L’air est frais et sur ses bras, les frissons se font de plus en plus fort. Micah n’est pas un frileux, et il sait bien que c’est la présence de cette fille qui l’atteint plus que la température. Assis à quelques pas d’elle, il ne sait pas vraiment ce qu’il attend. Il voudrait s’expliquer, au moins lui faire comprendre qu’elle ne l’aide pas en le fuyant, mais il a abandonné depuis bien longtemps l’idée de parler. Il n’est pas clair, il suffit d’entendre les soupires de Fahim en lui.
Et quand elle parle, quand elle redit exactement ce qu’elle a déjà dit, il s’hérisse, ouvre la bouche, sourcils froncés. Mais le silence perdure. Le temps lui arrache sa colère et le fait retomber contre le tronc. Il soupire, longuement et puissamment. Il peut bien y réfléchir et retourner ça dans sa tête, il ne voit pas comment changer les choses. Il ne partira pas, il ne lui permettra pas de partir, comme il ne sait pas interagir avec elle sans sa haine.
Et d’un seul coup, elle prononce les mots qui tournent dans sa tête. C’est ça, c’est la merde. Entre eux. Dans sa tête. Pour lui. Sûrement en elle aussi si elle le dit. Et d’un seul coup cette idée éclate dans sa tête. Il se redresse un peu, cherche sa forme sur la branche. La blonde est aussi remuée que lui par ce qu’il se passe ?
« Saskya. »
Il s’arrête. Prononcer le prénom de la jeune femme pour la première fois lui fait bizarre. Comme s’il possédait avec ce simple mot un pouvoir nouveau. Comme si les possibilités devenaient plus larges, plus nouvelles. Et d’un seul coup ça lui prend. C’est comme… comme… un feu qui explosait en lui. Habituellement, ça brûle en lui, dans le fond de son âme. Mais là, là…
« Je… »
Sa voix est si grave, si rauque. L’incendie n’est pas au fond de lui. Il enflamme son cerveau, il semble rendre le monde mouvant. Et sans le voir, sans se sentir bouger, sans entendre la voix de Fahim ou ses tentatives pour l’arrêter, Micah se glisse sur la branche. Sa main se tend et sans demander la permission, il l’attrape par la main, il la tire pour la rassoir.
Sur son visage, son visage est pâle, mais ses yeux sont écarquillés comme s’il était sous l’effet d’une drogue. Son corps émet une chaleur intenable, et Micah ne voit plus rien. Il n’y a qu’elle. Uniquement elle. Et d’un seul coup, sa main se tend, s’accroche à sa nuque. Il ne devrait pas, il ne sait même pas s’il en a envie. C’est juste… impérieux.
Ses lèvres s’écrasent sur les siennes sans douceur. Il ne sait pas y faire, il n’a jamais eu de douceur. Il veut juste la posséder, partager autre chose que cette colère qui les soulève tous les deux. Et il n’a visiblement trouvé aucune autre solution… et à bien y réfléchir, il n’a juste pas réfléchi. Ce baiser est aussi instinctif qu’étrange. Mal venu.
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Saskya Wynisen
Saskya Wynisen
« wings of freedom »
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Saskya Wynisen
Lun 13 Avr - 21:29
Tu sais pas trop ce que tu regardes là-haut. Tantôt le mouvement lent des branches qui dansent au rythme du vent léger, tantôt le ciel à travers les feuillages, tu parviens à y discerner quelques étoiles, parfois, et rien que parce que ça te divertis assez pour t'empêcher de te redresser, ou encore de parler, tu trouves ça fascinant et plaisant. C'est ce que tu aurais du faire depuis le début, en fait. Juste … juste rester toi-même, la Saskya habituelle, celle qui reste dans sa bulle et qui ne laisse personne y entrer, ou même juste l'effleurer. C'est bien mieux ainsi. Ça te donne l'occasion de souffler, de respirer. Tu sais que Micah est là, juste à côté de toi, mais étant donné que le silence s'est installé entre vous, tu pourrais presque trouver sa présence apaisante, tout autant que sa respiration que tu discernes parfaitement de la brise fraîche.
Le problème, c'est que le silence ne s'éternise pas, comme tu l'aurais imaginer, ou espérer. La voix de l'homme résonne à nouveau … et à nouveau, tu l'entends prononcer ton prénom. C'est différent, cette fois. Ce n'est pas une supplication, c'est encore autre chose. Sa voix n'est pas la même. Plus rauque. Elle n'est pas bouleversante, bien qu'elle te fasse frissonner, elle est en réalité séduisante. « Hm ? » C'est tout ce que tu trouves à répondre. Parce que oui, au final, tu réponds. Tu ne bouges pas, tu restes allongée, tes jambes se balançant lentement, en un rythme régulier. Tu restes en attente de la suite, tu l'entends commencer, s'arrêter, et puis, soudainement, tu te sens tiré en avant, tu sens sa main qui emprisonne la tienne, tu te retrouves assise, les yeux grands ouverts. Il a encore réussi à t'avoir par surprise, si bien que tu t'entends déjà lui balancer une remarque, à ce sujet. Tu n'en auras ni le temps, ni l'occasion. Parce que oui, sa main approche, se pose sur ta nuque, t'attires à lui et brutalement, tu sens ses lèvres venir prendre les tiennes, sans la moindre délicatesse, sans la moindre douceur. Personne ne t'as jamais embrassé. Tu n'as jamais embrassé personne non plus. Tu as eu beau y penser des dizaines, et des dizaines de fois … à chaque fois, la réponse qui revenait, c'était toujours la même. Si t'avais un jour aimé quelqu'un, ce quelqu'un était mort aujourd'hui. Entre temps, t'avais jamais ressenti ni l'envie, ni le besoin de t'approcher quelqu'un de la sorte, et tu n'avais jamais laissé personne le faire non plus.
C'est pour ça que tu restes figée, pour ça aussi – peut-être – que t'as un grand moment de panique, que ton cœur s'emballe dans ta poitrine, et ça remue ton estomac. T'es complètement perdue, parce que, tu sens au creux de ton ventre à quel point ça te plaît. Bien pour ça que tu le pousses un grand coup, tes deux mains frappes son buste pour l'éloigner de toi, et tu recules, tu te lèves, maladroitement, tu fais plusieurs pas en arrière, tu glisses, une fois, deux fois, t'as pas le moindre équilibre sur ta branche, si bien que tu penses chuter au moins trois fois en l'espace de cinq secondes à peine. « Qu'est-ce que ... » Tu ne sais même pas ce que tu veux lui demander, ce que tu veux savoir. Qu'est-ce qu'il veut. Qu'est-ce qui lui a prit ? Qu'est-ce qu'il fait ? Tout ça en même temps. « Pourquoi t'as fais ça ? » T'as élever la voix, maintenant, mais elle se brise bien vite. « Je t'avais pourtant dit de rester loin de moi ... » Et tu dis ça d'une telle manière, Saskya, comme s'il avait ruiner quelque chose. Tes efforts, sans doute. Comme si maintenant, c'était trop tard … comme s'il venait de t'entraîner dans quelque chose que tu redoutais.
Kanaan Frei
Kanaan Frei
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Kanaan Frei
Lun 13 Avr - 21:54
Je te dis qu'il faut prendre soin d'elle !
Saskya & Fahim/Micah
STOP Dans sa tête, alors qu’il tient la jeune femme contre lui, contre sa bouche, Micah se sent aspiré. Il se retrouve là où ils vivent tous. Debout sur l’estrade, dans le puits de lumière qui lui offre la vue sur le monde. Plus bat, blotti sur un tout petit lit d’enfant, Kanaan dort, le visage noyé de larmes comme bien souvent. Ce qui a ramené le trentenaire loin du monde c’est autre chose.
Fahim a la main sur lui, sur son épaule et l’a en partie tiré hors du spot de lumière. Son visage est figé d’effroi et ce qu’il pose comme regard sur Micah est glaçant. Un mélange de choc, de dégout et de peur. Et sa main se serre plus fort sur son épaule.
« Lâche-moi. La voix de Micah est pleine de danger. -Tu vas la blesser. Celle de Fahim déborde de sentiments contradictoires. -Je n’ai rien fait que l’embrasser. Je n’ai même pas mordu. -Je ne parle pas de blessure physique… Fahim ne le lâche pas, il s’avance dans la lumière. Que vas-tu faire si ça l’attaque mentalement ? -Alors je la protégerai. -De toi-même ? -... -Laisse-moi nous excuser et partir. »
Quand Fahim a un ton si sérieux, si certain de lui-même, Micah l’écoute. Habituellement il entend le son de sa raison et s’y rallie. Mais habituellement il n’y a pas Saskya en jeu. Et d’un seul coup, la main de Micah fond sur sa gorge. Il le serre, fort. Il sent sa douleur parce qu’elle est sienne aussi. Et quand il se penche vers lui, la folie est d’ores et déjà présente.
« Ne t’avise pas de lui parler. Et il l’envoie bouler plus loin dans l’ombre. -Et comment vas-tu m’en empêcher ? Murmure Fahim, blessé. -Je t’endormirai de force si tu ne m’obéis pas de force ! »
Le silence dure, s’étend, s’étire, devient gluant et pensant. Et finalement Fahim se relève et recule de la scène. En silence, il retourne s’asseoir sur son lit. Et son murmure parvient à Micah comme s’il lui parlait au creux de l’oreille. “Ruine tout, alors.”
PLAY Les coups de Saskya le font reculer d’un coup, et avant que Micah ne réagisse et ne puisse la retenir, elle s'échappe, encore. À croire qu’elle n’est bonne qu’à ça, qu’à fuir, à le rendre dingue. Et vraiment Micah se rend bien compte qu’elle agit sur lui comme une friandise que l’on agiterait sous son nez. Il la veut, il en est certain maintenant, même s’il n’en comprend pas le sens. Et la voir partir le rend dingue.
Quand il la voit glisser, plusieurs fois, l’homme se redresse à son tour, vivement, presque paniqué. Ses mains se tendent pour l’attraper, l’empêcher d’aller se tuer en tombant, et se figent devant sa voix. Et pendant quelques instants, Micah a la sensation qu’on compresse son âme, qu’on l’écrase, qu’on va le réduire à néant.
« Je ne veux pas rester loin. Sa voix est rauque et pourtant il lui obéit. Il recule d’un pas, puis d’un second jusqu’à ce que le tronc retienne son mouvement. Je refuse de te regarder partir. »
Pourquoi dit-il ça ? Il n’en est pas sûr, mais il semblerait que c’est ce qu’il ressent ou en tout cas la décision qu’il a prise. Et finalement, il avale sa salive, et si l’un de ses bras retombe mollement le long de son flanc, il tend lentement une main ouverte vers elle, comme pour… l’arrêter ? L’appeler à venir ? La retenir ? S’offrir ?
« Je n’ai pas réfléchi. Je voulais partager ça avec toi. Aucun filtre aucune limite, Micah s’enfonce. Tu vas t’enfuir ? »
Et c’est à son tour de poser une question. Si elle part, Micah préfère le savoir maintenant, même s’il risque de ne pas le prendre bien.
(c) DΛNDELION
Saskya Wynisen
Saskya Wynisen
« wings of freedom »
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Saskya Wynisen
Lun 13 Avr - 22:39
C'est pas possible. C'est pas vrai. Non … c'est encore ton imagination. Tu débloques. Avec un peu de chance, tu as fini par t'endormir sur ta foutue branche et t'es juste en train de faire un rêve bizarre. Ouais. Pas du tout le genre de rêve qui te ressemble, mais, un rêve, c'est toujours plus facile à gérer que la réalité. Un rêve, ça te concerne toi et uniquement, tu peux le gérer, tu peux choisir de l'ignorer, et si tu peux pas l'effacer, tu peux juste l'ignorer, ça marche très bien. Alors ouais, tu te mets naïvement à espérer que c'est qu'un rêve à la noix. Le truc, c'est que t'es pas assez stupide pour te bercer d'illusions plus de trente secondes. Tu as juste totalement perdu le contrôle, Saskya. Il n'y a qu'à voir comme tu trébuches, comme tu glisses, comme tu peines à tenir droite sur cette branche, il n'y a qu'à voir à quel point tu paniques. Comme une enfant, une enfant qui se retrouve dans une situation inédite qu'elle ne sait pas gérer … une enfant perdue, et donc, le genre d'enfant que t'as jamais été.
Tu le savais. T'aurais du être plus radicale. T'aurais du faire comme à l'époque et partir loin, pour de bon. T'aurais du être bien plus ferme, et t'aurais pas du le laisser revenir près de toi. Tu sais pas pourquoi t'as pensé que tu pourrais gérer et que tout irait bien. Encore une fois, t'as bien merdé, et c'est la deuxième putain de fois la journée. Le truc, c'est que les titans, les morts, les problèmes de mission, ça se gère. Ça te parais même foutrement facile à côté de ça. Ça c'est … En fait, c'est simple, t'as l'impression d'être face à une montagne de nœuds. Le truc complètement infranchissable. Et lui … lui, là, en face de toi. Lui qui subitement à l'air tout aussi paumé que tu l'es. Lui qui refuse de rester loin, et qui pourtant recule un peu. Lui qui refuse de te voir partir. Il te tends la main, et tu baisses les yeux, tu la fixes cette main. Comme lorsqu'il t'as embrassé, tu ressens l'envie au creux de ton ventre, l'envie de la saisir, tout bêtement.
Sauf que tu peux pas. Pourquoi ? T'en sais rien. C'est encore un truc que tu t'imposes pour des raisons qui sont en toi, mais que tu n'identifies même pas. Ça te tue. Tu sais ce qui va se passer. Tu le sais. C'est juste inévitable. « Pourquoi ... » Il est fou. C'est tout. C'est ton explication, c'est la plus plausible, la plus logique et surtout, c'est celle que tu peux accepter le plus facilement. T'as pas besoin de réfléchir, pas besoin d'essayer de comprendre. « Tu m'connais même pas ! » Et tu cris. Ça fait mal de parler. T'as la gorge serrée, et puis, t'as pas envie de pleurer devant lui comme une idiote, parce qu'après tout, tu le connais pas non plus. Ce serait ridicule, n'est-ce pas. « Micah j'ai ... » T'as rien du tout. Ça ne peut tout simplement pas bien se passer. Pas avec toi. T'es un poison, t'as fini par t'y faire, et lui, il a juste commis l'erreur de s'approcher un peu trop près. Point. A la ligne. Ça s'arrête là. « Ne me suis pas. » Et tu bascules. Comme si tu te laisses juste tomber dans le vide, et d'ailleurs, c'est ce que tu fais un court instant avant de freiner ta chute pour regagner le sol avant de juste … t'enfuir.
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