Je poussais un lourd soupir… C'etait donc si compliqué de trouver une nourrice digne de ce nom ? J'avais l'impression de ne rencontrer que des extrêmes. Il y avait eu l'experte en sévérité. Il avait suffit qu'elle passe la porte pour que je sache que ce ne serait pas possible. On lisait son intransigeance sur elle. Vêtue de noir, les cheveux tirés dans un chignon stricte. Même son regard semblait être un radar. Un radar qui avait vite remarquer la dizaine de rubans de toutes les couleurs qui ornaient les cheveux de Rose. Je ne savais pas coiffé les petites filles, mais je faisais de mon mieux. Alors quand ma fille me demandait plein de couettes et plein de rubans, je m'executais. Donna lui aurait sûrement fait des tresses, en glissant les rubans mais je moi… Je pensais à lui brosser les cheveux chaque matin, c'était déjà bien. Bref, cette nounou avait été loin de faire l'affaire. D'autant plus quand je vis le regard terrifié de mes enfants.

La suivante n'était pas mieux. Trop laxiste. J'imaginais déjà Tim courir dans la rivière sans surveillance. Bien que son regard enamourée envers la nounou me signifiait qu'il l'aimait bien. À 7 ans, il commencait à avoir des béguins… Voilà qui s'annonçait bien pour l'adolescence. J'étais paumé. Il fallait bien l'avouer. Donna avait été ma partenaire. La où j'avais des lacunes, elle assurait. Sans elle… J'avais l'impression d'avoir perdu ma béquille, mon soutien, mon rock. Je pris une profonde inspiration en regardant mes enfants. Thimotee jouait avec une voiture en bois pendant que Rose baladait sa poupée de chiffon partout dans le salon. Ils se montraient fort. J'avais réduit au minimum mes voyages à la carrière, laissant bien plus de responsabilités à mon contremaître. Quand il avait fallu que j'y aille c'était deux jours, en y emmenant les enfants. Si moi je pouvais très bien dormir dans la cabane qui me servait de bureau sur place, c'était différent pour eux. Et de toute manière, il allait bientôt être temps de négocier les nouveaux contrat de vente, il allait falloir que je me déplace dans les districts et je ne pouvais pas leur imposer ça. Il fallait que je trouve quelqu'un. Une personne en qui j'aurais confiance et qu'ils apprécieraient. Un vrai challenge.

On frappa alors à la porte. Rose redressa la tête. « Je vais ouvriiiir ! » cria-t-elle. J'eus un sourire en lui emboitant le pas. Tim me suivit aussi. Moins excité que sa sœur. Rose tira la lourde porte, une femme apparaissant sur le seuil. Au moins, pas de mine sévère et pas de regard vide d'intelligence. Il y avait du mieux. « Bonjour, vous venez pour le poste de nourrice ? » De toute façon c'était mes uniques visites aujourd'hui. « Je suis Adrian Ketterdam. Voici Rose et Timothee. » Je poussais Tim du coude pour qu'ils disent bonjour. Pas besoin avec Rose, je savais qu'elle serait bientôt un moulin à paroles. « Allons dans le salon, nous serons plus à l'aise. »

Panier en mains, tu approches de la large demeure Ketterdam. Tu vois, t’as entendu les commérages, t’as entendu les bruits, les voix dans les rues, sur les marchés. Tu sais que l’homme vivant en ces lieux cherche une femme pour s’occuper de ses enfants… et tu sais aussi qu’après toutes les femmes qui sont passées chez lui, aucune n’a trouvé grâce à ses yeux. Alors, tu ne sais pas quel est son problème, tu ne sais pas ce qu’il attend… mais tu comptes bien lui montrer que tu sais t’occuper d’enfants et qu’il peut te prendre, ne serait-ce qu’à l’essai.

Tu lisses le devant de ta jupe et toque à la porte trois petits coups fermes. Tu es confiante Hestia, tu l’a toujours été. Tu es douce, tu es patiente avec les petites têtes brûlées dont tu as parfois la charge. Tu es calme, tu sais tempérer les ardeurs des petits, ou au contraire les aider à se défouler. Tu es prévenante, tu sais souvent voir ce dont les enfants ont besoin, tu ne t’arrêtes pas à leur demande. Tu as un bon feeling avec les enfants, depuis toujours. Tu les aimes, tu adores passer du temps avec eux, jouer. Etrange pour une fille unique. Pourtant c’est ce qui te caractérise, c’est ce qui t’anime. Les enfants, c’est une passion. Et tu sais déjà que tu aimerais en avoir beaucoup autour de toi.

La porte s’ouvre rapidement sur une petite fille coiffée… d’une bien étrange manière. Mais tu lui souris immédiatement. Qu’importe sa coiffure, elle semble bien heureuse comme ça, soit elle s’est coiffée elle même, soit le bougre qui lui a fait ses nattes n’est pas habile de ses dix doigts. En tout cas, elle te fait sourire. Et ton sourire s’élargit lorsqu’un homme des plus charmant s’avance face à toi, poussant un petit garçon devant lui. “ Enchantée Monsieur Ketterdam. Je m’appelle Hestia. Hestia Edelweiss. “ Que tu lui réponds en lui serrant la main avant de poser à nouveau ton regard sur les enfants. “ Bonjour Rose. Bonjour Timothée. “

Tu emboîtes le pas des trois individus et finis par entrer dans le luxueux salon. Suivant les indications du maître de maison, tu t’assois sur un fauteuil avant de te tourner vers les deux enfants. Oui tu es comme ça, les enfants d’abord, après tout c’est eux que tu vas devoir surveiller, il faut bien que tu vois si le courant passe. Et il faut bien que tu montres à cet homme ce que tu vaux. “ J’adore tes couettes Rose, c’est une fabuleuse idée d’avoir mis des rubans multicolores dans tes cheveux, ça te donne un air joyeux et estival ! “ Tu lui souris et prends ton panier sur tes genoux avant d’en sortir deux petites assiettes. “ Tu aimes les cookies? Et toi Timothée? Parce que j’en ai préparé spécialement pour notre rencontre. “ Tu poses les deux assiettes sur la table avant de te tourner vers l’homme avec un sourire. “ Ces cookie sont aussi pour vous ne vous en faites pas. Comme ça il n’y a pas de jaloux ! J’ai aussi fait une fournée avec des raisins secs dans le cas ou l’un d’entre eux seraient allergiques au chocolat. “ Que tu dis en pointant la seconde assiette.

Bien. Maintenant que cette jolie entrée en matière est faite… “ Je vous écoute Monsieur Ketterdam. Qu’attendez-vous d’une nourrice? Que je puisse vous dire si je pense pouvoir vous convenir ou non. “ Et tu lui fais un joli sourire, tes yeux accrochant les siens.