Tu ne lâcheras pas l'affaire. Perdre le contrôle des choses, ce n'est pas dans tes habitudes, et il est parfaitement hors de question que tu te laisses balader, sur ton propre cheval en plus, par cet énergumène tout bizarre. Il ne manquerait plus que ça. Alors non, cette lanière de cuir, tu ne la lâches pas. C'est peut-être puéril, mais tu as ta fierté, et il y a des choses que tu n'es pas prête à accepter … ça en fait parti, visiblement. Et pour réussir à récupérer le contrôle de l'animal qui reste, tu tentes de faire diversion de bien des manières. D'abord en lui parlant de sa drôle de manière de fixer le titan de la grange, puis en parlant des fumigènes et en ramenant donc la mission en cours sur le tapis.

Depuis le début, tout ce qu'il te raconte n'a pas l'air d'avoir de sens avec le reste. Tu n'arrivais pas à le cerner, mais il est vrai que depuis près de cinq minutes, il semble à nouveau cohérent dans sa connerie. « Par la porte. » Finis-tu par lâcher. Et quoi ? A remarque stupide, réponse stupide. Sérieusement. Alors c'est pour ça, qu'il était resté planté devant ce titan. Il en était à se demander comment il avait pu rentrer là … comment est-ce qu'il aurait pu faire d'autre ? En creusant ? Il prenait celui qui, maintenant n'était plus qu'un tas d'os fumant, pour une espèce de taupe, ou quoi ? Enfin. Peu importe, Saskya. Ce n'était pas le moment de te laisser entraîner dans des réflexions stupides et surtout, inutiles. « Probablement. Hodgen n'est pas très causant, mais … il avait probablement ses raisons. » Ouais. Tu avais appris à ne pas lui poser de questions inutiles. Il répétait souvent qu'il avait toujours ses raisons, et qu'il n'avait pas besoin de les expliquer. Il fallait juste obéir, c'était suffisant, il était parfaitement inutile de s’embarrasser de discussions sans intérêt. Du coup, c'est ce que tu avais fais. L'ordre était de récupérer des informations à droite, c'est ce que tu étais parti chercher. Peu importe pourquoi Hodgen les voulaient, toi, tu devais juste les lui rapporter.

Tu tournes alors la tête vers la bâtisse en ruines maintenant. Si ce qu'il te dit est vrai, c'est effectivement un problème et vous avez déjà perdu bien trop de temps à la discussion. Les longues minutes que vous avez laisser s'écouler sans prendre la peine de lancer ce fumigène ont peut-être laisser le temps à un titan de se faufiler à travers les lignes et … sans signal, pas mal de soldats pouvait se faire surprendre. Fort heureusement, la dispute semble être derrière vous, et le subordonné de Bailey a visiblement retrouver ses instincts de soldat. Il relâche les rênes de ton cheval, attrape le fumigène pour le lancer dans le ciel et alors que tes yeux sont toujours rivés sur les ruines du village ancien, tu te sens soulevée du sol. En moins de trois secondes, tu te retrouves posée sur ton cheval et tu émets un grognement. « A quoi tu joues ? » Et le voilà qui grimpe derrière, au moins, il respecte ta demande … du moins, tu le crois, parce qu'il ne te laisse pas le temps de te saisir des rênes de ton cheval, non. Il passe ses bras de chaque côté de tes hanches pour les attraper à ta place et faire avancer ton cheval. C'est tout ce que tu ne voulais pas. Te retrouver comme simple passagère de ta monture. Le truc, c'est que, tu ne te sens pas protester davantage. Tu sens bien que ce n'est pas le moment, et tu te dis simplement que tu régleras ça plus tard, lorsque vous serez tous en sécurité. Pour l'heure, il y a plus grave. Ces cadavres éparpillés un peu plus loin, par exemple, et ces traces qui s'éloignent, qui se dirigent droit vers le cœur de la formation. « Fait chier... » C'est pas bon. Vous auriez dû être bien plus réactifs, tous les deux, tu aurais dû t'occuper de ce fumigène, au lieu de te disperser comme tu l'as fait et c'est justement parce que tu penses à ça que tu ne protestes pas non plus lorsqu'il se déporte et prends la décision de rejoindre le côté de Bailey. Tu n'es pas craintive, Saskya, cependant, tu n'as aucune envie d'entendre Hodgen gueuler à tes oreilles pour le moment … et tu sais que ça va arriver si tu débarques auprès de lui, avec ce type qui dirige ton canasson à ta place.

Il lance ton cheval à pleine vitesse, se cale dans ton dos et … tu sais quoi, Saskya, t'as l'air d'une toute petite fille, là. Ça te déplaît. Alors … ouais, au bout de cinq minutes, tu perds patience. « Je suis capable de diriger mon cheval moi-même. » Déjà que ça t'emmerde de l'avoir collé contre toi, là. Tu sais pas bien pourquoi hein, mais ça te déstabilise complètement. Tu te sens pas à ton aise, malgré fait que ce soit lui qui n'est pas à sa place. Du coup, tu glisses tes mains jusqu'aux siennes, dans l'espoir de reprendre le contrôle, juste un peu de contrôle … mais c'est quand tu détournes les yeux que tu le vois. Au loin. Du côté du centre. Et sans réfléchir, tu attrapes les rênes et tu tires dessus un grand coup. Le cheval se cabre, et tu fais ton possible pour rester en selle alors que ton doigt se tend vers l'horizon. « Tu le vois ? Il est passé. Il a pas plus de cinq minutes d'avance … on pourrait le rattraper. » Et donc rattraper ton erreur, votre erreur.

Tu n'es pas habituée, Saskya. Tu ne fais pas d'erreur. C'est comme ça. Tu as toujours été méthodique. Les ordres, tu les respectent, et si avec ton sale caractère, tu as eu du mal à t'y faire, c'est vrai, maintenant, c'est un automatisme. Il y a une chaîne de commandement, et ce n'est pas pour rien. Tes supérieurs savent bien mieux que toi comment les choses fonctionnent, ils savent où placer leurs pions de façon stratégique. Tu vois, c'est quelque chose que tu n'as pas ça. La stratégie. T'es un soldat. Le genre de soldat qu'on envoie se battre, c'est tout. Un petit morceau de chacun des plans mis en place pour faire de ces missions des réussites et ça te vas parfaitement comme ça. Parce que ça n'enlève rien à l'importance que tu peux avoir au sein de ce Bataillon. Des responsabilités, tu en as. Il suffit qu'une pièce soit défaillante pour que les choses dérapent, pour que des vies soient fauchées. Tu le sais. Et pourtant, aujourd'hui, Saskya, tu es l'une de ces fameuses pièces défaillante. T'as merdé. Il n'y a pas d'autre mot, tu t'es planté. Tu as commis une erreur. Et si tu n'es pas la seule fautive dans l'histoire, le fait de savoir que tu as une part de responsabilité dans le carnage qui se profile est suffisant pour que tu veuilles à tout prix te racheter. Immédiatement. A la première occasion.

Et la voilà, cette occasion. Là, à l'horizon, la silhouette de ce titan se dessine et tu tires, un coup sec, sur les rênes de ton cheval. Si tu avais été seule, il n'y aurait pas eu le moindre soucis de contrôle de l'animal, cependant, vous êtes deux sur le dos de cette bête, plus de poids, plus de pression pour lui donc, lors de cet arrêt forcé si brutal, alors, oui, tu t'accroches, mais tu te sens quand même tirée vers l'arrière par ses mains qui viennent se plaquer contre ton ventre et ce corps qui s'accroche au tiens pour ne pas chuter. Ça pourrait ajouter à ton mal être précédent, mais pour l'heure tu n'y penses pas. Tu as cette idée en tête. Cette probable nouvelle très mauvaise idée. Mais une idée que tu ne laisses pas passer. Tu as merdé. Tu veux réparer. Tu te dis juste que, si tu parviens à abattre le titan que vous avez laisser passer et qui a pris tant d'avance par votre faute, il n'y aura plus le moindre problème. Ce sera réglé. Il n'y aura plus qu'à retourner chacun à son poste, et faire passer l'information des soldats perdus au centre. Comme ça … dans ta tête, ça te paraît tellement simple. Seulement, tu essuies en premier lieu un refus clair et net. Un « non tranché qui te fais immédiatement froncer les sourcils et qui fait monter d'un cran supplémentaire la pression qui s'accumule en toi. T'es déjà prête à lancer ta tête en arrière pour le cogner à nouveau et le faire descendre de ce cheval afin d'avoir le champ libre pour foncer. « On est les plus proches, il est juste là. Il pourrait balayer une escouade entière si on se bouge pas ! » Et franchement, tu n'as pas envie d'avoir encore un mort sur la conscience. Celui que tu portes depuis tant d'année te sembles déjà assez lourd comme ça, tu ne tiendras pas un tel poids supplémentaire sur tes épaules. Alors oui, tu es prête à batailler à nouveau pour au moins tenter ta chance. Sauf qu'à ta grande surprise, voilà qu'une de ses mains se détache de toi, elle vient attraper la tienne, tirer sur les rênes et si pendant un instant, tu le penses en train d'essayer de poursuivre sa route pour rejoindre Bailey, il n'en est rien. Cinq minutes. Et le cheval de nouveau lancé au galop, tu as cet instant de flottement, durant lequel tu baisses les yeux sur ces mains, l'une accrochée à la tienne, l'autre toujours sur ton ventre. Tu tournes légèrement la tête, comme pour tenter de l'apercevoir, derrière toi … Mais tu abandonnes l'idée. Et tu sers plus fort les rênes entre tes doigts, et tu reprends un peu de contrôle, tu te sens de nouveau cavalière sur ta monture, fonçant directement sur ce titan qu'a pleine vitesse, il vous faut à peine deux minutes pour rattraper. De la marge, vous n'en avez pas. Et tu sais quoi ? Bien vite, tu te rends compte de la difficulté que ça va être pour manœuvrer et atteindre ce titan. Les quelques arbres qui se trouvent dans les parages sont loin d'être assez solides pour vous permettre de vous y accrocher. Le reste du terrain est plat. Et ce titan est bien plus grand que ce que avait pu t'imaginer en le voyant de loin. Quatre mètre. Peut-être même cinq.

Tu te mets à analyser, t'as pas le temps, Saskya. Alors tu sers la mâchoire, et d'une impulsion bien perceptible, tu pousses le cheval, encore, et encore. La pauvre bête ne tiendra pas longtemps à ce rythme, surtout pas avec deux cavalier sur son dos. Cependant, elle parvient quand même à le doubler, à se placer devant lui, à quelques mètres à peine, et à maintenir sa position. Du coup, tu relâches les rênes, tu dégages ta main de celle de l'homme qui se tiens derrière toi, et tu glisses la lanière dans sa main avant d'attraper la main qui reste accrochée à toi. Tu te contorsionnes quelques secondes, mais finalement, tu parviens finalement à te retourner. Assise à l'envers sur ta monture, face à l'homme qui t'accompagne, tu attrapes rapidement les poignets de ton équipement. « Cette fois, c'est moi qui fait diversion. Fait pas le con. » Et tu te penches sur le côté, tu lances tes grappins … directement sur la créature avant de donner du gaz pour quitter le cheval, pour décoller dans les airs et foncer droit sur ce titan lancé en pleine course.

Du temps … Tu n'en as pas. Il te reste quoi ? Deux minutes. Il t'en donnait cinq, à la base, et ce n'est pas tomber dans l'oreille d'un sourd. Tu n'as pas pris ça à la légère. Tu l'as pris au pied de la lettre, si bien dans ton cerveau, il y a ce chronomètre en marche maintenant. Tic, tac. Tu l'entends. A chaque seconde qui passe, s'écoule. A chaque seconde que tu perds à essayer de réfléchir à une action censée, sans prendre trop de risque. Le truc, c'est qu'au final, tu te rends compte que c'est pas possible. Il n'y a aucun moyen de réussir de manière sécurisé, le seul moyen que tu as de tenter quelque chose, c'est d'y aller directement, de lui foncer dessus, et le seul endroit où tu peux accrocher tes crochets pour tenter une manœuvre … c'est lui, tout bêtement.

Si Hodgen était dans les parages, tu sais qu'il serait probablement en train de grogner. C'est typiquement le genre d'action qu'il est capable de mener en solo, mais qu'il n'autorise pas aux autres parce que c'est bien trop dangereux. Le problème, c'est que t'as pas tellement le choix, parce qu'il est hors de question que tu fasses ralentir ce cheval, et que tu abandonnes la partie. Que tu laisses ce titan continuer sa course. De toute façon, c'est trop tard. Il vous a vu. Sa cible, c'est vous, et dévier, retourner auprès de Bailey maintenant, c'est prendre le risque de l'entraîner avec vous vers les lignes de front. Alors, oui. Tu te lances. Le plan est simple ; tu y vas, et c'est tout. Tu le nargues, tu attires son attention sur toi, juste toi. Tu fais en sorte d'être sa proie la plus facile, histoire de laisser le loisir à ce type dont tu ne connais même pas le prénom de lui régler son compte.

Et au départ, les choses se présentent plutôt bien. Tu atterris sur l'une de ses épaules, et tu montes, tu redescends, tu sautes, tu passes sous son nez, devant ses yeux, à plusieurs reprises, toujours plus vite. Ton petit manège à au moins pour effet de le faire ralentir, il est bien trop concentré sur toi pour continuer sa course, cela dit, il s'agite pas mal et à ta grande surprise, il est plutôt dégourdi, à chaque fois, ses doigts passent un peu trop près de toi, et ça te force a augmenter le rythme de tes esquives, et de tes mouvements. Le problème de cette équation, c'est qu'en faisant ça, tu te fatigues, déjà, et qu'en plus, tu consommes énormément de gaz. Du coup, ton manège ne dure finalement pas bien longtemps, et au bout de plusieurs minutes, tu ralentis, et il te frôle, jusqu'à te faire trébucher, puis rater une accroche. Heureusement, la créature finit par s'affaisser lorsqu'enfin sa nuque est tranchée … et peut-être que tu te reposes un peu trop sur tes lauriers à ce moment là, mais tu réagis trop lentement. Parce que oui, il bascule de ton côté, et quand tu le vois, tu essaies d'envoyer du gaz pour te tirer de là, pour échapper à cette grosse main, en vain. C'est vide. Alors tu tires juste sur tes crochets, tu les détaches tant bien que mal pour te laisser tomber, et tu glisses le long du bras du titan avant de littéralement voltiger lorsque celui-ci touche enfin lourdement le sol.

Quelle merde aujourd'hui, hein Saskya. C'est la seule chose à laquelle tu penses, quand tu te sens décoller dans les airs. Avant de retomber lourdement, tu te dis que c'est clairement pas ton jour. Il y a moins d'une heure, c'était l'ennui total, maintenant, c'est le chaos. Entre cette histoire de titan dans la grange, ce type qui agis bizarrement et ces souvenirs qui remontent à la surface, qui t'empoisonnent à nouveau subitement, sans explication. On peut le dire. T'es servie. Et d'ici cinq secondes, environ, peut-être même moins, tiens, tu vas t'éclater au sol pour la seconde fois de la journée, et tes côtes vont probablement à nouveau souffrir des cailloux. Tu vas peut-être même te prendre un rocher en pleine tête, ou te casser un os ou deux en tombant. On sait pas. Ce sera la surprise …

Mais tu vois, ce qu'il y a de marrant dans les surprises, bah c'est que c'est surprenant, justement. Et au lieu de sentir le sol, la terre, le gazon humide et les graviers, tu sens simplement deux bras qui t’enserre, tu te retrouves prisonnière juste avant de chuter. Et la rencontre avec le sol est bien moins fracassante que prévu, évidemment, tu l'as senti passer, c'est certain, mais le choc est moindre. Et même par terre, tu restes là, entre ses bras. Tu ne peux pas bouger de toute manière, parce qu'il ne desserres pas son emprise, il te sers fort, et toi, tu te rends compte que sous l'effet de la peur, ou simplement par réflexe, tu t'es accrochée à sa chemise de toutes tes forces. Tu l'entends. Il râle. Il grogne. Et toi, tu essaies juste de reprendre ton souffle, alors tu ne bouges pas, tu ne réponds pas non plus.

Quand il te relâche, tu roules légèrement sur le côté, et tu te retrouves allongée au sol, sur le dos, les yeux grands ouverts à juste … observer les nuages qui passent au dessus de vos têtes. Vous êtes encore en train de perdre du temps, oui, mais tu te dis que tout vas bien, parce que vous l'avez éliminé. N'est-ce pas ? « Je vais bien. » Finis-tu par répondre, machinalement. Et c'est ce qui te sors de ta contemplation des nuages, au final. Et tu finis par tourner la tête, pour l'observer quelques secondes avant de te redresser, de faire craquer quelques unes de tes vertèbres malmenées et de souffler. « Beau boulot en tout cas. » Tu n'aurais pas pu le faire seule, alors, oui, ça méritait d'être souligné.

Tu te remets de nouveau sur tes jambes, et puis, une nouvelle fois … la même scène que tout à l'heure, ou presque. Tu te penche sur lui, tu lui tends ta main. « Merci ... » Et là, ça te frappe. Un peu tardivement, oui. Tu as entendu ton prénom de sa bouche, tout à l'heure, mais tu ne sais même pas comment il s'appelle alors qu'il vient de te sauver la mise. « C'est quoi ton nom, au fait ? »

Si tu prends le temps, c'est juste parce que tu te dis que, c'est bon. Il n'y a plus qu'à prévenir. Le fumigène est parti. Le titan est arrêté. Les choses sont plus ou moins rentrées dans l'ordre si l'ont omet bien sûr les quelques soldats perdus. Seulement voilà. Lorsque tu l'entends parler d'un second titan, tu as un moment de panique. Tu as, pendant un instant, l'idée de remonter à cheval et de continuer sur ta lancée, seulement … tu la chasses, et tu redeviens raisonnable. C'est pas la peine de lui courir après. Si vous êtes parvenus à rattraper celui-là, c'était de justesse. Alors tu penses que tenter de rattraper l'autre, c'est peine perdu. Finalement, votre bêtise n'est qu'à moitié effacée, et il ne te reste plus qu'à espérer qu'il s'en sorte avec le dernier, à l'arrière.

Cette main tendue, cette fois, il vient s'en saisir, et tu tires dessus, bien campée sur tes pieds pour l'aider à se remettre sur ses jambes. Bien vite, il est debout, juste devant toi, et il fait un pas en arrière tandis que toi, tu prends le temps d'épousseter rapidement tes vêtements de quelques gestes de main rapides. Lorsque tu redresses la tête, un peu trop vivement, c'est parce que tu l'entends s'excuser. Et tu ne sais pas pourquoi, mais sur le coup, ça résonne bizarrement dans ta tête. Tellement bizarrement qu'au final, tu ne trouves pas quoi répondre. Tu ne sais même pas si tu dois t'excuser aussi. Tu te dis que ça n'a pas vraiment de sens parce que, tu n'as rien fait de mal à la base, mais vu qu'il le fait … Rha. Non. Tu laisses tomber, c'est tout. A la place, tu te concentres juste sur le prénom qu'il te donne, en hochant la tête et puis … tu te figes quelques instants. Est-ce qu'il vient de te demander comment tu t'appelles ? Il a pourtant dit ton prénom tout à l'heure. Tu l'as entendu. Bien distinctement. Non ? « Saskya. Mais tu l'as … Hm. Non, rien, laisses tomber. Saskya. » Peut-être que tu as rêver. Imaginer. Après tout, c'était pile au moment où tu as ces réminiscences soudaines. Tu as pensé entendre Kanaan t'appeler, si c'est pas complètement ridicule, ça, franchement. Il est inutile que tu t'affiches avec une remarque étrange à ce propos. Tu l'as imaginé. Point. Tu as du te cogner. Ou alors étais-tu simplement un peu secouée après ta chute. Ce sont des choses qui arrivent.

Tu finis par hocher la tête, et il siffle ton cheval qui revient immédiatement en entendant l'appel si caractéristique. La remarque de Micah te fais légèrement sourire. « Oui, ça s'appelle le dressage. » Et si c'est une remarque un peu moqueuse pour faire référence à ce maudit cheval qui par deux fois avait juger bon de se faire la malle dès qu'il y avait eu un peu d'agitation. Cependant, pour cette fois, ce n'est en rien une remarque agressive. Au contraire. C'est presque une tentative pour … plaisanter. Ouais. Tu offres une caresse à ta propre monture, parce que franchement, on ne peut pas dire le contraire, il a assuré, et puis, tu en fais le tour … et soudainement, ses mains viennent à nouveau se placer de chaque côté de tes hanches. Il va te soulever, comme tout à l'heure, cependant, cette fois, il te demande ton accord et tu le lui donnes, d'un simple signe de tête.

Une fois sur ta selle, tu commences par attraper les rênes mais … tu finis par les relâcher, et d'un geste sûr, tu te décales vers l'arrière pour laisser la place du cavalier libre. « Prends les rênes. On va du côté de ton équipe, après tout. » Lâches-tu alors, détournant un peu la tête comme si une part de toi avait honte de ce brusque revirement.