Le vide. Le néant. ça te caractérise bien ça Bailey depuis quelques temps. Tu vois, depuis que tu es de retour après cette pseudo mission suicide. Depuis que certaines choses t’ont frappées en plein visage, des choses auxquelles tu n’as pas pris le temps de réfléchir, mais sur lesquelles tu te pencheras sans doute, un jour. Tout cet enchaînement de mauvaises nouvelles, d’embûches ont fini par avoir raison de toi mon pauvre. Tu ne sais ce qui est le pire, sans doute la trahison de Ainsley au final, puisque c’est comme ça que tu la vois mais… Tu vois, très sincèrement tu es perdu mon pauvre. Toutes les émotions t’ont comprimées le coeur. Tu as eu peur. Tu as été furieux. Tu as espéré. Tu as été anxieux. Tu as été perdu. Tu as éprouvé de la joie. De la colère. De la haine même. Et maintenant… Maintenant toutes ces émotions ont laissé un vide immense en toi et… La seule chose que tu sais, c’est que pour le moment tu n’es plus que l’ombre de toi même.

Et c’est bien pour ça que tu as fini par aller voir le Major. C’est bien pour ça que… tu lui as demandé du temps pour toi. Un répit. Et si tu savais qu’il n’allait pas apprécier cette demande, tu as tout de même décidé de la faire. Tu préfère te faire cracher dessus, tu préfères qu’il grogne, qu’il te menace de ne plus pouvoir retrouver ton insigne de caporal plutôt que de mettre en péril les deux seuls hommes qui sont toujours à tes côtés. Hartmann et Démétrius. Il ne mérite pas que tu les mettes en danger tout simplement parce que tu ne réussis pas à démêler tes sentiments. Tout simplement parce que tu as lamentablement échoué ces derniers temps.

Alors tu vois… Tu pensais que tu serais lâche, mais t’es tout de même allé voir tes hommes pour leur annoncer la nouvelle. S’ils ont été surpris, s’ils ont encaissé la nouvelle… Démétrius n’a pas bronché comme à son habitude. Il a simplement fait un mouvement de tête pour te montrer qu’il accepte ta décision. Quant à Ezéchiel… Tu as bien vu de la peine dans ses yeux, tu as bien vu qu’il semblait prêt à te secouer comme la dernière fois, lors de la mort d’Erina mais… Tu ne le laisses même pas essayer. C’est triste à dire Bailey. Mais tu as besoin de partir. Loin de tout le monde. Tu ne veux plus les voir pour le moment, pas même Hartmann. Tu as besoin de te poser et de réfléchir à ton avenir… Seul.

Alors tu leur a tourné le dos, tu as pris ton étalon et… T’es parti sans un regard en arrière. Et tu vois, même si t’es vide, tu le sens, ce poids dans ton coeur tandis que tu quittes le quartier général parce que… parce que la guerre, la mort… ça a été toute ta vie jusqu’à maintenant. Pourtant il te reste une chose à faire, une seule avant de t’éloigner de tous. Alors tu frappes à sa porte, doucement. Pas comme la dernière fois où tu croyais que tu allais défoncer sa porte si elle ne voulait pas ouvrir non. Tu n’as plus le même entrain. Tu n’es décidément plus le même homme. « Raven… » Que tu murmures lorsqu’elle t’ouvre enfin. « Je dois te parler. »