Franchement, je ne comprenais pas pourquoi il fallait que nos entrainements se fassent en plein soleil. A croire qu'il fallait rendre nos corps endurants aussi bien au combat, qu'à la chaleur. J'ai déjà tremper de sueurs, juste en ayant fait quelques manœuvres avec mon équipement 3DM. Et la nous allions passer au combat au corps à corps. D'un autre côté, je serais tellement luisante de sueur que les mains de mon adversaire allait forcément glisser sur moi. Une vraie anguille. Mais je détestais être aussi poisseuse. J’enviais ma nièce. J’avais vu Erin se balader une glace dans une main au côté d’un beau garçon de la garnison. Cela me rappelait que je devrais aller voir mes neveux. J’avais l’impression de passer à côté de plusieurs potins.

Pour le moment, je profitais surtout d'un moment de calme, à l'ombre pour boire un peu. Je pouvais voir mes coéquipiers faire quelques manœuvres. On devrait en faire un spectacle. Certains ont tellement de talent qu'on dirait de la natation synchronisé dans les airs. Mais pas tous non. Lysian par exemple, n'avait aucune grâce, ce gros lourdeau. Ou c'était moi qui le voyait comme ça. Non. C'était un ours peu habile. J'en étais sûre. Il n'avait pas la finesse nécessaire pour exécuter des figures quasi artistique. C’était comme ça qu’il fonctionnait, il fonçait dans le tas. Ce qui faisait que je serais toujours meilleure que lui. Même en combat. Il devait penser que la force brute devait suffire pour gagner un combat à main nu. Mais pas du tout. Il n’était pas difficile d’utiliser une force brute contre quelqu’un. J’étais sûre de le battre.

Je croise alors son regard. Ouais, il faut que j’en sois sûre. Je posais ma gourde et attrapait une serviette pour m’épongé le front avant de me diriger vers la zone où nous pratiquions le combat. « Hey Ozturk ! » J’avais des années d’entraînements pour prononcer parfaitement son nom tout en y mettant une pointe de mépris. « Tu te sens en forme pour un petit combat ? A moins que t’es peur de te battre avec une fille. » Ouais, il avait un sacré problème avec ça. Alors j’en jouais toujours.

Tu es concentré, lointain. C’est souvent le cas quand tu es sur la partie 3DM de l’entraînement. Tu n’as pas la grâce de certains, la facilité des autres. Toi, tu n’aimes pas spécialement être dans les airs, et tu ouvrirais les yeux, tu reconnaîtrais peut-être que tu as peur du vide, ou au moins que ça te tend. Sauf que tu n’es pas du genre à voir tes limites ou tes craintes, alors tu t’entraînes sans trembler, sans ne rien montrer. Pire, tu y vas à fond, comme une brute. Parfois d’ailleurs, tu arraches des petites branches tant tu tires fort sur tes grappins, comme un boulet de canon à pleine vitesse.

T’as chaud, le soleil te brûle le corps et risque de finir par te faire tourner la tête. Pourtant, tu tiens le coup et quand tu retombes sur le sol, le corps brûlant, humide, c’est pour souffler. Boire une longue gorgée d’eau, te préparer à continuer et t’arrêter par que ton nom résonne. Putain, elle te saoule à le prononcer aussi parfaitement !

« Quoi Steinn, tu veux te prendre ta raclée de la semaine ? Tu la regardes, avec un regard perçant. T’es sûre que t’es pas un peu masochiste, quand même ? »

Tu la provoques, parce qu’elle te saoule à te rappeler que tu ne veux pas laisser une femme te battre. C’est mauvais pour ton honneur, pour tout ce qu’on a inscrit en toi. Et tu soupires, tu grognes même un epu avant de finir ta bouteille et lui tourner le dos. Le temps de faire tomber ton haut, passer une serviette humide sur ta nuque et tes épaules, et tu viens vers elle, à moitié habillé.

« C’est le soleil qui a trop cogné sur ta petite tête blonde, que tu veux te battre avec moi ? Et tu sais quoi, Lysian ? Tu as le culot de venir poser ta main sur son front, avec un sourire purement moqueur. Ton cerveau va fondre à ce rythme, petite. Pas en âge, mais en taille tu gagnes ! Allez, vient prendre ta dose, va ! »

Un bond en arrière et tu te mets en garde, sans attaquer le premier. Tu la connais, tu préfères la voir se lancer sur toi que l’inverse. Theo est forte, tu ne le lui diras jamais, mais tu le sais, et tu ne la prends plus pour une enfant depuis longtemps. C’est bien pour ça que tu es si concentré et sérieux face à elle, tout à coup, à bouger sur place pour te préparer à te sortir de sa charge si elle part sur ça. Et une dernière fois tu la piques, pour qu’elle ne se retienne pas.

« Bah alors, beauté, tu n’oses plus venir vers moi ? J’t’impressione ?! »

Quel sale type tu fais !

Le provoquer, c’est un jeu d’enfant. Je maîtrise d’ailleurs depuis l’enfance. Je crois bien que nos parents n’ont jamais réussi à comprendre ce qui se passait entre nous dans ses moments là. Enfin, je savais parfaitement quoi dire pour le faire réagir. En même temps, j’avais l’impression qu’il n’y avait pas besoin de grand chose pour ça. « Quoi Steinn, tu veux te prendre ta raclée de la semaine ? T’es sûre que t’es pas un peu masochiste, quand même ? » Je me contente d’un haussement de sourcil alors qu’il me fixe. Sérieusement ? Il faisait mieux en provocation en temps normal. Je ne prend même pas la peine de répondre. Ca n’en vaut pas la peine. De toute manière, il se retourne pour retirer son t-shirt et s’éponger.

Je le reconnais, je me rince un peu l’oeil au passage. Il peut pas ne pas avoir que des défauts quand même. Sa vie serait bien trop triste sinon. Mais je ne dis pas non plus lui montrer que je le trouve -un peu- sexy. D’autant plus qu’il revient vers moi sans se rhabiller. « C’est le soleil qui a trop cogné sur ta petite tête blonde, que tu veux te battre avec moi ? » Et voilà que l’autre crétin vient poser sa main sur son front. Je lève la main et tape le dessus de sa main pour qu’il la retire. « Ton cerveau va fondre à ce rythme, petite. Allez, vient prendre ta dose, va ! » Il attaque sur la taille. Vraiment ? Depuis notre adolescence, alors qu’il a fait une brusque poussée de croissance, il ne cesse de me le rappeler. Et ça m’agace.

Je fais alors mine de regarder autour de nous, comme si je cherchais quelqu’un. « Bah non, elle sont pas là les groupies. T’assures le streap tease pour qui du coup ? Tu crois que ça pourra intimider les titans en mission ? » S’il attaque sur ma taille, j’attaque sur le ridicule de sa tenue. Chacun son tour.

D’un bond en arrière, il se met en position. Je suis le mouvement, et me positionne à mon tour. Légèrement sur la pointe des pieds, prête à bouger le plus rapidement possible. « Bah alors, beauté, tu n’oses plus venir vers moi ? J’t’impressione ?! » Je sais qu’il fait ça uniquement pour me provoquer, pour que j’attaque en premier. Sûrement parce qu’il sait que moins point fort, c’est d’utiliser la force de l’autre contre lui. Il serait trop heureux de me l’entendre dire, pour ça que je ne le ferais jamais, mais oui, je suis une femme et donc moins forte que lui. Mais plus intélligente. En réalité, c’est une partie d’échec qui se joue entre nous. « Voyons, c’est toi qui trouve ça humiliant d’être battu par une femme, je n’ai rien à perdre personnellement... » J’avance lentement sur le bord de ce qui nous fait office de ring, attendant le meilleur moment pour attaquer. Et quand il mordra la poussière, je lui ferais ravaler son beauté. Il faut qu'il comprenne qu'une fille n'est pas juste un jolie minois.

Tu la cherches parce que c’est drôle. Non, c’est faux, si tu la provoques comme tu le fais c’est parce que tu ne sais plus lui parler autrement. Tu ne te souviens même pas à quel moment tu es devenu à ce point agressif avec elle. Il te semble qu’à un moment vous étiez ami, plus que tout le reste, mais depuis quelques années, tu dois bien reconnaître que si vous êtes toujours fourré l’un avec l’autre, ce n’est que pour envoyer ce genre de piques dans la tête. Et là preuve, hein, elle revient à l’agression en parlant de ta tenue.

« J’ai pas besoin de groupies, je sais que toi tu te rinces l’oeil. Et dans ma grande bonté, je te donne une occasion de plus de le faire ! »

C’est un sourire satisfait, moqueur, peut-être un peu allumeur que tu lui adresses, en venant vers elle sans paraître le moins du monde gêné par ta tenue. Et franchement, ce n’est qu’à moitié faux, ce que tu as dit. Tu te sais attirant, pas mal foutu, et tu as déjà attrapé son regard sur toi… de toute façon tu te permets de faire la même chose sur elle, sans gêne.

Tu t’arrêtes, tu la provoques et tu te mets en garde. Et tu le sais, toi, que ça vaut mieux d’attendre et de la laisser venir. Pourtant, tu as dû bien trop user de cette stratégie contre elle parce qu’elle ne bouge pas vers toi. Et vous vous retrouvez bientôt à tourner autour du ring en vous fixant dans le blanc ces yeux.

« Rien à perdre. C’est bon à savoir, quand je t’aurai mis au sol, et que tu rageras, je te rappellerai tes paroles ! »

Ça t'énerve, putain. Toi t’y as à perdre, et t’es persuadé que c’est la même chose pour elle. Rien que par fierté, tiens ! Alors si tu avais choisi d’attendre, tu finis par céder. Tu attends qu’elle soit en train de faire un pas pour te jeter sur elle. Si ton poing se lance vers sa tête sans aucune retenue, tu ne viens pas vraiment chercher l’agression par cette action, juste une ouverture sur ses jambes. Parce qu’aussi vite que tu loupes ton coup de poing, tu viens surtout balayer le sol de ta jambe. Ton objectif est simple : la mettre au sol pour te jeter dessus et finir rapidement ce stupide combat.

« Si j’te choppe, t’es foutu Théo ! Que tu viens l’asticoter pour tenter de la déconcentrer. »

Lysian a un don pour m’énerver. Je ne sais pas si c’est parce qu’il me connait trop bien ou juste parce qu’il a tout simplement une tête à claque. C’est très certainement la deuxième solution. Il me suffit de voir sa tête pour sentir l’agacement me gagner. « J’ai pas besoin de groupies, je sais que toi tu te rinces l’oeil. Et dans ma grande bonté, je te donne une occasion de plus de le faire ! » Et peut-être qu’il me connait bien aussi. Moi qui pensait être discrète, je me suis visiblement planté. Pas grave, laissons lui ça. S’il prend la grosse tête, il sera moins vigilant et plus facile à battre. Je me contente donc d’un regard noir. « Rien à perdre. C’est bon à savoir, quand je t’aurai mis au sol, et que tu rageras, je te rappellerai tes paroles ! » Oui, bon, d’accord, il avait raison. Si je perdais, je serais insupportable. Je crierais sûrement à la triche. Mais je n’allais pas perdre. Jamais. « Navrée de te décevoir, mais il faut plus que des beaux abdos pour réussir à m’allonger. » Quitte à accepter le fait que je le matais, autant en rajouter. « Si j’te choppe, t’es foutu Théo ! » Visiblement, je suis pas la seule à en faire des tonnes. « Que des promesses dans le vent. »


Il se lance finalement, alors que je continue à avancer. Son poing se rapproche assez rapidement de mon visage, mais il ne m’est pas difficile de l’esquiver. Ce qui me met assez vite la puce à l’oreille alors que ses jambes tente de me faucher. Je saute au dessus de sa jambe et profite qu’il soit destabilisé pour tenter de placer un coup de pied. Sauf qu’il est rapide. Bien plus rapide que je l’aurais cru. Et avant même que je ne saches comment, il a attrapé ma jambe pour m’attirer à lui. Et là, je le sais je suis fichu. A tout les coups, il va me balancer une mauvaise réplique et je vais me retrouver au sol… 

Tu devrais rire, certainement, Lysian, mais tu es bien trop concentré pour le faire. Elle te provoque, mais elle t’offre en même temps un peu de compliments, ça se trouve sans le vouloir. On ne va pas se mentir, mon grand, toi ça te plait bien plus que de raison de savoir que même hors du combat tu gagnes un peu quelque chose. Pas contre elle, mais contre les autres. T’es visiblement assez bien foutu pour qu’elle te regarde et apprécie ton corps. C’est mieux que certains autres types de votre équipe, hein.

Alors le combat commence et toi, tu cesses de parler et de la provoquer. Tu veux juste gagner, et si tu dois mettre ton humour douteux de côté tu vas le faire, mon grand. Alors oui, tu attaques, elle réagit. C’est toujours comme ça entre vous deux. Sauf qu’elle se précipite sûrement un peu trop dans son attaque suivant parce si elle prépare son pied pour te toucher, toi tu bouges en conséquence. Ta main se referme sur sa cheville et tu la soulèves vers les cieux, en passant en même temps une main dans son deux pour lui éviter la chute. Il faut dire que là, t’es tout prêt d’elle.

« J’suis quand même parfait, je viens même te laisser profiter de près de mes abdos. T’as un sourire jusqu’aux oreilles et tu te penches vers elle, jusqu’à ce que ton visage soit à quelques cm du sien. Mais si tu préfères faire ça en privé, t’es toujours la bienvenue dans ma chambre. »

Quel sale type, hein. Tu profites de lui faire tourner la tête (ou essayer du moins) et quand tu sais que tu l’as eu par surprise, tu finis par bouger l’un de tes pieds sur le sol. Tu viens cogner dans sa seule cheville qui lui assure de l’équilibre et tu la relâches en bondissant en arrière. Dans un bon gros boum, elle s’effondre au sol et toi tu claques tes mains l’une dans l’autre, bien content de cette victoire.

« Tu vois, je te l’avais dit ! Tu es comme un coq, tu parades devant elle. J’espère que tu es satisfaite, maintenant ! Et tu reviens devant elle, en lui tendant une main, avant de rajouter, plus doucement, mais sans perdre ton sourire moqueur. Allez viens-là ! »

Tu as gagné, ça ne veut pas dire que tu vas la laisser à terre. Tu préfères Theo quand elle se bat et qu’elle se tient comme ton égal, mine de rien. Alors oui, tu attends qu’elle tente sa petite main pour la hisser vers toi, la torturer encore un epu et passer à autre chose !

Mon pied est dans sa main, et la seule chose qui m'empêche de tomber, c'est son autre main dans le dos. Je le sais, je suis fichue. J'ai perdue. Et ça me fait bouillir de l'intérieur. Je ne suis pas mauvaise joueuse. Sauf quand ça le concerne. « J’suis quand même parfait, je viens même te laisser profiter de près de mes abdos. Mais si tu préfères faire ça en privé, t’es toujours la bienvenue dans ma chambre. » Le sale con ! Son visage est près de moi. Mais pas encore assez pour que je lui morde le nez. Ouais c'est moche de penser à se servir de ses dents, mais il réveille mes plus horribles instincts. Je pourrais aussi lui cracher au visage. Sauf que c'est tout sauf hygiénique. Même avec lui je ne m'abaisserais pas à ça. Je me contente alors de serrer les dents. Et j'évite de lui donner satisfaction en regardant ses abdos. Du moins je fais mon possible mais un œil décide de ne pas m'écouter. Son pied vient alors taper ma cheville alors qu'il me lâche. Je tombe, mon dos venant heurter le sol. Et c'est douloureux. Autant pour mon corps que pour ma fierté. D'autant plus qu'il se met à fanfaronner comme un coq. « Tu vois, je te l’avais dit ! J’espère que tu es satisfaite, maintenant ! Allez viens-là ! » 


Je regarde d'un œil noir la main qu'il me tend. Je m'assied sur le sol poussiéreux avant de l'éloigner d'une tape. Il venait deja de me battre, je n'allais pas en plus utiliser son aide pour me relever. Alors je me redresse seule, m’asseyant sur le sol poussiéreux. « T’as de la chance,  j’étais déjà bien fatiguée à cause de l’entraînement. » Marmonnais-je en me levant. Ouais je ne fais que me chercher une excuse, je le sais. Sur ce coup-là, il m’a eu c’est tout. Je l’ai sous-estimé. Je me suis surestimé. Et maintenant que j’avais perdu, je n’avais plus qu’à ruminer. Moi qui fanfaronnait en disant que je n’avais rien à perdre… J’ai l’air bien idiote maintenant. Comme a chaque fois qu'il me battait. D'un autre côté, ça arrivait un coup sur deux. Le reste du temps, je le bat sans problème. 


Je reste digne alors que je tente d'enlever la poussière sur mon postérieur et mon dos. « J'espère que tu ne te sens pas trop dégoûté de toi même à utiliser tes abdos comme un vulgaire gigolo. » Si j'avais perdu le combat, je pouvais gagner la joute verbale. « Tu fais dans le streap tease aussi ? Je dois organiser un entêtement de vie de jeune fille pour une copine. Si t'es intéressé donnes moi tes tarifs. » Et j'affiche un grand sourire, fière de ma be

Tu gagnes. Ahhh rien que de dire cette phrase, tu te sens déjà sacrément bien ! C’est presque si ça ne te redonnerait pas un regain fabuleux pour aller provoquer un autre type en combat rapproché et pouvoir crâner un peu plus. Enfin, tu es quand même fatigué, donc tu sais que tu n’iras pas te remettre dans un combat, parce que tu n’en sortirais pas vainqueur à 100% de chance. Et tu vois, Lysian, t’es bien des choses, mais surtout, t’aimes avoir ta fierté en un seul morceau. Cette victoire te suffit amplement.

« Eh beh, tu fais ta mauvaise tête ?! »

C’est ce que tu lui claques quand elle refuse ta main et qu’elle râle parce qu’elle était fatiguée. Probablement que tu devrais enfoncer le couteau dans la plaie, mon grand, en lui rappelant que tu étais aussi fatigué qu’elle puisque vous suivez le même entraînement. Tu ne dis rien, pourtant, mais quand elle se relève et qu’elle s’époussette, t’as un geste pour aller vers elle, lui demander si ça va, parce que bon, OK, t’y es allé un peu fort. Sauf qu’elle te prend de vitesse et c’est un feulement mécontent qui t’échappe.

« Un. Vulgaire. Gigolo. »

Ah ouais, nan, mais là, c’est vraiment qu’elle veut que tu la remettes au tapis directement. Tu grognes, et si ton idée première c’est de la laisser sur place sans répondre, tu fonces vers elle. Tes mains s’agrippent à son haut et tu plies ta carcasse pour venir caler ton visage devant le sien, l’air vraiment, mais alors vraiment, pas content.

« C’quoi ton problème, Théo ? T’es jalouse ? Ou juste t’assumes pas qu’c’est toi qui as un problème et qui as sûrement un peu trop les yeux attirés par moi ? »

Sauf que si tes mains se crispent contre elle, que tu te dis que tu vas juste la soulever de terre et l’envoyer valser plus loin, comme une brute, autre chose te passe en tête. Une vengeance toute trouvée. Un sourire au moins aussi grand que le sien se pose sur tes lèvres et tu tires subitement tes mains dans deux sens opposés jusqu’à entendre le craquement sinistre du tissu sous tes doigts. Et non, tu ne t’arrêtes pas à la. Tu viens littéralement déchiqueté le t-shirt en deux, dévoile le haut de son corps sans vergogne et tu la relâches aussi vite.

« Maintenant, on est aussi dans le même bain. »

Et tu vois, si elle, elle te reluque à moitié, toujours quand tu ne regardes pas, toi tu ne te gênes absolument pas pour elle. Tu souris, tu lui envoies même un clin d’oeil et quand tu te penches pour récupérer une serviette propre tu la lui jettes au nez pour qu’elle puisse se cacher, si elle le veut.

« La prochaine fois, réfléchis deux minutes avant d’m’insulter. Tu lui adresses, sans sembler vouloir partir pour autant. »

Je ne suis pas mauvaise joueuse. Sauf quand il s’agit de lui. Il sait toujours appuyer sur le bouton pour me rendre chèvre. Et puis, il me semble toujours que quand il me bat, c’est qu’il y a un dérèglement cosmique qui va tout faire exploser. C’est vrai, une tête à claque comme lui ne peut pas être meilleur que moi. C’est impossible. Regardez le me dire que je fais ma mauvaise tête. Alors c’est plus fort que moi, j’explose. Et ce que j’ai dit n’est pas vraiment jolie jolie. Mais qu’est ce que ça fait du bien… Par contre, lui, il est pas content. Il s’approche de moi. Son visage se retrouve tout près du mien. Se montrant intimidant. Ce serait quelqu’un d’autre, j’aurais sûrement fait un pas en arrière. Mais pas lui. Ne jamais montrer ses faiblesses. Surtout devant une telle arrogance. Comme si je pouvais être jalouse. Ou pire, attirée par lui. Beurk et double beurk. « N’importe quoi. » que je marmonne.

Puis, je ne compren plus rien. Je baisse les yeux sur ses mains qui attrapent mon haut. Et une demi seconde après, mon t-shirt est devenu un lambeau qui tombe au sol. Et après ça, il souris, comme si de rien n’était avant de me jeter une serviette. Je me retrouve donc à moitié nue devant notre escouade et lui me demande de réfléchir avant de l’insulter… « Mais t’es complètement malade ! » Je serre cette satanée serviette entre mon poing. Je ne cherche même pas à cacher mon soutien gorge. Je n’ai pas honte de mon corps. Mais c’était à moi de décider quand et à qui je le montrais. « Mais t’as raison, je réfléchirais un peu plus avant de t’insulter la prochaine fois, parce que tout ce que je pourrais dire ne sera jamais suffisant. T’es un grand taré. Un psychopathe. » Je finis par poser mes mains sur son torse, le poussant de toute mes forces. « Mais c’est sûr qu’agresser une femme qui te traite de gigolo c’est tout à fait proportionnée. » Je pars en direction du banc où j’avais posé mes affaires. J’attrape ma veste et l’enfile. Je n’allais quand même pas rentrer dans cette tenue. J’allais me faire insulter par les mères de ma famille. En parlant de mère… Je tourne une nouvelle fois la tête vers Lysian. « J'espère que ma mère n'aura pas le temps de se rendre compte. Elle serait bien capable d'aller en parler avec la tienne... » C'était carrément puérile. Mais ce n'était pas la première fois que nous utilisons nos parents dans nos querelles.

Ok, ok, ok, tu veux bien r’connaitre que t’y es probablement allé un peu fort. Tu l’reconnais même dès que tu déchires son haut et que tu recules d’un pas. Déjà parce que toi tu peux te rincer les yeux, de manière trèèès agréable, mais aussi que du coup, tu te dis que les autres aussi. Et bon, tu comprends que non, ça, c’était pas sympa. Et en plus tu te sens lésé dans l’histoire, parce que t’es pas spécialement jouasse que d’autres en fassent autant que toi. Ouais parce que… parce que toi c’est différent. Et merde hein !

« C’est bon, Théo, tu vas pas mourir pour ça. Aux dernières nouvelles, t’as pas grand-chose à cacher ! »

Ouais tu t’enfonces là, mais en même temps, tu te vois mal rougir et revenir sur ton geste. Déjà parce que tu la connais et tu sais que ça ne va pas passer comme ça, ok ? Et surtout, t’as ta petite fierté. Tu refuses de perdre maintenant que t’as gagné. Et puis tu t’excuseras, un jour, dans pas longtemps, pour qu’elle cesse de faire la tronche. Mais là, tu préfères lui lancer une serviette et râler, provoquer, reculer comme si t’allais partir.

« Ohhh redescend un peu, je t’ai rien fait ! C’est que du tissu, t’as qu’à m’en faire racheter un puis voilà. Et t’as un mouvement de main pour chasser ses paroles. Et puis j’t’ai pas agressée. Si j’t’avais vraiment agressé, t’aurais su m’frapper en retour, c’est bon, ne te dénigre pas non plus. »

Et t’as même le putain de culot de lui adresser un sourire, parce que t’es juste un sale type qui provoque. À défaut d’assumer tes actes, tu t’enfonces un bon coup pour ne pas perdre la face devant tes collègues. Et puis tu recules encore pour vraiment partir une bonne fois pour tout et tu vas elle fait pareil sauf que tu pressens qu’elle n’en a pas fini puisqu’elle se retourne quand t’en fais autant. Et t’as un mouvement, de pure surprise cette fois-ci.

« EH ! On avait dit qu’on mêlait pas ta mère et la mienne à nos histoires je te rappelle ! J’te préviens si elle vient m’engueuler, la prochaine fois, j’me retiens pas d’arracher tout ce que tu portes. Et tu fronces les sourcils. Respecte ta parole Theodora ! »

Et bon dieu, ça c’est que t’es sacrément sérieux parce que t’utilises son prénom en entier quand même. Et tu finis par te tourner lever la main en guise de “au revoir” et tu plantes tout le monde sur place pour aller te doucher et passer, autant ta frustration que ta colère contre toi-même sous l’eau froide !