Bon. On va pas se mentir. T’as sans doute regardé sous la robe d’Astrid. C’est même d’ailleurs certainement ça qui te fait manquer les tendons du titan. Alors que tu tends les bras pour donner un coup dans ses chevilles, tu vois le grappin de la demoiselle se décrocher soudainement. Ni une ni deux, voyant Fate à ta suite, tu lâches tes lames pour te permettre de repositionner tes grappins afin d’avoir le temps de réceptionner la brune. Si elle peut avoir une dette envers toi voilà qui est une bonne chose… Alors tu tends les bras et… Tu lui évites une chute qui aurait pu lui être fatale. Et alors que tu retombes gracieusement sur le sol, tu la sers contre toi. « Eh bah Astrid? C’est de me voir qui te fais perdre tous tes moyens? » Tu souris, goguenard tandis que le caporal fini le titan de son côté. Seul. « Bon c’est sympa de jouer au prince charmant mais t’es lourde là. » Et tu la déposes au sol, tu te permets même de remettre en place cette bretelle de robe qui est à moitié déchirée et qui n’arrête pas de tomber. Mais elle finit bientôt par te mettre une claque sur la main. « Je vois que tu n’as pas perdu ta fougue… C’est plaisant à voir. » Et tu ris doucement tandis qu’elle tourne les talons pour se poster le plus loin possible de toi alors que vous vous dirigez vers la porte. « J’attend toujours des remerciements ! » Lances-tu envers le caporal et la jeune femme avant de te diriger aussi vers la porte. Quelle plaie… penses-tu avant de tourner le regard vers Dylan qui se tient toujours en haut de son mur. Ça aurait été beaucoup mieux de l’avoir secourue elle… Astrid tu l’avais déjà eu.

« REVAN ! » Tu entres dans son bureau sans frapper. Couvert de sang de titans et fier comme un paon. « Devines quoi mon vieux? » Que tu dis en posant tes deux mains sur le bureau. « J’ai abattu mes premiers titans aujourd’hui. Alors t’es fier de moi? » Tu relèves la tête, une grand sourire sur ton visage. « T’as vu j’me suis pas enfui ! » T’avais essayé du moins. Mais ça avait été un échec. « Qu’est-ce que j’aimerai montrer ça à mon père tient. Lui coller ça dans la gueule, lui qui m’en croyait incapable. » Et tu reviens vers lui avant de t'asseoir dans le fauteuil. Ça y est. T’es épuisé. Ton excitation a tenu jusqu’à ce que tu puisses t’en vanter auprès de ton meilleur ami. « Viens on va fêter ça ! Je t’offre à boire ! » T’es ravi, réussir ton coup dès la première fois et alors que d’autres soldats de l’exploration n’avaient pas réussi… Tu te sens plus pisser mon gars. « Enfin faut juste que je me débarbouille avant, ça pue ces machins c’est une infection… » Dis-tu en regardant d’un air dégoûté ta chemise tachée de bave et de sang de titan. Ceci dit ça a fait son petit effet quand t’es rentré en ville...

Tu en as eu vent, bien évidemment. Ce qui s’est passé à Trost aura fait le tour des murs en un temps record, cependant, pour le moment, vous autre des brigades spéciales n’étiez pas concernés par tout ça. Bien entendu, Revan, que tu avais de la peine, tu pensais énormément à ces gens qui, s’ils n’avaient pas tout perdu comme ça avait été le cas à Shinganshina, avaient pour certain perdu de la famille, leur maison … Si. En fait. Tu pouvais carrément comparer ça à ce qui s’était passé du côté de Maria, et si le District de Trost n’était – pour l’instant du moins – pas considéré comme définitivement perdu, et bien, le bilan était lourd, à tes yeux, les dégâts avaient été conséquents, et tu déplorais un peu le fait d’être ici, bloqué, à ne rien faire et surtout, de ne pas être en mesure d’apporter ton aide aux soldats de là-bas.

Du côté de Sina, tout était particulièrement calme. Tes journées à toi étaient les mêmes, l’incident n’avait pas provoquer de changement majeur, et tu ne t’attendais pas à ce que ça arrive non plus. D’ailleurs, mis à part les discussions, parfois un peu houleuses dans les rues, la vie ici ne semblait absolument pas avoir été chamboulée par les récents évènements. Tu avais même dû t’interposer, ce matin encore, entre deux femmes qui se battaient pour la couleur d’une étoffe sur le marché. Alors, vois-tu, Revan, quelle n’est pas ta surprise lorsque, de retour à ton bureau, tu tombes sur ce rapport signé du Caporal Hodgen des Bataillons d’Exploration et daté d’un jour tout juste après l’incident de Trost. Tu te mets à le parcourir et … et c’est comme si de phrase en phrase, tu ouvrais plus grand les yeux, et ce jusqu’à reposer la feuille, bien à plat sous ton nez, pour souffler un grand coup. C’est pile ce moment que choisi Ethan pour débarquer, et tu sursautes lorsqu’il cri ton prénom, sans même frapper avant d’entrer. Tu n’as pas le temps d’en placer une, en fait, que le voilà déjà qui débite un flot de paroles interminables, et il se vante. Encore. Et encore. Oh, à l’entendre, c’est un véritable héros.

Cependant, lorsqu’il vient s’asseoir dans le fauteuil face à toi, tu te penches légèrement sur ton bureau, les coudes de chaque côté du rapport. « Fêter quoi, exactement ? Le fait que tu aies désobéi à des ordres venant directement d’un soldat gradé de l’exploration pour je cite « faire le mariole » ou … oh, peut-être celui de t’être, je cite encore « fichu de sa poire en souriant comme un âne » ? » Lorsque tu recules légèrement sur ton siège, c’est pour venir attraper le rapport, et le claquer sous son pif, sur le bureau. « Qu’est-ce que t’as encore foutu, bon sang ? » Il t’en ferais voir de toutes les couleurs, celui là tiens, déjà que tu étais obligé de gérer les bonnes femmes qui venaient réclamer des indemnités pour avoir été quittées sans explications, et que tu avais du faire face à une femme, qui était venu te réclamer une pension pour son gamin à naître en prétendant qu’il était de ton ami et soldat … mais voilà que tu devais en plus, te démerder avec des rapports qui arrivaient d’autres corps d’armée, juste parce que cet imbécile heureux avait encore fourrer son nez n’importe où. « Je suis curieux, pourquoi tu t’en es mêlé, exactement ? Je t’aurais plutôt vu détaler par la première porte. »

T’es fier. Tellement fier Ethan. Tu sais pas ce qui te rend le plus fier en fait. Le fait d’avoir abattu ton premier titan. Le fait d’avoir sauvé la vie d’Astrid et de Dylan. Montrer à ton père et ton grand père qui sont au ciel que non, c’est pas parce que t’es un chevalier à la licorne que tu peux pas être important. Que tu peux pas te secouer lorsqu’il faut. Que tu peux pas être utile? Sans doute un peu de tout ça à la fois. Et ça te met dans un tel état d’excitation mon vieux que t’entres dans le bureau de Revan comme si c’était le tien. Enfin. C’est tout comme. Vu le nombre d’heures que tu peux passer avec lui entre deux…

Et alors que tu t’attends à des félicitations, alors que t’attends à ce qu’il te tape sur l’épaule et te suive pour aller boire un coup… Bah ça se passe pas vraiment comme tu l’attends. Il se penche en avant, les coudes sur le bureau… Et tu sens que ce qu’il va te dire va pas forcément te plaire. C’est toujours cette posture qu’il adopte lorsque t’as fait une bêtise. Sauf que là… t’as beau te creuser la cervelle, tu vois pas trop ce que t’as fait de mal ces derniers temps… A moins que ça ne soit une femme qui… Il te claque un rapport sous le pif en énonçant les faits. Et tu fronces les sourcils tout en le lisant. Puis tu lis le nom. *Hodgen* Evidemment. « Ah lui… » Tu soupires en t’enfonçant dans ton siège. « Qu’est-ce qu’il peut être rabat-joie celui là. Il me gâche ma bonne humeur. » Tu passes ta main sur le visage avant d’ouvrir de grands yeux étonnés. « Que tu crois je… Non bon ok j’ai essayé de filer en douce pour aider les gens à sortir mais on m’a fichu au front et… Et figures toi que j’ai fais du bon travail je comprend pas pourquoi il t’envoie un foutu rapport ! Je crois qu’il aime pas ma gueule c’est tout. D’ailleurs il m’a collé son poing dans la figure ! » Tu touches ton nez, ayant peur d’être défiguré mais il semble avoir son volume normal. « Bon ça va mon visage a toujours l’air aussi parfait…. »

Tu te relèves, faisant les cent pas, soudainement grincheux. « Bon ok. Ok. Peut-être que ce pain je l’ai mérité. Il m’a dit d’emmener une nana je sais plus où mais y’avait Dylan et… » Tu te coupes. Non. Parles pas de filles mauvaise idée. Et parles surtout pas d’une fille en particulier. Parce qu’elle est rien pour toi cette fille hin. Tu t’en préoccupes seulement parce que tu la veux dans ton lit. « Bref. J’ai entendu du bruit, je suis montée sur le toit avec les deux femmes et… J’ai vu un titan débarquer en courant. Je leur ai sauvé les miches putain. Je les ai poussées pour qu’elles ne meurent pas et  je l’ai eu du premier coup ! » Tu t’énerves maintenant, tu bouges les bras. « C’est ça qu’il a pas dû aimer. Je lui ai ramené du matos, j’ai sauvé Astrid. Deux fois en plus ! Mais j’ai bien vu qu’il avait pas l’air d’apprécier que je m’approche d’elle. Je suis sûr qu’il m’a collé un pain parce qu’il aurait aimé jouer au prince charmant, mais il était occupé ailleurs. » Et tu t’enflammes Ethan. Encore. Parce que pour une fois que tu peux te vanter d’avoir fait un truc *vraiment* utile voilà qu’on te crache dessus gratuitement. « Et je me suis pas foutue de lui. Je lui ai fait un compliment. Il a une bonne droite ce mec. » Tu te masses la mâchoire et le nez en repensant au coup. « Ptin pourquoi les rares fois où je suis sérieux on me croit même pas. » Ça y est. Joue au caliméro t’as raison. Tu finis par te rassoir dans le fauteuil, épuisé.

Il t’épuise celui-là. Si tu ne sors pas affronter les titans, toi, tu peux te vanter d’avoir ton propre démon à portée de main, au point où t’en est venu à penser depuis bien longtemps que ce serait lui, ouais, lui et personne d’autre qui finirait par avoir ta peau, mon vieux. Quand il n’est pas en train de te raconter ses aventures torrides – dont tu fiches royalement, et qui te dégoûtent bien trop souvent au plus haut point – t’es en train de ramasser les pots qu’il casse, volontairement en plus. Et voilà que maintenant, tu te mettais à recevoir des rapports de l’Exploration pour se plaindre de son comportement désastreux. Sur ce coup, t’aurais vraiment préféré qu’il se carapate et qu’il ne fasse pas de vague. Déjà parce que ça n’a jamais été le plus grand des combattants, et qu’en plus, tu restais convaincu que personne d’autre que toi ne pouvais gérer cet homme-là. Gérer. Ouais, c’est encore un bien grand mot, ça hein. Tu ne le gères pas Revan, pas du tout, même. Tu le supportes. Nuance. Et si tu le supportes aussi bien, c’est juste parce que tu as l’habitude de le faire maintenant. Parce que tu le fais depuis l’enfance. Parce que t’en as déjà vu de toutes les couleurs avec lui, ou presque, et que plus rien ne te surprend, ou presque.

Et évidemment, il nie. Il s’explique, et il s’agite pour le faire. Bien entendu, ce n’est pas de sa faute, lui, il a tout fait tout bien comme il faut, et c’est les autres qu’il faut blâmer. Oui, bah évidemment, hein, Revan, voyons où avais-tu l’esprit ? C’est forcément de la faute du Caporal, parce que, citons ce brave Ethan, il aurait voulu jouer au prince charmant, au beau milieu des enfers et du chaos. Oh, diantre, tu n’es pas même pas surpris lorsqu’il se met à donner des noms de femme, et fait, c’est même carrément l’explication que tu attendais et quand il vient de se rasseoir, à bout de souffle, t’es presque dans le même état que lui, rien qu’à l’avoir écouté. C’est dire à quel point c’est grave.

« Contrairement à ce que tu as l’air de penser, en situation de crise, on en fait pas qu’à sa tête, Ethan. » C’est fou, hein que tu sois obligé de lui rappeler un truc aussi basique, genre, c’est l’une des premières choses que vous avez appris à l’entrainement. Tu l’as retenu. Il n’a pas retenu. Non, lui, il a dû retenir en priorité les filles qu’il avait réussi à mettre dans son lit à cette époque, et encore, même pas certain qu’il se souvienne de toutes. « T’as peut-être fait du « bon boulot » … » Et oui, tu as mimé les guillemets. « Mais tu as désobéi, et ça aurait pu coûter très cher ! » Et te voilà, à soupirer, lourdement, si lourdement mon vieux, que tu viens finalement t’enfoncer à nouveau dans ton siège en le fixant. Tu ne vas pas passer le reste de ta journée à lui faire la morale. Déjà parce que, ça ne sert à rien, que ça rentre par une oreille, et que ça ressort de l’autre, mais aussi parce que tu manques cruellement de courage pour ça. Du coup, tu finis par te lever, par attraper ta veste et faire le tour de ton bureau. « Aller bouge-toi, j’ai besoin d’un verre, tu m’as fatigué. »

On te file un rapport dans les pattes. Ça mon vieux t’es pas prêt de l’oublier. Tu donnes un coup de main - certes de mauvaise grâce - mais tu donnes un coup de main tout de même. Bonne poire, tu files de l’équipement à des soldats que tu croises pour leur venir en aide. T’abats un titan - ton premier titan foutre dieu ! t’es tellement fier de toi ! - et pourtant. Pourtant. Faut qu’on t’enguirlandes. Alors ouais d’accord t’as pas suivi les ordres. Mais est-ce que c’est si grave que ça au final? Personne s’en sort avec de gros bobos, t’as sauvé des nénettes et en prime t’as fais ton taf. Tu estimes tout simplement qu’on a rien à te redire. Alors non, tu ne parles pas de ce bonhomme qu’est venu te casser les noix par la suite, parce que si tu lui en parles, tu sens que ça va le rendre encore plus furieux. Et non t’es pas d’accord avec ce que dit ce maudit Hodgen à ton encontre.

Par contre t’écoutes ce que Revan te dit. Parce que malgré tes airs de connard, c’est bien le seul que tu laisses te faire la moral. Il est avant tout ton ami avant d’être ton caporal, et tu estimes que son avis à plus d’importance qu’un haut gradé de tes boules. Alors tu grognes. Tu boudes même ouais. Tu t’enfonces encore plus dans ce large fauteuil lorsqu’il se remet à te faire la moral. Tu le regardes aussi hin, bien que ton regard aille à droite et à gauche entre deux. Mais t’écoutes. T’imprimes ce qu’il te dit. Ça veut pas dire que tu feras plus de connerie non, mais ça veut dire que t’essayeras de faire gaffe. Pour pas qu’il ait des emmerdes de son côté.

Alors tu soupires. Une moue boudeuse sur les lèvres. « M’énerve de suivre des ordres quand je vois que je peux agir différemment. » Tu grognes. C’est fou non, d’être entré dans l’armée tout en sachant que t’as une sainte horreur qu’on te dirige. Mais toi t’as toujours cru que tu pourrais aller loin, que tu pourrais donner des ordres un jour. Jusqu’à ce que la promotion tombe pour Scytale. Et si tu l’as eu mauvaise au début… Tu te rends bien compte - et tu peux au moins de l’avouer à toi - que tu ferais un mauvais chef. Et qu’à être au top, ta tête tombe plus facilement. Et que t’as de la paperasse à faire. Bref. pas ton truc quoi. Et tu sais. Tu comprends qu’il dit ça pour toi. T’es peut-être un connard mais parfois tu sais que tu vas trop loin. Et parfois aussi c’est Revan qui se permet de resserrer la vis. Comme là. « Désolé. » Que tu bougonnes en te passant la main dans les cheveux. Ouais. Des excuses. Encore une fois ce mec c’est bien le seul envers qui tu t’excuses de bon coeur. « Je vais essayer de pas recommencer. »

Alors quand il finit par se relever pour attraper sa veste… Tu mets un petit moment avant de te relever et de retrouver ton entrain. « Aller. La première tournée est pour moi vu que t’es fâché ! » Tu l’attrapes par les épaules une fois sortie de la pièce avant de lui lancer un grand sourire. « Bon dis moi. Maintenant qu’on est sorti de ton bureau tu peux bien me le dire. T’es quand même fier de moi non? » Infernal Ethan. T’es infernal. Mais c’est pas de ta faute si Revan compte tant que ça à tes yeux. Tu lui a jamais dit, et si tu sais que tu le considères comme ton grand frère dans le fond… C’est un peu plus. T’as besoin de lui. T’as besoin qu’il t’approuve. Et tu recherches toujours dans ses yeux à y voir de la fierté parce que dans le fond, t’as toujours déçu ta famille. Et t’aimerais qu’on soit fier de toi.

L’auberge est proche, il ne vous faut pas longtemps pour vous trouvez un petit coin et vous y poser. « T’en veux une? » Dis-tu en sortant une cigarette de ta poche et en la plantant dans ta bouche pour sortir un briquet tandis qu’une demoiselle s’approche de vous pour prendre la commande. « Un truc fort steuplait ma beauté. » Que tu lui lances avec un clin d’oeil avant de te tourner vers Revan. « A part fêter ça dis moi, toujours pas de nana en vu de ton côté? C’est toujours au point mort? »