Ce Stellaa … Il t'avais fait perdre un temps précieux avec ses histoires. Trois jours enfermée, Saskya. Sérieusement, en trois jours, le type que tu cherchais, il avait largement eu le temps de changer de District. Si c'était le cas, s'il avait bel et bien décidé de te fuir, tu ne lui remettrais plus jamais la main dessus et si, c'est vrai, tu avais résolu de finalement le laisser venir à toi, tu n'avais pas la patience pour ça. Du coup, Saskya, oui. Un peu sur un coup de tête, parce que tu n'as pas pu cesser de te dire que ce sale type avait finalement quitté Karanes, tu es partie. Tu as quitté le District dans lequel tu vis, dans lequel tu travailles. Tu te fiches bien de tes responsabilités, tu mets ça de côté, et tant pis pour les conséquences, encore, bien résolue à lui la main dessus. Et tu n'as prévenu personne, tu n'as rien dit, parce que tu t'es mise en tête que tu devais faire ça seule, que c'était mieux comme ça, que plus vite tu aurais l'occasion de régler ça, plus vite tu pourrais potentiellement tout mettre de côté. C'est ta solution à toi, celle que tu as choisie, celle qui te paraît la moins risquée. Tu ne peux pas risquer de mêler Micah une nouvelle fois à tout ça, tu as besoin de te dire que tu le laisses respirer. Tu peux t'occuper des affaires de ton passé toute seule, c'est déjà bien trop compliqué pour toi à gérer … tu ne peux pas lui imposer de telles histoires. Si compliquées.

La route aura été longue. Pénible aussi. Il a plu, Saskya, si bien que lorsque tu descends de cheval à Trost, pour déposer Chef Al à l'écurie de la Garnison du coin, t'es pas trempée, mais quand même bien humide. Tu n'as pour autant pas le temps de t'en soucier, tu refuses de perdre plus de temps encore, le jour commence déjà à décliner et c'est sans attendre que tu te lances dans les rues du District pour te mettre à poser des questions, à droite, à gauche. Et tu sais quoi ? Miracle. Ici, tu as des réponses, tu as même des choses plutôt concluantes lorsque tu parles d'un homme, d'une capuche noir et de ses yeux bleus perçants. A entendre quelques habitants, il a été vu ici, dans les parages, plusieurs fois, et récemment de surcroît. Tu es très probablement à nouveau sur sa piste et ce qui fait que tu n'arrêtes pas. Tu pousses. Jusqu'à lui tomber dessus au beau milieu d'une rue désertée le temps de la nuit. Tu croises son regard, tu entends sa voix lorsqu'il te provoque à nouveau et que son sourire narquois brille dans l'ombre de sa capuche. C'est lui.

C'est sans réfléchir que tu te lances, que tu te jettes sur lui. Et cette fois, tu as l'occasion de le cogner. Dire que tu ne voulais que lui parler, à la base, te voilà en train de jouer des poings, et de prendre des coups, toi aussi. Cette fois, il est juste bien moins bavard, comme s'il avait compris qu'en parlant, il te donnait ce que tu voulais, il semble juste décidé à se débarrasser de toi, mais aussi à te faire mal au passage. Et ça dure, de longues minutes, cet échange de coups, jusqu'à ce qu'il parvienne à te soulever. « C'est quand même dommage, Saskya, de ne pas voir ce qui se trouve sous ton nez … ta mémoire te fait-elle à ce point défaut pour que tu ne sois plus capable de le reconnaître, même d'aussi près ? » Et sans que tu n’aie le temps de répondre, il te lance. Et toi, tu atterris à quelques mètres plus loin, dans un tas de caisses de bois. Lorsque tu relèves la tête … tu ne le vois plus, et tu peines à te redresser.

Je suis à Karanes pour le boulot, j’en suis pas spécialement ravis, mais bon, c’est pas comme si j’avais eut le choix, je devais délivrer des documents important et confidentiel, du coup je m’étais tapé le chemin sous la flotte et en plus j’avais eut du mal à trouver l’homme à qui je devais donner les papiers. Bref, j’étais pas de très bonne humeur, alors quand j’entendis le bruit d’une bagarre, honnêtement, un instant j’eus envie de faire demi-tour de ne pas me mêler d’une embrouille d’ivrogne, là je voulais juste rentrer chez moi et changer mes vêtements qui étaient encore humide. Seulement, je savais très bien que je ne le ferais pas, j’allais forcément m’en mêler. Alors je remontais la rue sur mes gardes, mais c’est alors qu’un homme qui ne me semble pas tellement inconnu me percute d’un grand coup d’épaule, je voudrais lui parler, l’arrêter, mais le faite de ne plus rien entendre dans la rue m’inquiète légèrement. Alors je le laisse filer au risque de le regretter plus tard. Je fonce dans la rue et je la vois allongé au sol, blessée qui fixe l’endroit d’où j’arrive.

Je m’approche en levant les mains pour lui montrer que je ne compte pas lui faire de mal, d’après son physique, elle ne semble pas être une civile lambda, alors je ne veux pas en plus prendre le risque de me prendre un coup au passage. Vous allez bien mademoiselle ? Son nez pisse le sang, alors je sors lentement le mouchoir propre que j’ai en permanence sur moi, même si je ne m’en sert jamais. Je m’agenouille devant elle et lui tend pour qu’elle puisse éponger le sang et arrêter l'hémorragie. Je pose la main sur son épaule comme pour la réconforter, je ne sais pas ce que cet homme voulait et même si je ne voulais pas m’impliquer, me voilà inquiet malgré moi. Laissez moi vous aider. Sans attendre je passe mes mains sous ses bras et l’aide à se relever et même si je la relâche assez rapidement, je reste tout prêt au cas où. Est ce que vous voulez que je vous emmène chez un médecin ?. Avant d’entrer dans le vif du sujet, je devais déjà m’assure que tout allait bien au niveau santé, ensuite je pourrais lui poser des questions et peut être l’aider avec son problème.

Il t’a encore échappé. Bon sang, Saskya ! Ça fait déjà deux fois que cet enfoiré te file entre les doigts et autant dire que ça commence à entamer ta patience, déjà largement limitée. Micah dirait surement que tu n’avais pas te lancer seule à sa poursuite, mais, c’est plus fort que toi. Tu te sens le besoin de t’occuper de tes propres affaires toute seule. Même si ça ne fonctionne clairement pas comme tu le voudrais, c’est un fait. D’ailleurs tu grimaces, parce que, ça fait mal bon sang. Tu as beau avoir l’habitude de prendre des coups – t’as pas eu la facile, non – c’est toujours pareil, à chaque fois qu’on te colle un coup dans le nez comme celui qu’il t’a mis, tu as l’impression d’être au beau milieu des étoiles. Et contrairement à ce qu’on pourrait s’imaginer avec cette image si poétique, non, c’est loin d’être agréable.

« Fait chier. » Que tu marmonnes alors que tu peines à reprendre tes esprits, encore plus à te redresser. C’est qu’il ne t’a pas loupée, encore, ce sale type prends visiblement beaucoup de plaisir à t’en mettre plein la tête, mais tu le jures, Saskya, la prochaine fois, tu risques de lui faire sa fête, rien que pour le plaisir de te lui rendre la monnaie de sa pièce. Tu n’en avais pas l’intention, mais là … Là, c’est plus que tu ne peux l’accepter.

Et tu te hisses sur tes bras, au moment où tu vois cette silhouette qui s’approche. L’espace d’un instant, tu te dis qu’il a fait la connerie de revenir pour en finir avec toi, et t’es presque satisfaite en te disant que ça te fait une occasion de plus de lui en coller une bonne. Mais non. Bien vite, tu comprends que ce n’est pas l’homme qui vient de te taper dessus, et tu souffles. « Ouais, ouais … » Que tu craches. Tu te retiens de lui balancer que t’en as vu d’autres, parce que, tu t’es plusieurs fois faite balancer dans les airs par des titans à l’extérieur, alors un type, ça passe. Et t’es drôlement docile pendant un moment Saskya, tu attrapes son mouchoir pour te coller sur le nez, tu n’as même pas lever la tête vers lui, mais tu ne fais pas un geste pour repousser sa main de ton épaule. T’es sonnée, ouais. Clairement. « Ça va, je suis entière. » Ouais, tu grognes, c’est là qu’on voit à quel point t’as sale caractère, à ronchonner de la sorte sur un gentil petit mec qui veut juste te filer un coup de main parce que, ouais, clairement, tu dois avoir salement pitoyable là, avec ton nez en sang. Du coup, en soupirant, tu le laisses t’aider à te remettre sur tes jambes, et alors que tu frottes ta veste quelques instant, tu finis enfin par lever la tête. « J’ai pas bes—.. » Et tu t’arrêtes, nette. Subitement, tu t’approches, tu viens quasiment coller ton nez contre le sien pour bien le regarder, ce sont ses yeux que tu fixes, c’est son regard que tu veux capter, capturer. Et tu sais quoi ? Il a l’un de ces regards que tu n’as jamais été capable d’oublier. Le regard de ceux que t’as laissé en arrière, et que t’as abandonné à leur sort. « Manquait plus qu’toi. » C’est quoi encore le délire, hein ? T’en chasses un, tu tombes sur l’autre, c’est quoi la suite, encore, tu vas assister à une pseudo réunion de famille à la con ? Nope. Tu refuses un cinéma pareil. « Le p’tit Zeus à la Garnison, ça par exemple. » Que tu lances finalement, en faisant craquer quelques-unes de tes vertèbres. « T’aurais pas vu ce crétin de Léo dans les parages, j’ai deux mots à lui dire. » Bah ouais, on sait jamais.

Je suis inquiet, même si elle a l’air d’encaisser, elle saigne du nez et clairement, elle semble pas au meilleur de sa forme. Pourtant, elle ne semble pas être une civile, elle doit faire partie de l’armée, mais après je suis jamais doué pour deviner à quel corps de l’armée les gens appartiennent, j’ai jamais su lire les gens, c’est surement le plus gros de mes problèmes d’ailleurs. Alors je lui donne un mouchoir, la laissant elle même éponger le sang, puis soudain, elle s’approche de moi, genre, vraiment vraiment très près, beaucoup trop près de moi et je sens mon coeur qui s'accélère, de peur qu’elle décide de se battre avec moi, qu’elle cherche à tenter autre chose… je ne sais pas trop, c’est soudain le bordel dans ma tête surtout quand elle décider de me regarder fixement sans rien dire. « Manquait plus qu’toi. » Euuuuuh…. ok alors elle semble me connaître, pourtant, une rousse comme ça… et ça y est ça s’éclaire à tout les étages, les gens pensent que parfois je suis un peu limité, non, c’est surtout que je tente d'oublier le passé, un passé où j’ai fais des choses horrible où je ne suis pas quelqu’un de bien. Je me recule alors de quelques pas. Saskya ! Voilà tout ce que je peux dire, alors que je me retrouve face à celle devant qui je devrais me mettre à genoux pour demander des excuses, mais j’en ai pas le temps, qu'elle reprend la parole. « Le p’tit Zeus à la Garnison, ça par exemple. » Je déteste me sentir comme ça, il y a 10 ans, je serais aller à la bagarre pour ça, j’aurais voulu montrer que j’étais le plus fort, le meilleur et le plus intéressant de tous. Maintenant je me fais tout petit, ma main frotte ma nuque pas à l’aise. Ouais… je … pensais être utile Ouep quand on connait l’ancien moi, cette phrase est clairement une blague, je le sais. « T’aurais pas vu ce crétin de Léo dans les parages, j’ai deux mots à lui dire. » Je fronce les sourcils, Léo, à l’époque, il aimait chuchoté à l’oreille des gens pour envenimer les situations, même si ça n’excuse pas ce que j’avais fait, il n’avait pas aider à apaiser les choses. Pas depuis… ce jour. Mais je me retourne subitement vers la sorties de la ruelle, là où j’avais croiser cet homme qui m’avait bousculé et je compris pourquoi j’avais eut l’impression de le connaître. je ne l’avais pas reconnu …. tu veux que je t’aide à le retrouver ?

Ouais. C’est ça, exactement ça. Il ne manquait plus que lui. Tu ne t’y attendais pas, c’est vrai, et même si tu as connu ce gamin – dans ta tête, ça reste un gamin, c’est fou à quel point certaines choses restent bloquées dans le passé – et bien, le fait est que tu n’as aucune espèce d’envie de fêter ces retrouvailles improvisées au milieu de la rue. Déjà parce que l’un des gamins en question vient de te mettre une bonne raclée, ensuite parce que, si tu les as laissés derrière toi, tous, c’est qu’il y avait des raisons. Tu es ce que tu es, Saskya, mais tu es loin d’être un monstre. C’était ça, ou prendre le risque que ta haine reprenne le dessus, et que tu te décides à les étrangler dans leur sommeil. Alors oui tu les as laissé se débrouiller seuls, mais visiblement, certains d’entre eux, au moins, ont su s’en tirer, au moins, ils sont encore en vie, ce que tu n’aurais pas pu garantir avec toi dans les parages.

Tu poses sur lui ce regard un peu étrange, quand il te parle d’utilité. Durant une seconde, tu te dis que ça ne lui ressemble pas, du moins, pas au gamin que t’as connu, ou alors as-tu vraiment tout oublier d’eux. Et puis, tu soupires. Il a dit ton prénom. Et ça par contre, ça n’a pas changé. Toujours la même intonation. « Je vois … vous n’êtes pas restés ensemble alors. » Tu ne sais pas si tu voulais savoir ça, mais maintenant que tu le sais, tu fais avec. Et quand il te propose un coup de main, tu grimaces. Tu fais quelques pas dans la ruelle, et puis, tu fais claquer ta langue dans ta bouche. Hors de question que tu laisses Zeus traîner dans tes pattes, hors de question que tu prennes le risque de laisser ce gamin s’approcher trop près de toi, à nouveau. « Oublie. Je peux me débrouiller toute seule, tu devrais le savoir. » Ouais. Parce que c’est ce que tu leurs as dit, ce jour-là, que tu t’en sortirais mieux toute seule, et qu’ils n’avaient qu’à faire sans toi. « Ne fait rien, il est dangereux, tu pourrais être blessé. » Toujours cet instinct de protection à la con. Tu soupires. Et puis tu te remets à marcher pour t’éloigner de lui. « C’est bien que tu sois vivant, Zeus. » Que tu lances, avant de disparaître dans la nuit.