Tu inspires. Tu expires. Et si tu continues comme ça, en silence et figée pendant de longues minutes, on pourrait certainement croire que tu dors comme le reste de la chambrée. La vérité, Nao, c’est que tu es tendue, parce qu’en rentrant ce soir dans le dortoir, Firefly, ta petite renarde, avait disparu. Ça arrive hein, c’est qu’elle est partie chassée ou se balader, mais toi, ça te rend complètement dingue d’inquiétude. Sauf que l’extinction des feux tombe et tu ne peux rien faire qu’attendre… au moins un peu.

Ça fait quoi ? 30 ou 40 minutes que tu feins de dormir quand tu finis par repousser tes couvertures. Tu es encore habillée d’un pull noir, informe, et d’un pantalon tout aussi usé. Tu tends l’oreille, vérifies les ronflements des autres filles que tu parviens à identifier et tu finis par rouler jusqu’au bord du lit. Tu es sur celui du dessus, alors tu finis par te laisser tomber dans les ombres du dortoir sans un bruit et tu viens poser ta main sur la bouche de la jeune fille qui dort dans celui du bas, sans violence.

« Psssst… Ehhh pssst Olympe ! Tu la secoues un peu jusqu’à voir ses yeux s’ouvrirent. Fire a disparu, je sors. Tu veux venir ? »

Nan parce que tu n’as pas beaucoup d’amies dans le camp d’entraînement, mais Olympe, tu la connais depuis que tu as rejoint les rangs de l’armée. Elle est l’une des rares d’ici à qui tu ne caches pas grand-chose. Une des rares qui sait officiellement que tu caches une renarde avec toi. Et la seule de cette chambrée que tu réveilles à chaque fois que tu pars fouiner dehors… à croire que tu adores l’entraîner dans tes mauvais plans, hein.

«Je suis habillée, je sors. Si tu veux venir, rendez-vous dans 5 minutes devant ok ? Et tu te penches un peu plus sur elle pour lui adresser un grand sourire. Fais froid la nuit hein. »

Et pas le temps d’attendre sa réponse, que tu finis par repousser la main de sa bouche en caressant d’un mouvement rapide ses cheveux, avant de reculer. Les ombres t’avalent et sans un bruit tu traverses le dortoir, jusqu’à finir par trouver la porte et sortir dehors tout aussi silencieusement. Ensuite ? Et bien, tu te mets à faire les cent pas en attendant ton amie qui, tu n’en doutes pas, ne va pas tarder à te rejoindre.

Le sommeil est dur à venir. Tellement de choses se déroulent dans ma tête. Je m’inquiète pour Malaury bien évidemment. Bien qu’une part de moi sait qu’elle peut compter sur Nine, je continuerais de le regarder avec méfiance pour encore un moment. Et puis, notre maison qui est tombé en ruine et notre père qui a disparu. C’est sûrement ça qui me travaille le plus. Le fait que dans le fond, je me moque bien de où il peut être. Cela ne fait pas de moi une personne horrible ? Je devrais m’inquiéter pour l’homme qui m’a élevé non ? Je devrais au moins chercher un minimum à comprendre, à savoir. Mais non, je n’y parviens pas. Pire je me dis que nous serons mieux sans lui toutes les deux. Après tout, Malaury ne se souviendra peut-être jamais de lui. Alors autant qu’elle ne le rencontre jamais. Nous pourrions nous construire de nouveaux souvenirs à deux. Sans l’ombre oppressante qu’il faisait peser sur nous.

Bref, je tourne et me retourne plusieurs fois avant de trouver le sommeil. Quand finalement le marchand de sable me trouve, c’est pour me donner des cauchemars. Mon père qui nous trouvait, Malaury et moi. Puis Dénèb qui surgissait de nulle part pour se mettre entre lui et nous. Finalement, quand Naolane vient me tirer du sommeil, je lui en suis reconnaissante. Même s’il me faut un temps pour comprendre que cette main sur ma bouche est amicale. « Psssst… Ehhh pssst Olympe ! Fire a disparu, je sors. Tu veux venir ? » Je la regarde les yeux écarquillés. La comprendre au travers de mon cerveau embrumé n’est pas facile non plus. Je finis quand même par comprendre que son renard n’est pas là et qu’elle m’invite donc à aller le chercher. « Je suis habillée, je sors. Si tu veux venir, rendez-vous dans 5 minutes devant ok ? Fais froid la nuit hein. » Le temps que je me redresse et repousse ma couverture, elle n’est déjà plus là.

Je me frotte les yeux, étouffe un baîllement et me lève. Je dors dans un vieux pantalon large et un T-shirt. Plusieurs filles dorment de toute petite tenue. Je suis trop pudique pour ça. Alors il me suffit d’enfiler mes chaussures et un gilet pour la rejoindre. Je la trouve à faire les 100 pas pour m’attendre. Cela m’arrache un sourire. J’aime passer du temps avec Nao. Elle est impulsive, ne suit pas les règles, ce qui fait qu’on ne s’ennuie jamais avec elle. Moi qui est grandit en écoutant un peu trop mon père, j’ai des choses à apprendre d’elle. Même si je suis plus âgée qu’elle… « Alors tu sais vers où ell a pu aller ? » Rien que le fait qu’elle ait un renard… Moi qui n’est même pas pu avoir un chat. « J’espère qu’elle est pas allé vers le refectoire. Tout à l’heure le cuisinier râlait parce qu’on lui avait voler une tourte aux légumes. »

Toujours la même chose, Nao. Quand tu sors en secret du dortoir, et que tu as du temps à partager avec quelqu’un, tu finis toujours par aller réveiller Olympe. Ce n’est pas très dur, tu me diras, puisqu’elle dort juste en dessous de toi, mais mine de rien la jeune femme à un sacré sommeil. C’est même arrivé que tu viennes te glisser dans son lit au cours d’un orage nocturne et qu’elle ne s’en rende compte que le lendemain matin…

Enfin bon, tu es sortie, tu fais même les cent pas comme si ça allait changer quoi que ce soit, et quand la jolie blonde pointer le bout de son nez, tu lui adresses un beau sourire pour l’accueillir et tu secoues la tête aussi sec à sa question.

« Pas si loin, j’imagine. Elle sait qu’elle ne doit pas trop s'éloigner du camp, mais je ne suis pas tranquille quand elle ne rentre pas le soir. Tu as un petit sourire désolé, comme pour excuser cette inquiétude pour un petit animal qui vous fait souvent tourner en bourrique. Quoi ?! Une tourte aux légumes… Oh la la la, si c’est elle, il ne faut pas qu’elle se fasse attraper ! »

C’est bien son genre, à Fire, d’aller chiper quelque chose à quelqu’un pour ensuite le dévorer dans un bosquet. Toi, ça te fait rire, mais tu sais que si le cuisiner la retrouve, il va vouloir surtout la faire rôtir au bout d’une broche par vengeance. Tout de suite c’est moins drôle hein ?

Sans attendre plus longtemps, tu te mets en mouvement. Ta main happe celle d’Olympe et tes doigts s’entremêlent aux siens parce que tu es comme ça, toi. Tactile, proche. Tu prends aux autres sans faire attention, avec ce sourire innocent sur les lèvres. Et te voilà à entrer ton amie vers le réfectoire en courant à moitié penchée dans le noir pour être moins visible, et quand tu arrives devant le bâtiment tu t’arrêtes.

« Haaan on va pouvoir s’entraîner à être des espionnes, tant mieux ! Tu sais crocheter une porte ou j’essaie ? L’autre n’a qu’à faire le guet, et puis on entrera toutes les deux pour enquêter sur ce vol ! Tes yeux luisent dans le noir comme deux petites flammes dansantes. Puis il nous faut un nom de code pour cette opération de sauvetage, comme ça, si on se fait attraper, les instructeurs ne pigeront pas ce qu’il en est ! Tu mords une de tes lèvres, les yeux vers les cieux, avant de proposer, tout à coup. Opération petit poucet ? J’te paris qu’on va trouver des miettes partout là-dedans ! »

Et bon, même si tu es inquiète pour l’animal, tu es toujours aussi légère et un rien devient amusant pour toi hein. C’est ça qui fait ton charme, au moins un peu, non ?

Mon amitié avec Nao était récente, pourtant, il était déjà importante pour moi. A croire que c’était ce qu’il me manquait. D’un autre côté, j’ai grandit en passant mon temps avec deux garçons. Et si j’adorais Dénèb et Nolan, il y avait des choses que je n’avais jamais pu leur dire. C’est qu’ils avaient du mal à comprendre quand j’avais mes menstruations par exemple. Ma rencontre avec Nao m’avait donc offert une amitié différente. Encore plus avec la disparition de Nolan… La petite rouquine m’offrait un peu de légérété. Cette aventure nocturne arrivait au bon moment. Encore plus efficace qu’un massage. « Pas si loin, j’imagine. Elle sait qu’elle ne doit pas trop s'éloigner du camp, mais je ne suis pas tranquille quand elle ne rentre pas le soir. » Ce n’était conventionnel de s’inquiéter pour une renarde mais je ne pouvais pas m’empêcher de la trouver touchante. « Quoi ?! Une tourte aux légumes… Oh la la la, si c’est elle, il ne faut pas qu’elle se fasse attraper ! » Son inquiétude est contagieuse, je ne peux me retenir de sourire de nouveau. D’autant que le cuisinier se plaignait régulièrement du manque de goût de sa cuisine faut de viande. Il serait trop heureux de mettre la main sur un renard. Il fallait vite qu’on le retrouve. Du coup, quand elle attrape mon bras, je lui emboite immédiatement le pas.


« Haaan on va pouvoir s’entraîner à être des espionnes, tant mieux ! Tu sais crocheter une porte ou j’essaie ? L’autre n’a qu’à faire le guet, et puis on entrera toutes les deux pour enquêter sur ce vol ! » Voilà, c’était pour ça que je ne pouvais pas m’ennuyer avec elle. Je prie une mine triste pour lui répondre. « Non, je ne sais pas crocheter de serrure. Par contre, je suis douée pour grimper aux fenêtre. Avec un peu de chance on en trouvera une d’ouverte. » Sinon, il restait la solution de défoncer la porte. Mais c’était une idée risquée. « Puis il nous faut un nom de code pour cette opération de sauvetage, comme ça, si on se fait attraper, les instructeurs ne pigeront pas ce qu’il en est ! Opération petit poucet ? J’te paris qu’on va trouver des miettes partout là-dedans ! » Un nom de code, très bonne idée. Et puis elle avait raison, même si Fire n’avait pas manger la tourte, il y aurait des miettes. Le cuisinier était pas le plus doué en ménage… « Et nous, on pourrait être Hansel et Gretel ! » Il me semble alors voir une ombre. Je tire rapidement sa main, celle que je tiens et la plaque contre un mur. « Je crois qu’il y a quelqu’un ! » Que je chuchote. Et en effet, quelqu’un passe, sifflotant. Je m’arrête de respirer pour faire moins de bruit. Mon dos semble se fondre dans le mur et je rentre mon ventre au maximum. Heureusement pour moi, il s’éloigne rapidement. Je ne suis définitivement pas une championne d’apnée. « On est bien comme espionne, non ?! »

Inquiète, tu l’es et tu le restes, petite flamme, mais tu es aussi beaucoup trop contente d’être hors de ton lit à cette heure ! Tu te secoues, tu forces, tu pousses et dès que cette histoire de tarte est lancée, tu te dépêches d'entraîner Olympe avec toi. Ce n’est qu’en commençant à inventer cette histoire d'espionne, de crochetage de porte et de nom de code que tu finis par te retrouver à piétiner en riant à moitié.

« Ohhh, tu es notre experte en infiltration alors ! Je te ferai la courte échelle si tu veux, parce que moi je suis trop petite, j’atteins jamais les fenêtres trop hautes. Par contre, je sais crocheter… enfin… je sais dans la théorie, mais il faut que je teste dans la pratique ! »

T’es tellement excitée, Nao, que tu pourrais brûler tous derrière toi, laisser une traînée de feu pour mener les gens directement à vous. À la place, tu viens près du bâtiment, tu commences à regarder autour de toi pour trouver une solution pour entrer et trouver la petite renarde qui n’en fait visiblement qu’à sa tête.

« Ohhhhh oui ! Je suis Hansel et toi Gretel d’accord ?! J’ai toujours rêvé d’être un garçon ! »

Et t’es sur le point de rire fort en prenant ta grosse voix grave qui ne ressemble à rien, mais elle te chuchote tout à coup qu’il lui semble entendre quelqu’un. Sans réfléchir, tu te plaques avec elle dans l’ombre du bâtiment et quand l’homme vous dépasse et disparaît, tu as les deux mains plaquées sur ta bouche pour te retenir de rire trop fort. Te voilà à hocher la tête plusieurs fois vivement à sa question et finalement tu te calmes.

« On est excellente, allez, trouvons une fenêtre ! »

Tu l’attrapes pas la main et tu l’entraines pour faire le tour du bâtiment. Quand tu finis par trouver une fameuse fenêtre entrouverte, sacrément trop haute pour toi, tu t’arrêtes devant, tu tends le doigt avant de te mettre en position pour lui faire la courte échelle.

« Je t’aide à grimper, mais il faudra que tu m’ouvres la porte d’entrée parce que jamais je n’arriverai à atteindre la fenêtre ! Tu te sens prête, Agent Gretel ? »

Et tu souris, avant de l’aider à grimper en faisant de ton mieux. Et ton coeur se met à battre la chamade parce que tu t’amuses, certes, mais tu ne veux pas qu’il arrive quoi que ce soit à ton amie.

Avec Nolan et Dénèb j'avais pris l'habitude de sortir en douce la nuit. Parfois j'avais même emporter Malaury avec moi. D'un autre côté, une fois notre père trop ivre pour bouger, ce n'était pas compliqué. Mais jamais cela avait été pour retrouver un renard. Souvent, c'était plus parce que Nolan voulait se venger d'un garçon qui lui avait fait un sale coup. Ou de l'un des amants de sa mère. Etant la plus menue des trois, j'avais donc appris à me faufiler aux fenêtres. C'est fou le nombres de personnes qui dorment la fenêtre ouverte. Je partage donc cette aptitude avec Nao. « Ohhh, tu es notre experte en infiltration alors ! Je te ferai la courte échelle si tu veux, parce que moi je suis trop petite, j’atteins jamais les fenêtres trop hautes. Par contre, je sais crocheter… enfin… je sais dans la théorie, mais il faut que je teste dans la pratique ! » Cela aurait été plus confortable qu'on puisse passer par la fenêtre en effet. « Faudra qu'on te fasse t'entraîner pour nos prochaines missions d'espionnes. » Parce que oui, je ne doutais pas qu'avec Naolane il y aurait d'autres. Sa renarde nous offrira toujours une excuse pour bouger en pleine nuit. 


« Ohhhhh oui ! Je suis Hansel et toi Gretel d’accord ?! J’ai toujours rêvé d’être un garçon ! » J'ai un large sourire. Les garçons avaient toujours trouver mes idées ridicules. Au moins avec Nao pas de ça. « Au boulot alors Hansel. » Et nous commençons à regarder autour du bâtiment à la recherche d'un fenêtre ouverte. Du moins jusqu'à ce que j'entends un bruit. Quelqu'un approche. Nous nous plaquons contre le mur, comme des espionnes, que je lui fait remarquer et laissons cet homme s'éloigner. « On est excellente, allez, trouvons une fenêtre ! » « On déchire grave en équipe ! » que je lui dis avec un grand sourire. 


Nous repartons donc à la recherche d'une fenêtre. Nous en trouvons finalement une et la rouquine ne tarde pas à me tendre ses deux mains jointes. « Je t’aide à grimper, mais il faudra que tu m’ouvres la porte d’entrée parce que jamais je n’arriverai à atteindre la fenêtre ! Tu te sens prête, Agent Gretel ? » Je secoue la tête de haut en bas. « Toujours agent Hansel. » Je pose alors mon pied sur ses mains et elle me soulève jusqu'à la fenêtre. Si avec les garçons je parvenaient à monter au fenêtre avec beaucoup d'effort, la c'est plus facile que dans mes souvenirs. Il faut croire que l'entraînement porte ses fruits. Je ne peine donc pas tant que ça à me hisser et à basculer mon corps entier dans le bâtiment. Par contre, mon cœur, lui, bat à tout rompre. 


Je parcoure alors le bâtiment plonge dans la penombre. Un endroit que je connais assez bien en plein jour mais qui semble si différent à cet instant précis. Je m'arrête à chaque porte que je croise, m'assurant qu'il n'y a personne. Ni humain. Ni renard. J'atteint l'entrée en prenant les plus grandes précautions. Coup de chance pour moi, la clef est sur la serrure. Mais cela signifie que quelqu'un est dans le bâtiment pour avoir fermer de l'intérieur. Moi qui me suis toujours demandé où dormait le cuisinier, j'avais peut être une réponse là. J'ouvre la porte et passe la tête à l'extérieur. « Agent Hansel, mission d'infiltration réussi avec succès ! » Je parle à voix basse mais non sans une certaine excitation. Je m'écarte pour la laisser passer. « On devrait se diriger vers la cuisine. S'il y a des indices ils seront là bas. » Continuais-je en chuchotant. 

C’est pour ça que tu adores Olympe, Nao ! Te voilà à l’entraîner dans tes folies sans qu’elle ne freine des quatre fers. Jude était comme ça aussi, et c’est toujours ce qui t’a rapproché des gens. Et là, quand tu parles de crochetage, de nom de code, elle te suit sans hésiter. Le truc, c’est que vous êtes dehors, vous devriez vous cacher et ne pas faire de bruit, parce que si un surveillant vous tombe dessus, vous êtes mortes. Mais toi, petite flamme, tu es si amusée, que tu ris comme une gamine, les deux mains plaquées sur tes lèvres pour éviter que le bruit ne s’entende.

« Ouiiii, on s’entraînera pour la prochaine fois ! On aura qu’à essayer de crocheter le garde-manger ! Bah oui, tiens, tant qu’à faire autant lier l’utile à l’agréable. Mais pour l’instant, grimpe Agent Gretel ! Tous nos espoirs de la chasse au renard reposent sur tes épaules ! »

Et te voilà à la soulever avec tes petites mains sous son pied pour la hisser jusqu’à la fenêtre. Et dès que ton amie passe dans le réfectoire, te voilà à sautiller comme une idiote (ou comme Firefly quand elle joue) puis à la suivre jusqu’à la porte alors que tes yeux se posent partout autour de toi. Vous êtes quand même bien partie, ce serait bête de se faire prendre maintenant la main dans le sac, non ?!

« Ouiiiiii ! Olympe vient de t’ouvrir la porte et tu profites qu’elle passe sa tête dehors pour poser un gros baiser sur son nez. Tu es la plus forte Agent Gretel ! On refera d’autres missions ensemble, parce que notre duo est trop fort ! »

Une vraie gamine, j’te jure. En tout cas, tu finis par passer par l'entrebâillement de la porte dès que ton amie s’écarte et tu hoches la tête aussi vite. Elle a raison, si indices il y a, ils seront dans la cuisine ! Alors te voilà à cligner plusieurs fois les yeux dans la pénombre de la pièce pour adapter ta vue, et puis tu te mets à marcher en tenant Olympe par la main (tu ne t’en es même pas rendu compte, dis donc), à travers les tables du réfectoire.

Ce n’est qu’en arrivant à la cuisine que tu la relâches pour pousser la porte qui n’est pas fermée, fort heureusement. Et ce que tu découvres te laisse sur les fesses. C’est un champ de bataille, là-dedans. Déjà, le ménage n’est pas fait et rien que ça, ça te tire une grimace écoeurée.

« C’était donc vrai que le cuistot, il prend les punis pour faire son ménage une fois tous les 36 du mois. Ieeerk ! Tu avances dans la pièce. Bon une tourte aux légumes volée et… Oh ! Regarde ! »

Te voilà à montrer un plat à tarte laissé par terre, et d’où il manque bien la moitié du repas. Le truc qui ne trompe pas, c’est qu’il y a des petites empreintes de coussinets partout autour sur le sol de la cuisine et tu viens frapper ton front avec le plat de ta main en soupirant.

« Elle est vraiment venue voler la tourte… cette renarde veut ma mort. En plus, on pourrait la suivre sans souci… Elle a dû entrer par la porte arrière et elle est ressortie par… tu suis les traces. Cette fenêtre ! »

Sauf que tu devrais probablement ressortir fissa pour chercher Fire, mais tes yeux tombent sur autre chose. Un placard tout exigu dont la porte est ouverte, près de la fenêtre, en hauteur. Tu pousses la porte et un cri t’échappe, alors que tes yeux se remplissent de larme. Dedans ? Un emplacement de carabine, mais pas d’arme. La seule explication que tu vois ? Le cuisinier est parti à la chasse au renard avec...