Qui aurait cru que ça allait fonctionner aussi bien, hein, Leith ? C’est vrai que vous étiez bien partis, c’est un fait, mais très honnêtement, si tu avais dû parier pour vous, ça aurait très certainement été sur la seconde place, parce qu’il y avait ces deux soldats, devant vous, qui semblaient bien plus aptes à finir premier que vous. Tu aurais dû avoir plus confiance en votre duo, parce que, tu vois, mon vieux en te calant sur son rythme, sans forcer, à te concentrer, pour la suivre, vous vous êtes subitement mis à véritablement travailler en tandem, si seulement tu avais pu vous voir de l’extérieur, mon vieux, c’était impressionnant, à quel point vous étiez coordonnés, il y aurait probablement eu de quoi te faire rougir … Non. En fait, il ne valait mieux pas que tu assistes à ça, tu aurais surement été déstabilisé, parce qu’avec cette fille, c’est toujours ce qui fini par arriver.

Puis que vous êtes premiers, c’est vous qu’on vient détacher en premier, et toi, tu te mets à masser ta cheville en silence, tu subis un peu les félicitations, les quelques acclamations, et quand enfin la foule décide de vous laisser tranquilles pour passer à autre chose, tu viens passer tes doigts autour du poignet de la jolie rousse pour l’entraîner dans la rue, au beau milieu de la foule, comme si tu cherchais à vous cacher. « Avant que quelqu’un d’autre ne viennent enclencher une discussion sans intérêt … » Ouais, tout en ponctuant tout ça de questions atrocement gênantes. Sérieusement, Leith, en moins de dix minutes, tu auras eu le droit au papy, qui te demandes ton âge, en regardant Naolane pour finalement te lâcher un vieux clin d’œil tout bizarre, et à la vieille dame qui te sors que tu devrais lui passer la bague au doigt. Incroyable. De quoi te faire paniquer. Heureusement que tu parviens à prendre sur toi.

« Tu veux faire quelque chose ? Tu as faim ? Soif ? » Ouais, bon, d’accord, là, tu es probablement un peu trop aux petits soins avec ta petite demoiselle adorable là. Oh, bordel, est-ce que tu viens vraiment d’employer le possessif dans ta tête en pensant à elle ? Oui. Tout à fait. Absolument. « C’est ton anniversaire, non ? C’est toi qui décides. » Bon et puis, tu n’as certainement pas oublié le fait qu’il va aussi falloir que tu lui trouves un cadeau, et c’est pour ça que tes yeux se baladent, un peu partout autour de vous, tu cherches quelque chose de bien, de beau, un truc qui sera à la hauteur, quoi.

Et c’est justement pendant que t’es en train de chercher que subitement, voilà qu’un type vient se mettre devant vous avec sa boîte et ses tickets, pour vous proposer de participer à la tombola, et toi, tu ne réfléchis pas, tu veux juste t’en débarrasser, alors tu lui files ses pièces entre les mains, et tu choppes juste le ticket avant de … le coller dans les mains de la rouquine. « Tiens, débrouille-toi avec ça, du coup. »

Vous avez gagné ! Naoooooo, vous avez gagné ! T’en reviens pas, putain ! T’es tellement contente que tu le traînes faire le tour des participants. Tu te jettes dans les bras de tout le monde, sauf des derniers qui se sont barrés comme des voleurs, puis tu continues de sautiller sur place, en riant de bonheur parce que Leith, lui, s’acharne à reprendre sa cheville. Et tu vois, quand tu sens le lien cesser de blesser ta peau, tu pourrais probablement recommencer à sauter, à danser, dans ta petite robe d’été que t’as enfilé sur un short, en prévision de ce genre d’épreuves. Sauf que tu devrais avoir compris quelque chose, petite flamme, avec Leith, le temps des célébrations n’est jamais très long.

« Oh ? T’étais pas content que les gens nous félicitent ? Tu lui demandes, en te laissant emporter par ses grandes enjambées. Elle était trop mignonne la grand-mère qui parlait de mariage ! Tu vois, quand je te dis que t’es bon à marier !»

Tu ris encore, et puis il vient te noyer dans la foule et pendant quelques instants, tu freines un peu pour éviter de taper dans la gens (surtout qu’avec ta taille de lilliputienne, tu risques surtout de te faire envoyer valser par terre), mais quand tu finis par mieux t’accrocher à son bras, tu relèves un visage lumineux et irradiant de joie vers lui.

« Oh ouais, on peut prendre quelque chose à boire pour fêter ça ! Je veux… Tu réfléchis, tes yeux glissent sur les stands, et tu entends sa remarque sur ton anniversaire. 17 ans ouais. Tu lui as dit, comme à tout le monde, que t’en avais 18 alors… Un verre de champagne ! J’en ai jamais goûté, parce qu’avant les vendeurs croyaient que j’étais trop jeune, mais cette année c’est bon. Et puis, toi, au pire, ils ne te le refuseront pas ! »

Tu commences à fouiller tes poches pour trouver ta petite bourse en cuir tanné, parce que tu ne te vois pas lui demander de t’offrir un verre de ce mets qui coûte sacrément cher quand même. Et ça t'énerve, tu t’emmêles, du coup, quand il te met le billet dans les mains, tes yeux se mettent à brûler de mille feux et… ouais ouais, tu sautilles encore.

« Tiens, prends ce qu’il faut dans mon argent pour les boissons ! Tu lui troques toutes tes économies contre son ticket. Je vais voir si j’ai gagné, attends-moi ! Et tu commences à partir, avant de revenir en courant, poser tes lèvres sur sa joue et repartir. Je me dépêcheeeee ! »

Il ne te faut que 3 minutes pour forcer l’accès au stand, donner ton ticket et finir par découvrir qu’il est perdant (de toute façon, tu as une chance à 0 pour ce genre de truc) et revenir vers lui pour agripper son bras, quand un grand type manque de te renverser en forçant le passage.

« Perdu ! T’aurais dû le jouer, toi, je suis sûre que tu as bien plus de chance que moi. Ton sourire est doux, solaire aussi. Du coup, boisson ? Tu as faim toi ? Je peux bien te récompenser de cette sublime course en t’offrant un repas, je pense ! Pas que tu ne veux pas, mais tes fonds sont sacrément limités quand même. Ça te dit qu’on fasse le tour des stands ? Peut-être que je trouverai des cadeaux pour ma mère ou mes amis ? Et te voilà à te planter sous son nez, tête relevée, visage sérieux. Tu aimes bien quoi, comme cadeau, toi ? »

Parfois, Leith, tu te demandes si elle capte les sous-entendus, et qu’elle le fait exprès, ou si vraiment, non, elle n’y comprend rien, ce qui fait d’elle une véritable innocente, un peu naïve sur les bords. Franchement ? Tu préférerais qu’elle fasse du cinéma, parce que, la seconde solution t’effraye, mon vieux. Tu aurais encore plus l’impression de profiter d’elle, et de la situation, tu te laisses entraîner, tout en sachant ce qu’elle provoque chez toi, alors qu’elle n’aurait même pas conscience de ce qu’elle dit, ou de ce qu’elle fait, parfois, face à toi. Elle n’a que dix-huit ans, en même temps … Tu en as en a trente, maintenant, tu as bien plus d’expérience, et de maturité, tu es capable de savoir, et de comprendre, bien plus de choses, et si, quand on vient te parler mariage, genre, d’un mariage, entre elle, et toi, tu paniques, parce que, tu sais ce que ça sous entends et bah, elle, elle trouve ça juste mignon, et toi, ça te rend dingue.

Du coup, tu préfères éviter de t’étendre sur le sujet. En fait, te voilà subitement presque aux petits soins, pour elle. Si elle à faim, ou soif, tu lui achèteras ce qu’elle veut, et puis, tu penses à ce cadeau, et quand ce type apparaît, te voilà à lui offrir le ticket de tombola que tu viens d’acheter. Bien entendu, c’est trop incertain pour être le cadeau que tu lui offriras pour son anniversaire, mais, ouais, tu te dis que ça pourrait faire un bonus, pourquoi pas, à condition qu’elle gagne, et qu’elle gagne quelque chose d’intéressant, en plus.

« Du champagne ? » … Attends, elle a des goûts de luxe ta petite demoiselle, là, ou tu rêves ? Tu t’attendais, trop innocemment, à ce qu’elle te demande du jus de fruit, toi, aller, limite, un verre de cidre frais. Mais du champagne ? Non, vraiment, tu étais préparé à tout, sauf ça, et heureusement qu’elle réagit avant toi, en fait, en te collant son porte-monnaie dans les mains pour détaler, afin d’aller vérifier son ticket de loterie. Et tu soupires, hein, parce qu’il est tout à fait hors de question que tu lui fasses dépenser un rond aujourd’hui. Ouais, t’es trop gentil, peut-être, ou tout simplement trop con, quand t’es dans cet état, pour une fille, de toute façon, tu fais toujours un peu n’importe quoi. Tu perds la tête. Du coup, tu refermes le porte-monnaie, tu le fourres dans ta poche, et puis, ouais, tu lui prends sa coupe de champagne et tu te contentes d’une bière pour au moins trinquer avec elle si elle le souhaite. Tu ne roules pas sur l’or, t’as qu’une solde d’instructeur, mais c’est toujours plus que les maigres piécettes qu’elle doit gagner dans sa taverne. En somme, tu peux bien faire ça, surtout que tu ne dépenses jamais rien.

Te voilà, à revenir, à la chercher des yeux, et puis, en attendant, tu craques encore, tu prends une belle part de tarte aux pommes à la crème, en guise de gâteau, c’est ce que tu te dis, et ouais, clairement t’as les mains et les bras chargés, quand elle revient. Le ticket était perdu, et si elle n’a pas l’air déçue plus que ça, c’est toi qui fais la moue, avant de lui tendre son champagne, et le petit carton, avec la tarte dedans. « Tiens. » Ouais, c’est bien tout ce que tu trouves à dire en lui offrant tout ça. « On pourra dîner ensemble si tu veux … tu veux te balader maintenant ? Tu veux pas t’asseoir pour boire et manger ? » Ouais, parce que, vu qu’elle s’agite tout le temps, manquerait plus qu’elle s’étouffe, tiens. Et en fait, t’es déjà en train de l’entraîner, sur un banc de libre pour la laisser manger. « Tu veux retenter ta chance à la tombola ? » Que tu demandes, finalement, parce que, ouais, t’aurais finalement bien voulu qu’elle gagne un truc grâce à ton vieux ticket là. « Ah et … tu parlais de cadeaux pour ton anniversaire tout à l’heure, tu pensais à un truc en particulier ? » Pas subtil, hein, mais en même temps t’es pas doué, pour ça, t’as juste zéro idée …

T’entends probablement même pas sa question sur ton choix de boisson, parce que t’es déjà partie pour aller voir ton lot. Et tu vois, Nao, tu n’as absolument pas besoin de beaucoup pour être heureuse. Un ticket entre les mains, la présence de quelqu’un que tu apprécies, le fait de savoir que tu aurais le droit à un peu plus que d’habitude, tu finis par sourire comme une bienheureuse. Et c’est tout ce qui compte pour toi. Même si tu perds, si tu reviens en te faisant pousser par les gens, que tu manques de tomber et que tu finis par te raccrocher à lui, littéralement, tu es heureuse et ça se voit !

« Ohhhh merci ! Tu acceptes la boisson et le gâteau. Hmmm ça sent bon ! Bon je suis contente, je n’ai jamais goûté de champagne, j’aurai au moins eu ma chance une fois dans ma petite vie ! »

Tu es toute joyeuse et te voilà à attraper ce qui chargeait ses mains et t’es sur le point de vouloir trinquer tout de suite avec lui, mais il reprendre la parole, et tu vois, tu n’es pas surprise, pas gênée, même pas un peu rouge. Non, tu émets un genre de ronronnement de bonheur et tu hoches la tête, de toutes tes forces, en manquant de faire tomber du ta boisson sur tes pieds.

« Oui et oui et oui ! Faisons tout ça, ça me va très bien ! Tu souris avant de rester littéralement blotti contre lui pour éviter les coups de coudes et de hanches des gens deux fois plus grands que toi. Si on peut juste sortir de la foule, ce serait parfait, en effet. »

Nan parce que t’aimes les gens et la chaleur humaine en général, mais là, vraiment, tu as la sensation que quelqu’un va finir par te faire voler au sol, et te marcher dessus. Et bon, déjà ce serait humiliant devant Leith, mais en plus ton cadeau finirait sur le sol. Nan, vraiment, ça ne te plairait pas beaucoup. Alors tu le suis, sans râler, sans même te rebeller et tu viens même te dépêcher de poser tes fesses sur le banc en première, en soupirant de bien-être.

« J’ai mal aux jambes d’avoir couru, je crois. Tu ris, avant de tendre ton verre vers sa bière. On trinque ? Et si tu veux, on pourra, mais cette fois-ci c’est moi qui offre et ce sera un billet chacun. À deux, on a plus de chance d’être contents de nos tirages, tu verras ! »

Et tu ne vois aucun problème à ce que tu dis là, même si, comme toujours tu fais des drôles de formulations. En tout cas, tu bois un peu de champagne avant de fermer les yeux très fort parce que ça picote et c’est sacrément fort pour toi. C’est frais quand même. Bon plutôt. Et tu es en train de goûter le gâteau quand il continue.

« Absolument pas ! C’était un peu pour rire, je ne vais pas t’obliger à m’offrir un cadeau hein. Tu rougis un peu, parce que tu crains, soudainement de faire l’enfant gâtée. Mon cadeau, c’est que tu sois venu avec moi aujourd’hui ! Ça, c’est vraiment la jolie surprise du jour ! Et tu lui offres un de tes immenses sourires éblouissant, avant de couper un petit bout de dessert et de venir porter devant sa bouche, sans perdre ta jolie expression. Tiens, il faut que tu goûtes, il est archi bon, merci pour ça ! »

Et tu n’en démords pas hein. Tu es comme ça, tu adores partager, comme tu vas sûrement lui chiper sa boisson des mains dans deux minutes pour y goûter. En attendant, tu gardes ta main levée devant lui, obstinément presque, et te voilà à réfléchir à quoi faire, quand tu te remets à sautiller :

« Ohhh on fera des petits jeux aux stands ! Genre de la carabine, tu crois qu’il y en a ? Je veux gagner plein de trucs ! Et tu es trop content avant de t’arrêter, soudainement pour rajouter, l'air de rien. Tu sais que le soir il y a de la musique et de quoi danser ? Tu voudrais aller voir ? »

T’es pas à l’aise, Leith. C’est bête, hein, parce que, tu aurais dû t’en douter, mais … Ouais, visiblement, tu t’es fichu dedans à la minute où cette fille là t’as adressé la parole. Tu pourrais faire un peu tout et n’importe quoi pour les beaux yeux de cette rouquine. Comme accepter de l’accompagner ici. Participer à cette épreuve avec elle. Tu t’es même mis en tête de l’inviter à dîner – en oubliant un peu trop vos âges respectifs sans doute – et de lui offrir un cadeau, parce que, c’est son anniversaire, et c’est ce qu’on fait, non, pour un anniversaire ? Déjà, Leith, tu vois, tu devrais largement t’étonner qu’elle passe cette journée importante avec toi, et pas avec des amis, ou sa famille. Tu t’es questionné là-dessus, ça a duré trente secondes, ensuite, elle t’a embarqué avec elle, et tu as littéralement oublier de réfléchir.

Du coup, ouais. Faible que tu es, tu lui offres sa coupe de champagne, et même que tu lui offres une part de tarte en guise de gâteau. Quand elle est de retour, elle attrape le tout, ne te laissant que ta bière, et puis, la voilà, contre toi, à avancer dans la foule, et toi, tu as ce réflexe, en voyant les bousculades autour de vous de passer ton bras, autour d’elle pour la préserver un peu, jusqu’à enfin trouver un endroit un peu plus calme et de la place pour vous asseoir. « Ah et bah … repose toi un peu, au moins, c’est un bon entraînement. » On pourrait croire que tu ne perds pas le nord concernant ton travail, la vérité, c’est que tu essaies juste d’avoir de la conversation, et que, pour t’éviter de sortir des âneries plus grosses que toi, tu préfères t’en tenir à ça, ça te paraît plus … simple. « Pourquoi pas, si tu veux … même si je te préviens, je ne suis pas spécialement du genre chanceux. » Avec toi, c’est juste clairement aléatoire, en fait.

Cependant, bien vite, tu en viens à cette histoire de cadeau. C’est important. C’est son anniversaire. Certains diraient que le souvenir de cette journée est déjà quelque chose, et c’est d’ailleurs quelque chose dans ce style qu’elle t’envoie, sauf que, ce n’est pas que tu es matérialiste, mais plutôt du genre à penser qu’un objet, même tout petit, qui perdure dans le temps, est justement un bon porteur de souvenir. Quand on regarde un cadeau, on a tendance à se rappeler la personne qui nous l’a offert, le moment où elle l’a offert. C’est ce que tu veux. C’est stupide, mais tu veux lui offrir quelque chose qui … lui fasse penser à toi. Oui bon. Hein. De toute façon, visiblement, il va falloir que tu trouves tout seul, comme un grand. Pour l’heure, tu viens quand même attraper le petit morceau de tarte qu’elle te tend. « Pourquoi pas ? » Ah mais en fait, visiblement, t’es décidé à tout lui céder. Le champagne. Les jeux. L’épreuve. Le dîner. Tout. « J’ai cru voir un jeu de fléchettes, tout à l’heure. » Mais … Ouais. Tu te figes quand même quand elle te parle de danser, en fait, Leith, tu ouvres de grands yeux, avant de te détourner, parce que … bah, hein, voilà. « Tu… Tu veux danser ? » Vague de panique en approche. « Je ne sais pas danser. » AH. Mensonge. Ta mère s’est arrangée pour que tu sois bon danseur, justement pour pouvoir offrir une danse à une dame quand elle te la demande. Prévoyante, la maman, hein ? « Enfin si mais … si tu veux. » Non mais quel … homme faible tu es. Et en fait, t’es gêné, hein, d’accepter ça, alors, tu attends juste qu’elle en ai terminé avec sa tarte pour jeter le papier, et te lever, pour l’entraîner, toujours avec ce réflexe de la préserver de la foule, tu t’arrêtes, devant la tombola, pour lui laisser la possibilité de prendre les fameux tickets, et puis, tu repars, pour finalement t’arrêter devant un stand de fléchettes ou étonnement, il n’y a pas tant de monde que ça. « Tu veux t’y essayer ? »