindre la forêt des arbres géants pendant la journée. » Que tu viens contredire Hodgen sans la moindre animosité. « Ça fait un peu plus de 24h qu’elles sont…. qu’elles ont disparus. » Tu n’as vu personne se faire dévorer toi, tu étais bien trop concentré sur ton escouade, à essayer de garder une formation potable et à les garder tous en vu pour n’en laisser aucun se faire dévorer que tu n’as pas eu le malheur de voir les soldats se faire dévorer. Et franchement, t’es bien heureux de ne pas avoir vu Ainsley se faire engloutir, parce que tu ne sais pas dans quel état tu aurais été à ce moment. Sans doute encore pire qu’actuellement. T’es pas si loin que ça du stade *Erina* au final.

Et c’est long 24h. Si elles n’ont aucun cheval, elles ne peuvent compter que sur leurs jambes. Sans aucun moyen de vous avertir, de se désaltérer, de se nourrir. Et leurs équipement ne tiendra pas longtemps. En clair. La situation est… nulle. Et tu vois, même si tu te dis qu’elles n’ont aucune chance d’être en vie, tu continues quand même. Parce que t’as une colère à évacuer, parce que t’es rempli de vide et que t’as besoin d’un truc pour te guider parce que sinon… tu sais que tu vas couler. A nouveau. Et si t’entends la réflexion de Koenig par rapport à la lumière… Tu te mords la joue pour ne pas lui cracher quelques paroles désobligeante. La faible lumière d’une lanterne n’est pas assez forte pour redonner toute la vitalité à un titan, et si cela peut vous éviter de marcher sur la silhouette endormie d’un titan et de vous faire surprendre, c’est bon à prendre. Ce n’est pas comme si vous alliez allumer un grand feu de joie pour inviter ces monstres à une marshmallow party pour vous raconter des histoires au coin du feu. Mais bon. Koenig semble avoir oublié certaines choses que l’on apprend sur les bancs de l’école. C’est la voix de l’inconnu parvenant à tes oreilles qui fait que tu ravales tes commentaires acerbes. Tu finis tout simplement par pousser un lourd soupir alors que Koenig cherche visiblement la bagarre… que tu serais pas déçu de lui donner s’il continue.

« Oui c’est cette route que je pensais emprunter, les chariots de l’Exploration l’ont bien ouverte. Bien vu. » Que tu opines en direction du soldat avant de soupirer, une nouvelle fois, lorsque tu entends Frei élever la voix. Et si tu t’apprêtes à finalement lui dire quelques mots… t’en as tout simplement pas le temps. Il finit par se mettre à hurler. Littéralement. « FREI ! » Non mais il est pas croyable celui là. Qu’est-ce qu’ils ont tous dans ton équipe franchement depuis quelque temps. « Pas cette forêt ! » Mais tu vois, il est trop tard. Pourtant t’as été clair dans tes propos. La forêt des arbres géants. Qu’est-ce qu’il a pas compris dans tes propos…. Et le voilà maintenant qui revient… avec un titan au cul. Et là mon vieux… Y’a tes vieux réflexes qui se mettent en route quoi que tu veuilles. Même si t’es pas Caporal cette nuit, même si toutes ces têtes de cons ont décidés de n’en faire qu’à leur tête… il n’empêche que Frei est ton soldat. Alors tu vois, tu vires, tu penses même pas au fait que vous pourriez *peut-être* le distancer. Tu tires tes grappins et… et faut croire que la basse luminosité te gêne un peu puisqu’au lieu de réussir à faire le tour et d’atterrir sur la nuque du titan pour la trancher, toi tu atterris… pile poil sur sa tête. Et si tu vois déjà une main se tendre vers toi, tu abaisses tes lames pour… lui crever les yeux. C’est déjà ça de prit s’il voit pas tes compagnons.

HRP: Aiji veut atteindre la nuque pour la trancher.
Dé: 9-2 de malus.

Il y a tant de haine en toi, Laszlo. Tu le savais, avant même de tomber amoureux et de découvrir que la jalousie ou la possessivité sont des venins pour les hommes, qu'il y avait une part d'ombre, au fond de ton âme. Ca a mis du temps à sortir, ca s'est accumulé sur les années, les échecs et les désespoirs. Et un beau jour, ça a tout bonnement explosé au grand jour quand tu as loupé ce titan, en mission et que tu as eu la sensation de ne plus être bon à rien. Tu as découvert que tu pouvais craquer, frapper, haïr, provoquer. Et puis il y a eu Karhlya et tu as ravalé tout ça au fond de toi... Mais tu vois, maintenant, que ce n'était pas effacé pour autant.

Et te voilà à changer de directement de direction, sans les attendre, sans même relever ce qui se dit. Tu le sais, tu vas finir par sortir tes armes contre eux si tu les écoutes trop. Alors tu te tais, tu t'isoles, tu les repousses comme un hérisson roule en boule devant la peur. Et tu pourrais probablement les semer, même, si t'entendais pas le prénom de ta bien-aîmée résonner, au loin, lui le cri de Aiji. T'as juste besoin de te retourner sur Nacht pour voir Kanaan revenir avec un petit spécimen aux fesses. Et si Aiji réagit en premier, toi, tu as juste cette réflexion, stupide. "Pas lui". Pas Kanaan. Pas son frère. Parce que Karhlya ne supporterait pas de le perdre, mais que Kaleigh serait détruite.

« KANAAN ! »

Un cri, d'angoisse, et un bond prodigieux dans les airs pour quitter la selle de ta jument pie. Tu voltiges, comme dans tes plus belles années au sein du Bataillon, tes grappins se plantent et tu ne jettes même pas un regard à ton ex-supérieur. Tu tranches dans la nuque à pleine balle, c'est même de peu si la tête ne se décroche pas du reste et en une pression de gaz et un sifflement vif, tu retombes sur ta jument en la talonnant pour te porter auprès de Kanaan.

« T'as pas le droit de mourir ! Ta mère a assez souffert comme ça. Tu lui rapelles, le regard brûlant de haine. Et tu es si... retourné que tes yeux glissent sur les hommes qui sont sortis avec vous. Si tu n'as rien le droit de dire aux deux gradés, le même éclat passe dans tes yeux en croisant le regard de Marshall. Toi non plus. »

Un murmure, qu'il n'entendra probablement pas, mais c'est surtout ta promesse, de toi à toi-même, que tu vas ramener ces deux hommes en vie, parce que leur famille les attendra de l'autre côté.

« Dépêchons-nous de couvrir un maximum de distance avant que le soleil ne se lève, où c'est nous qui auront des problèmes. Parce que dans l'infime éventualité où les femmes sont vivantes, ça ne rimerait plus à rien si vous vous faire croquer à leur place. »

Bon, et bien finalement, le plan est simple, Kelsier. Suivre la ligne d’arbre, emprunter la route des chariots pour traverser la forêt, histoire de ne pas se faire surprendre au beau milieu de l’épaisse forêt et puis. Et puis rien, personne n’en sait rien, encore une fois, personne n’a l’air d’être foncièrement d’accord avec les autres, et ouais, clairement, cette espèce de mission suicide non autorisée à tournée dés les premiers instants en une croisade au cours de laquelle c’est chacun pour sa poire. Et c’est à toi, mon vieux, qu’on vient reprocher le manque d’entraide … juste, pourquoi, déjà ? Parce que tu ne retiens pas le nom de tout le monde. Franchement, ça te donnerait presque envie de te mettre à rire, et tu le ferais, si tu n’étais pas d’humeur aussi maussade que massacrante.

« C’est surtout quand on sera dans la forêt, que ce sera utile. » Ouais. Ouais, ouais, non mais, tu le sais, c’est un véritable exploit, mais visiblement, ton cerveau à décidé qu’il était plus sage et plus intelligent de rester calme. Très calme. D’éviter d’imploser, et de chercher des poux dans la tête de tes petits camarades. Tu agis de façon rationnelle. Avec un objectif en tête, qu’il te faut remplir et duquel tu ne veux plus dévier, du moins, jusqu’à la prochaine fois que ces idiots décideront de se remettre à se crêper le chignon à la manière d’un groupe de donzelles. « La route est à—… » Oui. Elle est à l’est. Seulement, tu n’as pas le temps de finir ta phrase, à peine as-tu commencé à faire dévier ton cheval que Frei – encore et toujours lui – se décide à n’en faire qu’à sa tête. Et toi, tu n’es que témoin de cette scène aussi ridicule que chaotique. Un crétin qui se met à hurler, un autre crétin qui se précipite pour l’aider quand il ramène un titan sur le groupe, et enfin, un troisième qui visiblement, est assez remonté à bloc pour pratiquement décapiter la créature à la force de sa frappe de lames.

« Dîtes, les attardés, vous êtes au courant que, rester discret, c’est synonyme de : 1 – ne pas hurler comme un putois en rut, et 2 – se faire remarquer le moins possible ? » Ah, oui, non mais qu’on te pardonne mon bon Kelsier, c’est qu’à ton humble avis, ces gros benêts semblent avoir besoin d’une toute petite piqûre de rappel. Et te voilà, agiter la tête largement dépité, tentant toujours de te contenir et de t’empêcher de littéralement tous les assommer à coup de torche. « Avancez maintenant ! A l’est. La route. KOENIG – ouais t’appuies bien sur son foutu nom, vu qu’il semble important que tu t’en souviennes – à raison, on ne peut pas se permettre d’attendre que le soleil se lève, on doit être rentrés avant l’aube. » Autant dire qu’à partir de là, la fenêtre est serrée, au point d’en devenir une toute petite lucarne même.