Histoire ▬ T'as pas eu une enfance facile ça non. Un père catholique et paranoïaque. Une mère puant constamment le cannabis et grande consommatrice de drogues. On aurait pu croire que ces deux là seraient jamais amenés à se croiser. On aurait pu croire que ton père, fervent chrétien récitant sa prière tous les soirs, l'aurait refoutue sur le droit chemin. Mais non. Ça a pas toujours était facile, surtout avec un papa bien croyant sur le cul pour te répéter que
« non l’amour c’est un homme et une femme » et dégainer la ceinture juste après pour te faire rentrer ça dans le crâne lorsqu'il a fini par remarquer que t'avais bien trop souvent les yeux posés sur les garçons.
†
Toi qui voulait un jour devenir quelqu'un de reconnu, quelqu'un de juste, t'as fini par sombrer dans ta folie. T'as fini par te rendre compte qu'en ce monde rien n'était parfait. Que le monde était pourri, rongé jusqu'à la moelle. Et que face à la violence, les beaux discours et les futiles paroles sont vains. Seule la violence résout la violence. C'est une chose que tu as appris, loin de la surface de ce beau monde, dans les bas fond de la ville. C'est une chose que tu as appris, déjà môme, face aux autres enfants de cette ville merdique et sale. Tu as dû jouer des poings, tu as dû apprendre à te battre pour bouffer à ta faim, pour te faire respecter, pour pas te faire marcher sur les pieds et te faire traîner dans la boue. Le couteau est devenu ton meilleur allié, si tu t'es d'abord entraîné sur des bestioles pour connaitre les points faibles et savoir où placer ta lame, bien vite tu t'es mise à la dégainer dès qu'on t'approchait d'un peu trop près à ton goût.
†
Y'a pas fallu longtemps pour qu'on remarque le petit bonhomme plein de hargne et de colère que tu étais. Tu t'es fait approcher par des grandes personnes qui t'ont fait miroiter monts et merveilles. Tu veux sortir? Aller à la surface? Tu pourras oui. Tu pourras, mais à condition que tu bûches petit. A condition que tu ramènes du flouze, de la pèze, des pièces sonnantes et trébuchantes, des bijoux. A condition que tu fasses quelques larcins pour des hommes peu recommandables, voir pour quelques soldats des Spéciales, puisque ce sont eux qui t'aideront à sortir un jour. Faut que tu bosses, faut que tu voles. Faut que tu gagnes ta croûte. Pourtant tu marches. Tu leurs dit que tu feras oui, parce que toi tu veux sortir, tu veux pas crever dans ces rues sales et puantes. Alors t'es prêt, prêt à faire ce tout ce qu'ils veulent pour connaître un jour le prix de la liberté.
†
Tu grandis. Si au départ tes crimes n'étaient que de menus larcins... Maintenant tu es en charge du sale boulot. Tu fais peur. Tu menaces. Tu tues aussi parfois. On t'a donné un surnom, on t'a donné une sorte de nom de code. On t'a dit que tu serais payé mieux. Et que si t'acceptais le sale boulot tu sortirais plus vite. Tu sais pas ce que veux dire plus vite. A déjà 14 ans tu sais que c'est l'âge à laquelle tu peux t'engager dans l'armée. Mais on te dit que t'as pas encre payé ton droit de passage.
« T'es qu'à la moitié de ta dette. » qu'on te crache au visage. Et si tu connaissais un peu mieux cette organisation, sans doute que tu leur crèverais les yeux. Sans doute que tu leur volerais dans les plumes, que tu les tuerais un à un afin de pouvoir sortir au plus vite. Mais t'es qu'un gringalet garçon, et tu sais qu'eux sont rodés. Alors ils faut que tu prennes ton mal en patience. Encore.
†
« Une dernière tâche. Une seule. » Que grognes le mec contre lequel tu tiens un couteau contre la gorge. Tu feules.
« T'as intérêt à pas me raconter de crack. » Tu vois Dante, t'arrives à un âge où il est maintenant difficile de te maîtriser. Depuis que t'as eu une poussée de croissance, depuis que t'as développé ta musculature. Depuis que tu es passé professionnel dans l'art de la dissimulation et du meurtre, il ne vaut mieux pas te compter en ennemi.
« Faut juste tuer pas mal de gens tu vois. Y'a trop de monde en bas. Faut faire le ménage un peu de temps en temps... » Tu finis par le repousser loin de toi.
« Des meurtres gratuits? » T'es un connard Eight. Te salir les mains ne te gêne pas en règle générale. T'en as du sang sur les mains d'ailleurs. beaucoup. mais tu vois, t'as toujours eu une bonne raison pour aller trucider quelqu'un. Un homme qui ne rembourse pas ses dettes, une femme qui en sait un peu trop... Ce genre de trucs quoi. Pour toi ce sont de bonnes raisons. Ces gens ont fait des erreurs. Ils le payent de leur vie.
« Ils ne devraient pas exister. C'est aussi simple que ça. » Et si tu mets quelques temps pour réfléchir, l'autre fini bien vite par te mettre le couteau sous la gorge.
« Si tu le fais tu es libre. Tu as ma promesse. »†
Il fait noir. Bien plus noir qu'à l'accoutumé. Tu glisses parmi les ombres, enveloppé d'une cape et entouré de trois autres hommes. Et tu les entends déjà, les cris de ceux que l'on égorge. Si tu es sans doute un peu toqué Dante, tu as toujours essayé de trouver une bonne raison à tes crimes. De te justifier. Tu n'es pas un méchant pour dire d'être un méchant. C'est la vie qui t'a forgée ainsi, du moins c'est que que tu penses. Et si ici la raison ne te plait pas - après tout tu aurais pu être toi aussi à l'époque sujet à cette hécatombe soudaine - tu ne penses qu'à ton objectif final. Celui de sortir hors de ces maudits souterrains. Alors tu prends la première maison tandis que les deux autres se chargent de la suivante. Tu égorges la mère sans plus de compassion, te disant que c'est en réduisant le nombre de femmes que mathématiquement... il y aura moins d'enfants à naître. Et du coup moins de raids comme celui ci. Du moins tu penses. Et tu ressors aussi vite que tu es entré avant de venir dans la seconde maison.
« Qu'est-ce que vous fichez? » Que tu grondes à voix basse en voyant les trois autres hommes en train de s'amuser, deux aux prises avec deux garçons, le dernier serré contre une jeune fille. Et t'entends la requête des mioches en même temps que tu vois les sourires des trois hommes. Tu le vois, dans leurs regards qu'ils sont prêts à tous les tuer sans état d'âme. Et toi tu ne peux pas les laisser en vie sans t'attirer les foudres du patron. Tu veux sortir. C'est ce que tu désires plus que tout.
« Bien. Elle aura la vie sauve. En échange de vos vies. » Et tu les laisses faire Dante, tu coules vers la troisième maison, ne te permettant pas de te laisser gagner par un quelconque état d'âme.
†
T'as fini par sortir. Enfin. 24 ans et enfin la lumière du jour. Tu n'as pas pris le temps de te poser plus de questions que ça. Tu t'es engagé dans l'armée. Tu as fait tes preuves. Tu as sué sang et sueur pour finir bien classé. Tu as mis toutes tes forces, toute ton âme pour arriver au bout de ce long parcours et enfin sortir hors de ces murs. Si l'exploration te permet d'être libre, il n'empêche que tu dois te soumettre à une autorité. Mais cette sensation grisante de pouvoir tuer, déchirer la chair de ces titans te ravi tant que tu as fini par t'y faire.