Il s’était passé quelques jours après notre repas de famille. Cela m’avait fait du bien de pouvoir voir tout le monde. Mais pas assez pour que je me sente totalement sereine. Les paroles de Marshall ne cessait de tourner et tourner dans ma tête. Je me rendais bien compte que seule, j’allais avoir du mal à mettre mes idées aux clairs. Un moment, dans l’après-midi, j’avais été seule avec notre mère. J’avais hésiter plusieurs fois à tout lui raconter, sans jamais en trouver le courage. Du coup, j’avais espérer parler avec Véga. Mais il fallait croire que ma petite soeur était un fantôme. Nous avions beau partager une chambre, je ne la voyais que rarement. Cette nuit ne faisait pas exception.


Et dire qu’à une époque j’aurais tout fait pour avoir une chambre pour moi seule. Et maintenant, je passe presque la nuit entière à attendre que ma petite soeur ne rentre. Je finis par m’endormir un moment, laissant ma lampe brûler pour rien et mon livre s’écraser sur le sol. Ce n’est même pas un sommeil reposant. Miles et Marshall semblent passer chacun leur tour dans mes rêves. Dire que ce dernier avait osé dire que je le poursuivais dans les siens. Il fallait croire que les rôles s’étaient inversés. 


Quand je réouvre les yeux, je vois un rayon de soleil traverser la fenêtre. Le soleil commence à se lever. J’éteins machinalement la lampe à huile et regarde le lit de Véga. Il est encore vide. Je pousse alors un soupir avant d’attraper ma couverture pour la monter sur ma tête. Autant essayer de dormir encore un peu. Sans Véga, je ferais peut-être mieux de choper Lazlo. Ou Dénèb. Après tout, ils pourraient me surprendre et être de bons conseils. C’est là que j’entend la fenêtre grincer. Je pousse la couverture et regarder alors ma petite soeur enjamber le rebord. Elle essaie tellement de ne pas faire de bruit qu’elle ne m’a pas remarquer. « C’est maintenant que tu rentres ? J’essaie de te voir depuis des jours ! » D’un autre côté, j’aurais pas dû me coiffer ces derniers jours. A tout les coups elle aurait débarquer pour me brosser les cheveux.

Tu t’es échappée. Sur un moment de folie, tu es redevenue durant un court instant l’adolescente que tu as été, rebelle, cette jeune fille qui allait à l’encontre des règles de la maison, parce qu’elle a toujours été incapable au charme et aux regards bien bleutés de Nahel. Tu en as fais des bêtises, lorsque tu étais encore une enfant, probablement que tu es la plus turbulente de la famille, juste parce que tu laisses ton cœur te guider, et que ton cerveau se déconnecte au profit de ce dernier de façon bien trop récurrente. Là, tu vois, tu es sortie par la fenêtre. Tu étais là, tranquillement installée avec Nahel, et puis subitement, en moins de deux minutes, tu sautais dans la rue, tu t’échappais dans l’avenue, et tu filais hors de la vigilance de ton grand frère pour ne pas réapparaître de la journée, de la soirée, de la nuit.

Parce que oui, du coup, tu étais restée à l’auberge avec Nahel. Seulement, tu vois, probablement que tu ne voulais vraiment pas que ça se sache, tu pourrais aisément trouver une excuse pour bien des choses, mais tu voulais donner l’illusion que tu étais juste rentrée très tard, voir que tu n’avais juste pas quitter ta chambre. En revanche, tu ne voulais pas avoir à avouer que tu avais passé la nuit dehors, pas encore. Il y avait des vérités que tu continuais de cacher à ta famille, même si chacun d’eux avait ta confiance, tu ne voulais pas te confier à outrance, et il n’y avait bien que Sage qui était plus au courant que les autres de tes histoires de cœur. D’ailleurs, tu remerciais le ciel chaque jour d’avoir encore une sœur à la maison, avec toi. Parce que, très clairement, tu ne te voyais pas aller confier tes états d’âmes concernant Nahel à Laszlo. Il aurait bien été capable de lui faire passer le fameux interrogatoire pour monter avec toi dans ta chambre, sinon …

C’est donc avec l’aide de Nahel qui t’aide à te hisser sur le toit pour rejoindre ta fenêtre que tu rentres, tôt, très tôt le matin, alors que le soleil peine encore à se lever. Tu déposes un rapide baiser sur sa joue, avant de t’avancer jusqu’à ta chambre, d’enjamber le rebord et … et là, tu vois, tu sursautes lorsque la voix de ta sœur résonne subitement dans la chambre. Ta tête vient heurter le haut de la fenêtre, et tu grimaces. « T’es dingue, j’aurais pu m’ouvrir le crâne. » La faute à qui, Vega, franchement, les portes ça existe, aussi. Et tu soupires, tandis que près de toi, Nahel passe la tête, pour lancer un salut rapide à Sage et toi, tu le repousses légèrement avant de lui faire signe de disparaître, en souriant. Puis, enfin, tu te glisses dans la chambre en refermant derrière toi. « Désolée, t’aurais du me le dire au repas, je serais venue. » Tu soupires, mais tu lui souris, et au lieu de rejoindre ton lit, tu viens te glisser dans le sien, sous sa couette, en la poussant légèrement, et tu t’appuies tout contre elle. « Qu’est-ce qui t’arrives, grande sœur de mon cœur ? »

Le bruit sourd qui résonné me fait grimacer. J’ai peut-être un peu merder là. « T’es dingue, j’aurais pu m’ouvrir le crâne. » Mais c’est le seul reproche qu’elle me fera. Moi, je serais déjà en train de bouder et de préparer ma vengeance. A croire que toute la susceptibilité de la famille avait été mise chez moi. « Désolée. » que je marmonne. Parce que malgré tout, quand j’ai tort, je sais le reconnaitre. Je vois la tête de Nahel apparaitre par la fenêtre. Je lève la tête et lui fait un signe de la main. Véga ne le laisse pas trainer et le repousse. Elle entre complètement dans notre chambre et referme dérrière elle. « Désolée, t’aurais du me le dire au repas, je serais venue. » Je pousse un soupir. J’aurais dû le faire il y a encore plus longtemps que ça. J’aurais dû lui parler en rentrant du festival, pour évacuer. Mais non, je préférais faire tourner ça dans ma tête encore et encore. « Tu me connais. J’attends toujours le moment où je suis sur le point de tout envoyer balader. » Je me décale alors qu’elle se glisse dans mon lit, se collant à moi. Nous lits n’étaient pas du tout fait pour acceuillir deux personnes. Mais cela ne nous avait jamais déranger. Nous passions du lit de l’une à celui de l’autre depuis que nous somme petites. Nous n’avions jamais eu besoin de doudou. En cas de cauchemar, je savais que j’avais ma petite soeur tout juste à côté.

Je pose alors ma joue sur le dessus de sa tête, profitant de ce câlin improvisé. « Qu’est-ce qui t’arrives, grande sœur de mon cœur ? » J’ai un léger sourire. Ca c’est un surnom plein d’amour. « Bah tu sais, l’histoire habituelle. Des titans, un garçon. La fille s’énerve. Le garçon s’énerve. Et là il lui dit plein de chose bizarres qui retourne la tête de la fille. » Ouais tres habituel comme histoire. Je pousse un soupir avant de me décider à end dire plus. « C’est Marshall. On s’est pris la tête pendant le festival. Comme d’habitude, je me suis vexée parce qu’il jouait les papa poule. » L’expression papa poule était peut-être pas la mieux. Protecteur. Suicidaire. Voilà qui collait mieux. Ouais, la colère n’était pas trop loin. Jamais. « Et c’est là qu’il a dit des trucs très bizarres pour se justifier. » Et un autre soupir s’échappe de mes lèvres. « Dis est-ce que j’ai déjà donner l’impression de … euh… flirter ou draguer Marshall ? » Si j’avais nier mordicus que c’était de ma faute maintenant que j’avais eu le temps de gamberger… Bah je me posais quand même des questions. Je savais que je pouvais compter sur ma soeur pour me dire la vérité. Après tout, elle n’hésitait jamais à me dire quans j’avais un look pourri. D’ailleurs, je lui cachais toujours l’état de ma robe. Celle que je portais pendant le festival.

C’est vrai quoi, Vega. Ils le savent pourtant, dans ta famille, que tu es probablement celle qui se mêlera toujours le moins des histoires des autres. Tu connais les gens qui entourent tes frères et tes sœurs, oui, parce que, tu ne joues pas l’autruche et tu ne fais pas l’aveugle, non plus. Tu ne t’en fiches pas. Par contre, tu n’aimerais pas forcément que l’un ou l’autre, vienne toujours fiche son nez dans tes affaires, alors, tu fais en sorte de ne pas le faire pour les leurs, c’est comme ça que tu fonctionnes, par contre, tu vois, de loin, et surtout, quand on te demande ton aide, ton assistance, quand on réclame ta présence, tu es là. Toujours. Tu écoutes. Tu sais conseiller, à ton échelle, bien entendu, parce que tu es jeune, que tu manques forcément d’expérience pour certaines choses, mais, tu donnes ton avis, le plus franchement possible. C’est un fait connu et accepté.

Pourtant, c’est vrai, tu connais Sage. Elle a ce caractère bien particulier, ta grande sœur, elle parait si douce, lorsque l’on pose les yeux sur elle, et pourtant, tu sais qu’un rien la transforme en une véritable lionne à la crinière toujours décoiffée. Elle a du caractère. Par-dessus tout, elle est susceptible, aussi, heureusement, c’est ta grande sœur, tu as appris à faire avec sa susceptibilité, elle a forcément appris à faire avec ta franchise. « Des trucs bizarres. » Que tu finis par répéter, tout en écoutant ce qu’elle a à te dire. Il y a du vécu derrière Sage. En plus d’être un soldat qui voit des horreurs tous les mois, elle était amoureuse, avant, une histoire vraie, une belle histoire, un joli couple. Tu l’aimais bien, Miles. Tu étais peut-être naïve, mais tu voyais ta sœur dans un conte de fée avec lui, alors bon, quand elle l’a perdu … ça a été compliqué. « Oh, forcément, Marshall. » Qui d’autre que le frère jumeau du défunt petit-ami pour semer la zizanie dans la vie de ta frangine, hein ? Ouais. C’était prévisible, quand on y penser, par contre, juste après sa question, tu … te mets à rire. « Flirter et draguer ? Toi ? Tu sais encore faire ça ? » Bon, tu te moques, tu te moques, mais ta sœur, elle est belle, Vega. Elle n’a probablement même pas besoin de s’adonner à de telles pratiques et de faire cet effort pour attirer l’attention d’un homme. « Tu passes beaucoup de temps avec lui … c’est un fait. » Et c’est peut-être déjà beaucoup, qu’on se le dise. Parfois, quand tu les regardes, tu revois Miles et elle. Il te faut forcer pour te rappeler que, malgré leur apparence similaire, Miles et Marshall sont des personnes différentes.

« Il a dit quoi comme choses bizarres ? » Ouais, parce que, pour que ça mette Sage dans cet état, ça a forcément son importance, tu vois, et pas que tu sois si curieuse – si – mais pour donner ton avis, sincère, objectif – ou presque – tu as besoin de tous les éléments. « Il était peut-être sous pression … il t’aime bien ça se voit, il s’est passé quelque chose de particulier pour qu’il craque à ce point ? »

Je ne sais même pas comment raconter ça. Je me remet complètement en question. Je me demande même si ce n’est pas moi qui ai tout compris de travers. Voir même si je n’ai pas tout inventé. Maintenant que plusieurs jours se sont écoulés, c’est comme tout ce qui c’était passé était irréel. Du coup, je me donne l’impression de pas réussir à m’expliquer. « Des trucs bizarres. » La preuve, même Véga ne parvient pas à me comprendre. Je continue alors à parler, à tenter de m’expliquer. « Oh, forcément, Marshall. » Forcément ? Comment ça forcément ? Alors je suis vraiment la seule à n’avoir rien vu ? Je devrais me faire vérifier la vue. Je me permet alors de lui poser une question, parce que je me remet entièrement en question. J’aurais pu flirter sans même m’en rendre compte, inconsciemment. Le rire qui s’échappe de la gorge de ma soeur m’inquiète encore plus. Ou alors c’est l’inverse. Elle rit parce que c’est ridicule de m’imaginer à draguer.  « Flirter et draguer ? Toi ? Tu sais encore faire ça ? » Je lève ma main et vient secouer ses cheveux. « Hey ! Respectes ton ainée ! » Je pousse un soupir avant de presser davantage ma tête contre la sienne. « Mais t’as pas tort… Je me demande même si j’ai su un jour. C’est Miles qui est venu vers moi. Pas l’inverse. » Et c’était le cas pour tout les hommes avant lui. « Tu passes beaucoup de temps avec lui … c’est un fait. » Moi qui était si heureuse de ses moments avec lui. Qui aurait pu croire que c’était finalement une mauvaise idée. Il me semblait qu’on guerissait tout les deux comme ça. « Tu penses que c’était bizarre de vouloir passer du temps avec lui ? » Parce que oui, je voulais lui parler. Partager des moments de ma vie avec lui. Et voilà, je me sentais encore perdue dans ce que je pensais.


« Il a dit quoi comme choses bizarres ? » Argh, bien sûr que je dois donner des détails. Je dis ça comment ? Je balance tout, tout simplement ? « Il était peut-être sous pression … il t’aime bien ça se voit, il s’est passé quelque chose de particulier pour qu’il craque à ce point ? » Oui, je dois reprendre du début. « Je me suis vautrée. Presque sous les pieds d’un titan. J’avais un équipement pourri qui s’est pété alors que je manoeuvrais. » Rien que d’y penser, j’avais encore envie de crier contre le premier mec de la garnison que je trouverais. « Il m’a tiré d’affaire et quand j’ai récupéré un autre équipement, il m’a pas laissé m’équiper tranquille et m’a traité comme une gamine qui se met en danger intentionnellement. » J’en rajoutais un peu, mais je c’était bien le sentiment. « Bref, comme d’hab’, je me suis énervée. » Pas besoin d’en rajouter. Ma famille m’avait suffisemment vu péter les plombs à cause de ma susceptibilité pour que je n’ai pas besoin de détailler. « Et c’est là que les trucs bizarres ont commencé. » Je rougis rien que d’y repenser. Bon sang, c’était génant de dire ça. Et puis c’était pas un peu présomptueux de dire qu’on pensait qu’un homme vous avait presque avouer qu’il vous aimait ? « Il a dit que je ne quittais jamais ses pensées. Du matin au soir. Du soir au matin. C’est vraiment ses mots. » Ils étaient gravés dans ma mémoire. « Il a plus ou moins sous-entendu qu’il était jaloux de Miles. Mais je crois même pas qu’il se soit rendu compte de ce qu’impliquait ce qu’il disait. » J’enfouissais mon visage dans le creu de son cou, me cachant à moitié dans ses cheveux. « Je fais quoi maintenant ? Je suis complètement perdue. »

Tu essaies de comprendre. Pas de trouver des excuses, hein, qu’on soit clairs. Mais comprendre. Tu sais bien que Sage n’est pas du genre à se mettre en avant devant un homme, tu te doutes même qu’elle se projette, dans sa tête, tu ne sais pas si elle a déjà songé à refaire sa vie, à un moment donné. Vraiment, tu ne sais pas. Ce que tu sais, c’est que non, quoi qu’il arrive, ce n’est pas volontaire, qu’elle n’a pas tenté ou penser à séduire ou draguer Marshall. Ça ne lui ressemble pas. Alors tu soupires, doucement, une petite grimace vient orner ton visage, signe que tu es en train de réfléchir. « Bizarre ? Non. Vous avez … vécu la même chose, du moins, perdu une personne en commun, c’est logique de vouloir se rapprocher de quelqu’un qui peut comprendre sa peine… » Du moins, toi, ça te semble être une option correcte pour surmonter la perte d’un être aimé. Pour elle, c’était son petit-ami, l’homme qu’elle aimait. Pour lui, un frère jumeau. Une moitié, pour l’un, et pour l’autre. Ça rapproche, ce genre d’épreuve, non ?

Néanmoins, puisqu’il te manque encore des éléments, tu questionnes, et surtout, quand elle se met à t’expliquer, rapidement, tu l’écoutes avec grande attention. Non sans émettre quelques « oh » puis des « ah » et d’autres onomatopées un peu moins compréhensibles. « Oh wow … » Ouais, hein, c’est quand même un gros morceau, tu comprends mieux pourquoi ta sœur à des allures de cocotte-minute présentement. Tu peux la comprendre, quand Nahel fait des siennes, tu es passablement dans un état similaire, le truc, c’est que Sage s’énerve bien plus vite, elle est bien plus susceptible, toi, tu te renfermes, tu te sens triste, tu manques d’énergie. Elle, elle bouillonne. « Il veut te protéger donc … » Ça peut avoir bien des explications, ça. « Tu crois qu’il fait ça par rapport à Miles ? » Tu lui poses la question, oui, parce que, c’est sans doute une partie de la vérité, et c’est ce à quoi tu as pensé en premier lieu. Néanmoins … « Au moins, tu es certaine qu’il tient à toi. » Oui, parce que, peu importe la base de tout ça, on ne protège pas quelqu’un de cette manière si on ne tient pas à elle au moins un petit peu, et puis, la suite de ce qu’elle vient de te raconter ne trompe pas.

Tu finis par te redresser, un peu, par t’asseoir, tout en gardant les yeux posés sur ta grande sœur. Même dans la faible lueur de la chambre, tu as pu capter son rougissement, et ça te fais esquisser un petit sourire, satisfait, mais taquin, aussi. « Il a dit ça sous la pression du moment … » Oui, quand on est énervé, on dit des choses qui dépassent largement le cadre des pensées, cependant, à ton sens, il y a toujours au moins une large part de vérité dans ce que l’on peut débiter dans un moment pareil. « Il est amoureux de toi ? » Tu demandes, parce que, c’est la seule explication à tout ça, hein. « Je veux dire, il pense à toi tout le temps, il louchait sur la place de son frère auprès de toi, il essaie de te protéger à tout prix … il est vachement maladroit, mais … quand même. » Et tu te réinstalles, près d’elle, pile au moment où elle vient contre toi pour enfouir son visage dans ton cou, et tu soupires un peu, encore, alors que ta main se lève et que tu viens caresser ses cheveux sombres, délicatement. « Je sais pas … tu en penses quoi ? Qu’est-ce que ça t’a fait, quand il t’a dit tout ça, et surtout, tu as eu le temps d’y penser, non ? Comment tu le vois ? » C’est bien beau, qu’il soit potentiellement amoureux de ta sœur, ce type, mais l’important à tes yeux, c’est elle. Ce sera toujours les gens que tu aimes, les plus importants. C’est comme ça. « Imagine qu’il soit amoureux de toi … tu te verrais lui donner sa chance, un jour, ou c’est totalement exclu d’office ? » Et elle en a le droit, il a ses sentiments, elle a les siens, pour que ça fonctionne, il faut être deux, c’est comme ça, tu l’as appris à tes dépends. « Tu devrais lui en parler, de façon plus reposée, quand vous ne serez que tous les deux, et dans un environnement plus calme. Et sans t’énerver. » Tu finis par bouger, légèrement, et tu viens déposer un baiser tout doux dans sa tignasse brune.

Je ne suis pas vraiment du genre à parler de mes problèmes. En général, je les garde pour moi, je les rumine, les malaxe et les laisse monter comme une pâte à pain. Sauf que je la laisse toujours trop monter et que ça devient immangeable. Et du coup, mon problème de base, qui était tout petit, devient un énorme truc qui m’explose à la figure. Si là, rien de fâcheux ne m’est arrivé, je sais que je suis restée trop longtemps à réfléchir de mon côté. Si on peut parler de reflexion. J’ai plus eu l’impression de tourner en rond sans jamais y voir clair. Au moins, ma petite soeur me rassure sur le fait que ce n’était pas bizarre de passer autant de temps ensemble. Je trouvais ça normal aussi. On pouvait partager nos souvenirs et notre douleur. Mais maintenant je me demandais si c’était la même chose pour lui.

Je finis par tout lui raconter. Ce qui fait un bien fou. Comme si je déchargeais un poids que je n’avais pas conscience de porter. « Il a pas vraiment aimé quand j’ai dit que c’était à cause de Miles. Alors je suppose qu’il tient vraiment à moi, même si j’ai encore du mal à comprendre dans quel sens. » Et que lui même semble ne pas le comprendre. En tout cas, cela semble faire bouger Véga, qui se redresse subitement.

Je pose une main sur mes yeux alors que le mot amoureux franchit ses lèvres. « Je… J’en sais rien… Je comprend rien… » Elle vient se rallonger à mes côtés, et je viens trouver refuge dans le creu de son cou. Sa main vient se poser dans mes cheveux et un florilège de question s’abat sur moi. Exactement ses questions auxquels je suis incapable de répondre. Son baiser me console, juste un peu. « Je sais pas ce que je ressens. C’est ça le problème. » Je pousse un long soupir avant de bouger la tête pour mieux la voir. « J’ai jamais penser à lui comme ça. Il est le frère de Miles, son jumeau, alors je suppose qu’inconsciemment je me suis dit que ce serait malsain. » On peut pas être amoureuse de deux hommes si différents portant le même visage. C’est trop… bizarre. « Mais je suis bien avec lui. Je cherche souvent des excuses pour passer du temps avec lui. » Ca aussi, je m’en étais pas rendu compte tout de suite. Pourtant, quand je repoussais parfois ma famille, j’allais de moi même vers lui. Ce qui devait bien démontrer quelque chose… « Et puis, il réveille la colérique en moi. Je crois que Miles me calmait tandis qu’avec lui... Bon sang, je crois que jamais personne ne m’a autant énervé ! Pourtant, j’ai quand même envie de le revoir. » Je glissais ma main dans celle de ma soeur, y cherchant un appuie. « Je suis complètement perdue Véga... »