Quel rendez-vous raté. J’avais vite fui le restaurant où je dînais avec un certain Danny. Un type qui parlait un trop de lui même. Je n’avais donc même pas pris de dessert pour venir à la taverne où je savais que je pouvais trouver quelques amis. Histoire de pouvoir me plaindre un peu et passer ensuite une meilleure soirée. 


Sauf que je n’avais pas eu l’acceuil que j’avais espéré.


Quand je suis arrivé, les conversations se sont stoppés. Quand j’ai raconté mon rendez vous, je n’ai eu que des soupirs agaçés. J’avais vite finir par m’enfermer dans mon mutisme pendant qu’eux parlaient  de choses dont je n’étais pas au courant. Visiblement, ils faisaient leur vie sans m’en parler. Sans avoir besoin de moi non plus. Quand l’un d’entre eux proposa de finir la soirée chez lui, je leur annonçai que je préférais rester. Disant que j’allais bientôt rentrer. Personne n’insista pour que je vienne. Tout le monde s’en moquait visiblement.


Je restais alors à table, le regardant tous partir sans un regard en arrière. Un profond soupir m’échappa alors que je portais mon verre à mes lèvres. Je m’étais rarement sentie aussi seule. Il fallait croire que je n’étais pas douée pour construire des amitiés durables. Ou alors je ne tombais pas sur les amis qu’il me fallait. En tout cas, je me retrouvais sans personne à qui parler, à qui me confier. Je me demandais ce que j’avais bien pu faire pour être ainsi abandonnés. C’est avec ses sombres pensées que je me commandais un autre verre. Peut-être que si j’étais de meilleur humeur, avec mon d’alcool dans le sang, j’aurais remarqué ses regards qui lorgnaient vers mon décolleté. Mais je ne les vis que quand ils s’approchèrent de moi, s’installant sur les sièges en face. « Alors ma jolie, qu’est ce qu’on fait toute seule ? On peut passer une peu de bon temps avec toi. » Ils étaient deux, et visiblement bien plus alcoolisé que moi. Je n’avais pas encore assez bu pour ne pas reconnaitre les signaux de danger. Je me levais alors. « Non merci messieurs. Je dois y aller. Je suis attendu. » J’espérais sous entendre que si je ne rentrais pas vite, quelqu’un viendrait à ma recherche. Je déposais le prix de mes boissons sur la table et me dirigeais vers la porte sans un autre regard envers eux. C’était sans compter que leur réaction. Je sentis une main se refermer sur mon poignet. Je me retournais, pour sentir maintenant leur haleine avinée. « Pars pas sans nous ma jolie. C’est malpoli. » La peur se logea dans mon estomac, y accaparant toute la place. « Lachez-moi. » J’avais envie de pleurer, de crier. Mais la peur bloquait ma voix. Pire, il m’attira contre lui, passant son autre main autour de ma taille. Je tentais de me dégager, sans succès. Par pitié, que quelqu’un me vienne en aide.

Affalé dans un coin du bar, tu regardes distraitement le monde qui s’y entasse par cette chaude soirée d’été. Tu bosses aujourd’hui Merle. Comme tous les jours d’ailleurs. Y’a pas un jour où tu ne fais rien de tes dix doigts. Si tu n’es pas derrière le bar à préparer les boissons, tu es en salle en train de servir leurs assiettes aux clients. Quand tu ne travailles pas en temps que serveur au Poney Fringuant, tu assures la sécurité au sous sol clandestin d’une auberge plus loin. Et lorsque tu casses pas un bras au sale type qui essaye de se carapater sans payer le pari qu’il a perdu, t’es bien souvent en train de casser la gueule du pauvre mec qui se trouve sur l’estrade en face de toi, prêt à en découdre. Enfin, quand tu ne fais rien de tout ça, t’arrondis tes fins de mois en emportant de la marchandise illégale à l’autre bout de la ville. Et lorsque t’es crevé et que t’en peux plus… on peut sans doute te retrouver sur un toit, contre une cheminée en train de lire un bon bouquin.

Ouais. Tout de suite ça casse le look du mec connard et rebelle hin?

Tu pousses un lourd soupir. C’est que l’air commence à devenir franchement irrespirable là où tu te trouves. C’est pile au moment où tu te dis que tu commences à te faire chier qu’un groupe entre dans la taverne en te faisant de grands signes. Après un grognement, tu lances ton torchon sur le comptoir et entreprends de remplir des chopines de bières qu’ils n’ont même pas encore commandées. Clope au bec, allures négligé, voilà trois mecs et deux nanas moins vêtues que la normal qui décident de poser leur cul juste à côté de toi. “ Alors. Elle était bonne celle d’hier? “ Que commence à te demander leur premier mec, dont tu sens déjà l’haleine avinée. Tu hausses les épaules avant de repartir travailler dans ton coin, non sans revenir régulièrement vers eux, déjà en train de critiquer les villageois présents et roucoulant osément. Enfin. De manière osée pour les prudes se trouvant dans la taverne parce que toi… t’es habitué à leur comportement maintenant.

C’est tandis que Sparrow zieute la salle avec des yeux plissés qu’il finit par se tourner vers toi, un grand sourire aux lèvres, les pupilles dilatées par tu ne sais quelles substances. “ Mate moi la gonzesse là-bas. “ Qu’il dit en te tapant sur le bras et en basculant sa copine pour qu’elle la regarde aussi. Tu lances un regard ennuyé dans la direction qu’il te donne, remarquant sans difficulté une rouquine appuyée au bar, totalement seule après que ses partenaires l’aies délaissée. “ Oh. J’l’ai entendu parler. Elle a l’air d’être tellement coincée comme nana. “ Glousse Tara tout en recommençant à embrasser langoureusement le cou de son ami sous les visages outrés de certaines personnes. “ Arrête. Chuis sûr que Merle te la décoincerait en un rien de temps ! “ que réplique ton pote en te regardant, railleur. Tu lèves les yeux au ciel avant de reprendre ton ménage. Mais Tara n’a pas l’air décidé à te laisser tranquille. “ Tsss… On voit que t’as jamais eu à faire à ce genre de… gamine. Ça croit au prince charmant et ça se préserve pour le mariage. Je suis sûre qu’elle sait absolument pas s’amuser… Aucun risque qu’elle se laisse aller avec notre petit Merle. “ Tu lances le chiffon sur le bar, frustré et lui lançant un regard noir. “ On pari? “ T’aimes pas ça Merle, qu’on dise que tu serais incapable de faire quelque chose. Toi quand on te met au défi… bah tu les relèves. Parce que tu veux pas passer pour un moins que rien. Et les filles… c’est ton domaine. “ Je te pari que je couche avec elle sans même prononcer le mot mariage. “ La brune te sourit, le regard mauvais. “ T’as un mois Merle. Pas un jour de plus. Et je veux une preuve. “ Tu hausses un sourcil, dubitatif… Mais finis par acquiescer.

Et tu vois… t’as pas besoin d’attendre longtemps avant de trouver un moyen de l’approcher. Le ciel t’envoie un signe. Parce que tu vois les deux clampins de service se diriger vers elle et… et quoi, c’est une tentative de séduction ce qu’ils lui font là, vraiment? Tu pousses un lourd soupire, lance un regard appuyé à tes amis “ Prends en de la graine chéri. “ Que tu lances à Tara avec un clin d’oeil arrogant et après lui avoir donné une tape sur les fesses avant de passer par dessus le bar pour saisir le bras de l’un des hommes. “ T’as pas entendu la demoiselle Djason? Elle t’a dit de la lâcher. “ Sans plus de cérémonie, tu lui attrapes le poignet et lui fait une clé de bras afin de le plaquer contre la table la plus proche, envoyant les chopines au sol. “ Quand une femme te dit non. C’est non. “ Tu le relâches et te retournes vers le second qui se tient toujours près de la demoiselle. “ T’as quelque chose à ajouter pt’être Kamil? “ Un regard de tueur sur le visage, tu t’approches d’un air menaçant. Tout prêt. Tu le fais reculer vers le bar, jusqu’à ce qu’il trébuche sur un tabouret et s’écroule, dos à la porte. C’est seulement là que tu récupères ta veste et, après un dernier regard à l’homme, tu poses ta veste sur les hommes de la jeune femme, lui tendant la main. “ Venez. Sortons d’ici vous avez besoin d’air. “ Tu lances un sourire arrogant à Tara qui t’observe du bout de la salle et finit par sortir après la fille.

Tu la fais avancer tranquillement jusqu’à un endroit un peu plus tranquille. Les maisons finissent par s’espacer afin de révéler quelques jardins. “ Ici vous pourrez vous posez quelques minutes. “ Tu finis par t’arrêter pour te tourner vers elle. “ Vous allez bien mademoiselle? Voulez-vous que je vous raccompagne chez vous? “