« Qu’est-ce que c’est que ça? » Que tu viens foutre sous le pif du plus haut juge du tribunal, mécontente. Ce dernier lance à peine un regard au papier, comme s’il savait déjà à quoi il devait s’attendre en te l’envoyant. « Vous ne savez pas lire Samothrace? Il me semble que les instructions sont claires. » C’est à peine s’il relève les yeux vers toi, et toi ça te… Ça te fait suer Victoire, de voir qu’il t’impose un garde du corps comme ça, sans te demander ton avis. « Je n’ai absolument pas besoin d’un gentil toutou qui me colle au train toute la journée. Merci mais non merci. » Tu te redresses, les mains sur les hanches, le regard glacial. « Ce n’est pas la première fois que je reçois des menaces Monsieur. Et ne vous en déplaise je suis toujours en vie. » L’homme pousse un profond soupir et finit par te lancer un regard las au dessus de ses lunettes. « Ne vous en déplaise Samothrace. Je ne vous demande pas votre avis. Et encore moins votre consentement. Le nombre de menaces reçues pour vous est de plus en plus conséquent. J’ai pris la liberté de faire appel à la Brigade Spéciale pendant quelques temps. Le temps que tout ça ce calme. C’est tout. » Qu’il finit par soupirer d’un ton plus ferme avec un geste de las de la main, t’indiquant que la conversation est terminée et que tu peux sortir de la pièce alors que t’es déjà en train d’ouvrir la bouche pour le pousser dans ses retranchements et le faire changer d’avis.

Et là Victoire… tu sais que t’as perdu. Clairement, ça ne te plait absolument pas de le reconnaître. Tu es née pour gagner. Tu es née pour brusquer les autres, avoir ce que tu veux, quand tu veux. Jamais tu ne te laisses marcher sur les pieds, jamais tu n’abandonnes. Mais tu vois, lorsque tu remarques l’oeil acéré de ton supérieur sur toi… tu te dis que si tu n’obéis pas cette fois, cet homme serait bien capable de t’ôter ton titre de juge. Et ça, tu ne le souhaites absolument pas. Alors après avoir tapé du pied pendant quelques secondes, les lèvres pincées et les bras croisées… tu finis par faire demi tour, poings serrés. « C’est le comble quand même que vous fassiez confiance à ces moins que rien de ripoux pour me protéger. » que tu finis par cracher en claquant la porte pour repartir la tête haute vers ton bureau. Et ce que tu ne sais pas, ou du moins pas encore… c’est que le juge supérieur prend une nouvelle décision te concernant. Tu vois, t’aurais pas dû être aussi véhémente, t’aurais pas dû cracher sur les Spéciales - même si certains le méritent - t’aurais dû accepter plus tôt d’avoir un garde du corps parce que… parce que cet homme là, ton supérieur, il ne fait pas que te coller un soldat aux bottes. Il finit par décider de te retirer de la vie judiciaire pendant quelques temps. « Allez porter ça à O’Murphy. » qu’il baragouine à un soldat qu’il vient de faire appeler, en tendant un morceau de papier avec un nouveau message. *Votre soldat doit éloigner Samothrace de la Capitale. Cachez là.*

Toi. Toi t’es pas au courant de tout ça. Toi tu poses un regard de tueur auprès de ceux qui passent à tes côtés. Aucune salutation ne sort de tes lèvres. Comme d’habitude. Tu marches la tête haute et file vers ton bureau pour te plonger dans tes dossiers, n’ayant cure de ces menaces.

C’était hier.

Aujourd’hui tu te lèves de bonne heure. Enfin. Pas plus tôt que d'habitude. Tu dors peu. Après t’être attachée les cheveux en une queue de cheval bien serrée, tu attrapes un pantalon et un t-shirt fin afin de faire ton jogging habituel. Cette fois ci, ledit jogging t’aide légèrement à calmer tes nerfs, pour autant tu es toujours aussi agacée de savoir qu’un blanc bec va te suivre maintenant pour chacun de tes déplacements… Pourtant lorsque tu rentres, un léger sourire satisfait traîne sur ton visage. Tu vas lui en faire voir de toutes les couleurs tiens. On va voir si ce garde restera longtemps un garde. Tu es à peine rentrée que des coups résonnent sur la porte. « Une minute ! » que tu grognes tout en sachant que c’est toi qui va devoir ouvrir, ton majordome n’étant pas encore arrivé. « Quelle plaie ces serviteurs… jamais là quand on a besoin d’eux. » que tu grinces des dents avant de t’observer dans le miroir. Tu grimaces. Tu es dégoulinante de sueur et ton visage est rouge d’avoir tant couru. Tu files chercher une éponge mouillée et passe ton visage sous l’eau froide. Tu refais ta queue de cheval, éponge soigneusement toute trace d’humidité et tapote ton visage. Bien. Te voilà plus présentable. Tu files vers la porte, maudissant le perturbateur d’arriver aussi tôt alors que tu n’es pas encore douchée. La porte s’ouvre sur un beau jeune homme, et si tu hausses les sourcils lorsqu’il se présente poliment et qu’il annonce pourquoi il est là… ton regard se fait immédiatement plus froid avec sa remarque.

« Je suis la Juge Samothrace. » que tu dis en relevant la tête, crâneuse. « Et encore une remarque déplacée comme celle-ci et je vous renvoie dans votre caserne c’est compris? » Tu lui tournes le dos immédiatement, sans l’inviter à entrer mais laissant la porte ouverte. « Vous vous attendiez sans doute à trouver une vieille pomme toute ridée, je me trompe? » Tu files dans la cuisine pour attraper un verre d’eau, pile au moment où ton majordome entre. « Joshua. Mon café. » Pas de bonjour. Pas de s’il te plait. pas de merci. Tu ne t’embête pas avec la politesse, ce politiquement correct, toi ça te fatigue. « Bien. Et vous êtes? » que tu finis par dire en te retournant vers le jeune soldat pour lui demander son prénom. Mais ton regard se pose alors sur l’horloge. « En avance d’ailleurs. Je ne vous attendais pas ici de si bon matin. D’ailleurs je ne pensais vous voir qu’au tribunal. Allez-vous devoir me suivre comme un chien pour être certain que je ne me perde pas? »