Il y a un moment de flottement. Certainement, assez cours pour que la jeune femme ne s’en rende pas compte. Juste assez pour que tout un tas de choses se passe dans sa tête. Et tout ça parce que la jeune femme lui a donné son prénom. Et que ça, c’est clairement un prénom qu’il a tant maudit qu’il ne veut plus l’entendre.
Un instant, le gérant de la colère panique. Ses yeux s’agrandissent lentement alors qu’en lui le prénom résonne de plus en plus fort. NON ?! Ça ne pas être leur Saskya… Ça ne peut pas… Il la regarde, il fronce les sourcils. Et le temps se fige alors qu’il se sent faiblir. Cette blonde n’est pas la petite fille qui les a tant protégés. Celle qui les a condamnés aussi. Ça ne peut pas…
Et il se brise. Il sent littéralement dans toute son âme. Il se sent comme le jour de sa naissance et celui où il a cru mourir et où Fahim est né. La différence, c’est qu’aujourd’hui, il n’est pas aussi faible, pas aussi impuissant. Alors d’un coup, d’un seul, il recolle les morceaux qui partent en vrille et il se rassure. Il se concentre sur la réalité.
Cette fille n’est pas Sakya. Pas leur Saskya. Si c’était elle, elle l’aurait reconnu, elle n’aurait pas mal réagi devant Kanaan. Parce que maintenant il imagine bien que le gamin a sûrement imaginé la voir en cette femme. Mais lui, Micah, ne se fait pas prendre au piège. Et l’instant suivant, il acquiesce pour accepter son identité et siffle le cheval, en ayant compris que cette femme ne fait que porter le prénom d’une autre. Elle n’est pas Saskya, et cette coïncidence ne fait que lui donner raison de s'intéresser à elle.
Face à sa pique sur l’éducation de l’animal, il claque sa langue et retrouve un demi-sourire, en ayant déjà repoussé loin de lui cette peur qui la prit. Il l’attrape et la pose en selle avec son accord. Et quand elle se glisse en arrière pour lui tendre les rênes, un véritable sourire satisfait, un poil moqueur, profondément charismatique sans le voir, et tu attrapes sa jambe, pour l’arrêter dans son mouvement :
« Reste devant, je préfère te voir que t’avoir dans le dos. Pis t’es tombée plus que moi, on va préserver ce qu’il reste de tes muscles. »
Et sans lui laisser la chance, il grimpe à la place qu’il avait déjà prise, mais il vient quand même récupérer les rênes en glissant ses bras de chaque côté de la jeune femme. Avec une attitude qui ne lui ressemble pourtant pas, il se cale contre elle, son menton contre sa tête et le voilà qui la pique :
« T’es bien calée, là, c’est bon ? Et sans réfléchir, il ressert un peu ses coudes contre elle pour la maintenir en place et claque la langue pour mettre la monture en marche. Tu supporteras le galop ou on y va un peu plus tranquillement qu’à l'aller ? »
Le cheval part au trot le temps d’avoir la réponse et Micah jette un coup d’oeil derrière lui sans voir aucun autre fumigène. Ses épaules se détendent légèrement. Il faut espérer que c’est bon signe, et ne pas s’angoisser plus.
« Ça ira avec ton supérieur ? Qu’il lui glisse subitement, sans prévenir. J’ai entendu dire qu’il n’était pas super sympa. »
Parce que ça lui ferait quoi à MIcah si c’était vrai ? Le voilà quand même pas à vouloir s’interposer et la protéger quand même…?
(c) DΛNDELION
Saskya Wynisen
Saskya Wynisen
« wings of freedom »
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Saskya Wynisen
Dim 12 Avr - 23:22
Non, effectivement, ça ne te ressemble pas. Pas le moins du monde. Tu as la réputation, avérée, de ne pas te laisser faire, et surtout, de ne compter sur personne d'autre que toi. C'est comme ça, Saskya. Tu ne sais plus faire confiance, et ça remonte à l'enfance, ou plutôt, l'adolescence. T'avais confiance en ces gamins, à l'époque. Après tout, tu leur avais offert ta protection, tes talents, jamais tu n'avais songé à les abandonner à leur sort quand l'orphelinat avait fermé, c'était hors de question. Tu te serais pourtant bien mieux débrouiller toute seule. Du haut de tes douze ans, en ce temps-là, tu surpassais déjà les autres sur bien des points. Plus mature. Plus réfléchie. Plus forte, psychologiquement. Tu étais capable de prendre les bonnes, mais aussi les mauvaises décision, tu savais porter un fardeau comme personne, tu étais celle qui se mettait entre ces gosses et les dangers, qui présentait son dos pour te crache dessus à leur place. T'as toujours été une sacrée gamine, Saskya, alors, ouais. Si t'avais pris la décision de les laisser en arrière, peut-être que tu t'en serais bien mieux tiré. Le truc, c'est que t'étais pas capable de ça et si c'était à refaire, maintenant, tu ferais probablement la même chose. Pourtant, à l'époque, tu t'étais sentie trahie comme jamais. Ce qu'ils avaient fait à Kanaan, c'était bien plus que tu n'avais pu le supporter et il avait quand même fallu que tu les portes en sécurité, avant de les laisser se débrouiller. C'est bien pour ça tant d'années plus tard, tu ne mets les rênes entre les mains de personne d'autre que toi. Sauf aujourd'hui, visiblement.
Cependant, il t'en empêche. Cette décision étrange est arrêtée par sa main qui retiens ta jambe, qui t'empêche de reculer davantage. Il te pousse un peu, en venant s'installer derrière toi, te forçant à te réinstaller sur ta selle. Ça ne l'empêche pas de passer ses bras de chaque côté de ton corps pour attraper les lanières de cuir. Mains posées sur tes cuisses, tu gardes la tête basse, jusqu'à ce que tu le sentes se caler contre toi dans ton dos, plus proche encore que la fois précédente. Son menton contre ta tête, ses coudes contre tes côtes … c'est pratiquement comme si te maintenais dans ses bras et si dans un premier temps, tu ne sais pas comment réagir, tu finis par lui balancer un coup de coude vers l'arrière, lorsqu'il ose ouvrir la bouche et fanfaronner. « J'suis pas handicapée ! » Tu protestes, autant que tu le peux, quand bien même ta voix est clairement mal assurée sur ce coup. Et puis, tu viens donner une impulsion du bassin au cheval, pour lui faire comprendre d'accélérer la cadence, parce que, t'es pas en sucre, Saskya. T'as déjà vu pire. Ça fait plusieurs années que t'es là, t'as déjà été plus amochée que ça et les cicatrices multiples qui ornent ton corps sont là pour le rappeler. Ça t'as jamais empêcher de galoper. Et puis surtout, c'est pas comme si vous étiez en balade, il faut transmettre ce message, et une fois que Micah aura récupérer, et son équipe, et son cheval, tu pourras repartir de ton côté pour faire transmettre le même message, et les même infos à Hodgen.
En parlant de lui, tu hausses doucement les épaules. « J'ai l'habitude. » Dis-tu simplement. Parce que oui, Saskya, tu t'attends évidemment à ce qu'il te passe un bon savon. Tu es trop franche. Tu ne mens pas. Alors quand il te demandera un rapport complet, tu lui diras tout, et il s'énervera, il te fera la moral, tu prendras un bon sermon sur le coin de la figure et il te punira à sa façon pour te dissuader de refaire le même genre de connerie la prochaine fois. Mais tu sais quoi ? Tu t'en fiches. C'est pas comme si c'était habituel pour toi de merder autant. Tu ne sais pas bien ce qui t'as pris aujourd'hui, ou même ce qui t'arrive, alors, tu défendrais juste ta cause toi-même face à Hodgen. T'en es capable. « J'assumerais les conséquences. Il va probablement me passer un bon savon, et ce sera terminé. »
Le reste du chemin se déroule sans encombre. Il vous faut plusieurs longues minutes avant que l'escouade de Bailey n'apparaisse dans ton champ de vision et même à plusieurs mètres d'eux, tu peux constater qu'effectivement, le canasson de Micah est revenu de lui-même dans leurs rangs. « Voilà ton cheval. »
Kanaan Frei
Kanaan Frei
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Kanaan Frei
Dim 12 Avr - 23:47
Nous sommes tous des malades mentaux.
Saskya & Micah
Il est bien content de la position dans laquelle il l’a calée. C’est un nouveau trait de caractère que Micah se découvre. La joie d’être proche de quelqu’un. Le contentement de la tenir à sa portée. La satisfaction de lui tirer ne serait-ce qu’un grognement. Ça n’a jamais été sa tasse de thé avant. La preuve, il envoie la brune de son escouade valser à chaque fois. Mais cette fille, cette Saskya-là, elle n’a pas eu peur de lui mettre son poing dans le nez et… ouais, dans le fond ça lui a fait du bien.
Et justement, la voilà qui lui file un coup de coude, dont il étouffe la surprise et la douleur dans un grognement mécontent. Ça ne l’empêche pas de resserrer ses bras sur elle et de finir par râler, d’une voix mi-froide, mi-moqueuse :
« Ok, ok, je note, t’es pas en sucre. »
Et voilà que le canasson part à vive allure. Et vraiment, Micah n’a jamais vu femme comme celle-là. Il sait pourtant qu’il y a de bonnes combattantes dans leurs rangs, mais il refuse de le voir. Pour lui, les femmes sont bien trop souvent un problème qu’une aide. Il suffit de voir comme les hommes se battent comme des coqs pour elles… jamais, ô grand jamais, il ne s’abaissera à ça…
Sauf qu’il entend sa réponse à propos de son supérieur et son estomac se crispe. Il est dur et il a décidé de s’intéresser à Saskya, et sur le coup, la première pensée qui lui traverse la tête est partagée avec Fahim. Il pourrait la suivre jusqu’à son caporal pour prendre la responsabilité entière de cette erreur. Il pourrait ouais. Fahim le presse de le proposer, mais on ne changera pas complètement le bois dont est fait le trentenaire qui marmonne juste :
« Mouais, il pourra au moins se rassurer qu’on en ait éliminé un avant qu’il ne fasse plus de ravage. »
C’est un peu d’espoir, beaucoup de refus de voir la vérité en face. Son supérieur n’a pas la réputation de voir le positif, plutôt de râler sur le négatif. Vu son caractère, l’homme est bien content de ne pas être dans son escouade, sinon ça virerait au vinaigre un peu trop souvent, il n’en doute pas.
Et il n’en dit pas plus, jusqu’à apercevoir la masse des siens. Là, il se redresse, il s’écarte légèrement de la jeune femme et il plante un regard sur ses compagnons. Quand son cheval apparaît en trottant à bonne vitesse derrière celui de la brune qui lui casse les pieds si souvent, il siffle légèrement. Il prie pour ne pas avoir à subir ses questions ensuite, et tire sur les rênes pour placer la monture de la blonde presque contre sa jument.
« Je te laisse reprendre les guides. Il glisse les rênes dans ses mains, et avant de sauter sur sa monture qui a ralenti (merci à celle qui regarde le duo avancer vers elle), il se penche une dernière fois vers elle est souffle, à peine suffisamment fort pour qu’elle seule l’entende. Ne te fait pas dévorer par ton démon de caporal, hein. »
Et Micah s’écarte, et d’un bond bien trop dangereux, il remonte sur sa jument et récupère les rênes dans les mains de Karhlya, avec un mouvement de tête pour la remercier. Il fait signe à Saskya qu’elle peut y aller et pousse sa monture vers l’avant, vers leur chef, pour lui transmettre les dernières nouvelles, ses erreurs et ce qu’ils ont rattrapé, tout en gardant la blonde au coin du regard, jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
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